12/02/2014
Suzanne m'emmène.
A la toute fin d’avril, je partirai pour une semaine à new-York, une destination que je n’avais encore jamais envisagée – je n’aurais pas pu, d’ailleurs, doté que j’étais du beau visa cubain sur mon passeport hélas abandonné ! – mais que je suis ravi de découvrir. Autant pour sa mythologie que pour marcher sur quelques traces, musicales ou littéraires. Sans m’inscrire nulle part : à consulter, aujourd’hui, les étals de ma librairie, je renonce définitivement à quelque catégorie que ce soit, au vu du travail que je suis en train de faire. Un beau signe du destin a voulu qu’au même moment, et de façon naturelle puisqu’elle est là-bas chez elle, je puisse aller écouter un récital de Madame Suzanne Vega, que je vénère absolument, et Dieu sait que c’est pas mon genre. Une belle coïncidence, comme je les aime, une façon élégante d’aller lui rendre visite chez elle quand la première fois que je l’ai vue, c’était en décembre 1987, à deux pas de là où j’habite maintenant.
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11/02/2014
Jakobson of a bitch.
La difficulté – et l’intérêt – de situer un roman dans une période marquée de l’Histoire, c’est de ne pas tomber dans le registre didactique, et restituer au lecteur une somme de ce qu’on vient d’apprendre, souvent. C’est l’appropriation-restitution qui importe, un va-et-vient entre la fonction référentielle d’un côté et, de l’autre, les expressive et poétique réunies. Dans un roman, on se prépare la chance de ne pas avoir à approfondir tel sujet, on peut se poser la question, au pire, des notes en bas de pages – lourdes – en fin de l’histoire ou la possibilité de l’absence de notes. Un rappel en remerciement, des sources données ici et là et hop ! l’obligation morale qu’a le lecteur, désormais, de choisir l’épistémologie plutôt que la paresse. Mais là, ça ne nous regarde plus : nous, on espère qu’il a aimé l’histoire, et que l’Histoire l’a intrigué.
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10/02/2014
Grroinnk!
J'ai le sens de la structure romanesque comme les chefs de clans corses celui de la démocratie: eux bourrent les urnes, moi je fais un plan très précis. Mais après, eux comme moi, on jette le tout à la mer et c'est le plus fort qui gagne.
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09/02/2014
Statistiques.
406 810 caractères, espaces compris, et, à raison de 3 pages par jour en moyenne, un peu plus de 94 jours pour écrire les 280 et quelques pages restantes. Soit un peu plus de 3 mois pour aller au bout de ce roman, si tant est que je tienne le rythme que je me suis imposé. Soit la possibilité de reprendre cet été la première partie, puis ainsi de suite, jusqu'à septembre-octobre, où je pourrai présenter un manuscrit quasi-définitif. Évidemment, l'écriture n'est pas aussi systématique et la mécanique, hélas, peut s'enrayer à tout moment, mais la nouvelle est là, qui justifie le ton monomaniaque de ce blog, en ce moment: j'ai écrit un peu plus de 40% de Aurélia Kreit.
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08/02/2014
Savoir.
On a dit de moi, un jour, que j’étais un auteur psychologique français et que c’était rare. J’ai pris le compliment comme tel, et depuis, je me dis qu’il est quasiment impossible pour moi de faire autre chose. J’ai essayé, pourtant, en m’inscrivant, plus encore que dan le contexte historique de Tébessa, dans une période de bouleversements identitaires, politiques et nationalistes, avec en plus de ça la question de la judéité, absolument passionnante. Eh bien tout me ramène aux interrogations de mes personnages, fussent-ils, comme ici, nombreux. Je leur ai collé un narrateur omniscient, qui passe de l’un à l’autre et dont le défaut est de trop souvent avertir le lecteur que tel ou tel sait, ou devine, ou subodore : des organisations d’auto-défense des Juifs de Vienne, des évolutions de l’autoémancipation, chez Pinsker,. Du coup, j’y vois une répétition du verbe savoir contre laquelle je dois lutter, quelques années, déjà, après qu’une rencontre fulgurante et destructrice avec une libraire de mes connaissances, m’a convaincu de me méfier des adverbes comme de la peste.
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07/02/2014
Varvara.
Je marche dans les rues de ma ville comme si j’allais la quitter. Dans le même temps, j’avance dans la rue avec les pensées de mes personnages en tête. là, Varvara, la femme d’Anton, traumatisée par ce qu’elle a vécu à Odessa, n’a pas dit un mot depuis trois ans. Aux autres. Parce qu’à moi, elle me parle, elle me raconte, je sais tout de ses pensées et je les retranscris, tant bien que mal, avec beaucoup d’abnégation. Les pages se noircissent, je commence à faire des projections : fin de la deuxième partie en avril, fin de la dernière en septembre. Viendra ensuite le temps des manuscrits retoqués, des parties à réécrire, des invraisemblances soulignées de rouge, des passages entiers qui disparaîtront, des barbarismes syntaxiques qu’on n’avait pas repérés à la 78ème lecture, pourtant, des découragements, des attentes et puis, après, peut-être, des joies. Et Varvara qui me parlera peut-être de nouveau, tout bas.
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06/02/2014
Nos lâchetés.
Mon plan était pourtant imparable : frapper de façon sonore et affirmée à la porte de l’étage d’en-dessous, lui dire avec fermeté que ce n’était plus possible, un bruit pareil, qu’on n’a pas idée de taper comme ça sur des murs, aussi tôt dans la journée, et puis la poussière, et puis cette musique de chantier que vous écoutez, là, c’est plus possible, Chérie FM toute la journée, non, mais, hein, déjà qu’avec le Bukowski d’en face, on n’est jamais sûr de dormir à 3h du matin, alors ! Et puis, là, en face de ce type avec une masse dans la main et un tatouage sur un biceps large comme mes cuisses, j’ai renoncé à lui dire que pour passer une journée entière d’écriture sur la méthode cathartique de Breuer, appliquée à ma petite héroïne de papier, il me fallait juste un peu de calme. Alors, j’ai relu mes notes prises au Fort st Jean, le 20 octobre 2006, quand Bernard Lahire, sociologue, présentant son travail sur « la condition des écrivains » et parlant de l’organisation des petits univers à l’intérieur d’un univers social, traitait de cette activité qui s’exerce singulièrement, dans l’espace domestique : un temps et un espace littéraire à aménager. J’habiterai dès que je le pourrai une toute petite maison avec la mer comme seule voisine.
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05/02/2014
Confusion mentale.
Aucune explication rationnelle au fait que mon cerveau ait assimilé les termes spéculoos et forceps, juste des conséquences désastreuses quand la serveuse me propose un tiramisu comme dessert.
16:42 Publié dans Blog | Lien permanent