20/02/2014
Frémiot/Chéreau
Pour les Lyonnais ou les pas-trop-loin, demain, c’est le vernissage de l’exposition « Les Intimités », de Jean Frémiot, l’homme à qui je dois – quand même – mes premières éditions et l’intention de « la Partie de cache-cache ». Mais surtout le photographe odieusement talentueux qui nous conduit, avec cette série-là, au cœur du clair-obscur, intégrant des quotidiens jusqu’à s’en faire oublier et les restituant avec ce sens aigu de la perspective et des seconds plans. On ne s’ennuie jamais quand on regarde du Frémiot, on s’ennuie encore moins quand il est là. Alors…
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19/02/2014
Comme quoi.
Je souris : un jour de découragement, il n’y a pas si longtemps, j’ai failli écrire, quasiment à main levée, l’histoire d’une jeune fille dénommée Aurélia Kreit, à qui il arrivait des problèmes de la vie contemporaine, des histoires d’amour compliquées, des déménagements, des soucis du quotidien, quoi… Elle serait allée quelques jours à Venise faire le point sur ses illusions perdues, aurait égaré son passeport à l’hôtel et aurait passé la nuit avec le réceptionniste qui le lui avait récupéré. Le lecteur se serait demandé quel était ce nom bizarre, j’aurais bien trouvé une explication. Une petite bluette de 150pages, un peu d’autiobiographie maquillée là-dedans et hop ! Et puis non. Ouf. Aurélia quittera bien Krementchouk en 1904, passera par Odessa puis Istanbul, demeurera longtemps à Vienne, partira pour Paris, puis pour Lyon. Là, elle est à Vienne, elle a six ans et son mutisme sélectif va déjà beaucoup mieux.
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18/02/2014
Fictiobsessionnel.
J’ai souvent dit qu’il fallait écrire les romans que nous devions écrire, mais il semblerait, à l’épreuve, que ça ne se passe pas comme ça : ce sont les romans qui se dessinent eux-mêmes, et « Aurélia Kreit », dans sa démesure, ne fait pas exception : les actions ne sont pas toutes celles initialement prévues, les déplacements non plus, des personnages, je l’ai dit, prennent une dimension qui n’était pas initialement celle qu’ils devaient avoir (c’était déjà le cas d’Emilie dans « la partie de cache-cache ») et les issues, même les issues, dépendent de leur humeur davantage que de celle du romancier. L’image de l’écrivain-démiurge est plus que jamais caduque, chez moi, du moins. Ce sont des choses à accepter : voyez, là, présentement, je suis dans une scène d’action digne des films d’espionnage, un attentat se trame, sur le parvis de l’Opéra de Vienne, en 1910, on y joue Der Schneemann - « le ballet en deux actes, Der Schneemann, de Erich Wolfgang Korngold, le gamin qui avait impressionné Gustav Mahler et qui livrait là sa première pièce publique » - et je ne sais pas, JE NE SAIS PAS, si mon personnage va aller au bout de son action ou s’il va faire volte-face. Vous comprendrez pourquoi, en ce moment, je ne lis aucun livre ni ne vais voir aucun film : toute ma capacité de fiction est accaparée.
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17/02/2014
Gemmélités.
La référence, filée, à Hugo - des bribes de "A Villequier" distillées ici et là - un lointain renvoi à Louise Michel, aussi, l'évocation de l'Exposition Internationale de Lyon, en 1914... Au fil et à mesure qu'il avance, "Aurélia Kreit" se reconnaît une filiation avec un roman qui n'est pas encore sorti mais que j'ai déjà lu: j'en ai reconnu des marques (coïncidences), j'en ai emprunté (clins d'œil). Ce ne sera pas la première, ni la dernière des correspondances, mais le droit d'ainesse vaudra citation. Tant mieux.
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16/02/2014
De la part de qui?
Sur ma vieille K7 audio d’Aurélia Kreit, le seul élément musical (officiel) que le groupe ait laissé, il y a un numéro de téléphone à contacter. Evidemment, comme ces choses-là datent de 1985 ou 6, 7 un numéro à 8 chiffres (je suis dans les statistiques en ce moment, ça obsède), mais le groupe étant lyonnais, et les quatre premiers étant identiques au numéro qu’avaient mes parents, du côté de Caluire, je ne prends pas beaucoup de risques en ajoutant un 04 à l’ensemble. Parce que dès que j’aurai trouvé la dernière phrase de ce roman, vers la fin juin si tout va bien, à la 540ème page, en espérant que ce ne soit pas au milieu de la nuit, je composerai ce numéro à l’aveugle, près de trente ans après et je dirai juste : « j’ai fini ».
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15/02/2014
Rien de 9.
Cet été, j’ai écrit 3X80 octosyllabes, au bord des falaises d’Etretat ; je conçois le roman que j’écris, là, en 3X180 pages : j’en ai écrit 180, puis 100 (j’attaque les 80). J’espère qu’on me versera, une fois dans ma vie, 3X1800€ de droits d’auteur, ça compensera les 3X18000 heures que j’y aurai passées.
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14/02/2014
Train d'enfer.
J’écrivais ce matin : Mes amis musiciens sont si talentueux et si beaux quand ils jouent qu'ils me forcent à être le meilleur écrivain possible. Que trois d’entre eux se retrouvent sur la même scène hier, que j’entende les attendus « Nous pourrons toujours courir » et « le Pêcheur de centimes », et un inespéré et fétiche « Thunder Road » joué pour moi, à l’occasion, a décuplé mes forces, une journée de travail plus loin : j’atteins les deux tiers de ma deuxième partie, des personnages secondaires prennent plus d’importance et de consistance qu’ils le devaient, offrent des ouvertures, des rebondissements. Je m’oblige à la symphonie, je le leur dois.
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13/02/2014
Animisme.
Si j’écris vite ce roman que j’ai longtemps mûri (Choplin a dit un jour dix mois trois pages, dix mois tout le reste, mon Dieu qu’il avait raison !) c’est aussi parce que mon ordinateur donne des signes de faiblesse et qu’il est très dur pour moi d’envisager de continuer sur du matériel autre qui n’aura rien fait pour.
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