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05/06/2012

Radio Autun.

Image 1.pngA Autun, au mois d'avril, j'ai été (entre autres) interviewé par Yannick Petit, pour sa belle émission "Wagon Livres". Il y a toujours quelques hésitations, des "euh" intempestifs et un trop-plein d'adverbes, mais ça permet au moins d'entendre parler du "Dom Juan", et à ma mère de se faire un "Best-Of".


podcast

16:58 Publié dans Blog | Lien permanent

04/06/2012

Mme Bovary à l'Arbresle.

marc-levy-33304.jpgCe n'est pas très charitable, j'avoue, mais pas plus que de me planter après deux fois deux heures de jérémiades et une histoire genre Mme Bovary à l'Arbresle, dont elle était convaincue, néanmoins, qu'elle intéresserait tout le monde. Je suis un peu en colère contre cette partie du genre humain qui pense pouvoir disposer des services de l'autre quand bon leur semble, et cesser toute collaboration pour des raisons absconses. Ce n'est pas une première pour moi, en cette année d'expérimentation: c'est la 2ème fois que ça se passe, si je ne compte pas les choix hasardeux faits par d'autres. Et ça me gave. Voici donc, en exclusivité mondiale, mon 2ème Marc Lévy, après l'essai que j'ai fait la dernière fois. J'y ai mis tout mon talent, et il en faut, pour raconter une telle ineptie. Vous comprendrez néanmoins que ça ne figure pas dans mon recueil de nouvelles à paraître.

Je ne savais même pas que ça pouvait exister, un tel bonheur. Ni même que j’aurais été capable de faire ce que j’avais fait pour être là à cet instant précis. Quand je suis rentrée sur la piste de danse avec Carole et Sylvie, dont nous venions de faire la connaissance, je m’étais déjà promis que cette semaine durerait toute une semaine et que j’en savourerais la moindre seconde. Impossible, du coup, d’aller dormir, même si nous avions passé la nuit dans l’avion et que le retard accumulé à l’aéroport et dans le transfert jusqu’à Hammamet nous avait laissé épuisées, dans l’hôtel  où enfin je réalisais mon rêve. Un rêve de voyage, d’exotisme, d’aventure, le contraire de la vie que j’avais laissée là-bas, en France, où m’attendaient déjà des êtres que j’avais pris pour ma famille depuis tellement d’années. Une famille, nous dit-on dès l’enfance, c’est un socle, quelque chose sur lequel on s’appuie et sur qui on peut compter, toujours. Je ne savais pas, en entrant sur la piste de danse, que la mienne me rejetterait parce que j’avais osé, à quarante ans passés, vouloir devenir celle que je pensais être, pas celle à laquelle on me limitait. On, un mari, des enfants, des amis. Un mari, pour l’état civil, oui : pas un amant, même pas un compagnon. Jamais de marques de tendresse, jamais d’attention : on ne garde pas une femme comme ça, mais je ne le savais pas. On ne me l’avait jamais appris. Des enfants, deux filles, deux merveilles, l’une le portrait de son père, l’autre le mien. Des filles, ma chair, dont je ne savais pas non plus qu’elles prendraient parti, et violemment, contre moi qui leur ai tout donné. Qui devrai attendre qu’elles soient femmes pour comprendre un minimum.

Ce lundi 8 novembre, je ne savais pas encore que j’allais renaître à moi-même en te voyant. Que ton badge blanc sur ta tenue noir ancrerait en mon être et en ma mémoire les deux syllabes de ton prénom. Tu es venu vers moi comme dans un rêve oriental, de ceux dont je pensais qu’ils ne m’étaient pas permis et tu m’as dit qu’une femme aussi belle que moi ne pouvait qu’être accompagnée. Les mots simples de la séduction, mais tu ne savais pas qu’à moi, c’était la première fois qu’on les disait. Et qu’ils ont fait du bien à mon âme autant qu’ils ont bouleversé mon corps. Dans la bijouterie où j’ai travaillé, l’autre Carole m’avait pourtant raconté les mots doux, les élans du corps qu’ils avaient maintenus malgré les années qui passaient. Je lui avais confié que je détestais être touchée - sans rien lui dire de ce que l’enfance m’avait réservé - que tout cela nous arrangeait, mon mari et moi, elle m’avait confié avec un air coquin que je n’avais sans doute pas le bon professeur pour cela… J’en étais à me demander si Dieu ne m’avait pas oubliée dans sa distribution des belles choses quand je t’ai aperçu et que tu es venu vers moi. Qu’avec une douce insistance tu as obtenu de moi ce que tu avais obtenu de mes amies, vers qui je t’ai d’abord envoyé : que tu me tiennes la taille, que tu me fasses tourner, que je ressente dans tous mes pores les vibrations de ta musique, celle de ta culture. Que je ressente ta force et ta douleur mêlés, celles que je retrouverai après, dans la chambre, quand tu m’as redonné vie en me faisant l’amour comme jamais on ne me l’avait fait. Je dansais, comme j’avais toujours aimé le faire, mais je n’étais plus seule. Dans ma vie d’avant toi, pour danser, il fallait que j’organise la sortie, que je rameute les amis du « couple » : on vantait mes qualités d’animatrice, mon énergie, mais on ne se doutait pas qu’à l’intérieur, je mourais, déjà, de cet empêchement, de ce manque d’amour. Qui fait que les vies, parfois, passent sans qu’on les vive. C’est tout cela qu’a fait remonter, en une seconde, ton badge blanc sur ta tunique noire d’animateur, mon amour. Tout cela qui a fait que quand Carole et Sylvie, exténuées, m’ont dit qu’elles allaient se coucher, la première, mon amie, la seule à savoir qui j’étais ailleurs, m’a dit que j’étais grande, que je savais ce que je faisais. Carole qui, en arrivant, m’a dit qu’elles allaient parcourir le pays plutôt que de rester dans des hammams qu’elles pourraient trouver en France. « Tu es grande, tu sais ce que tu fais », chez Carole, que j’admirais pour son indépendance, ça avait valeur d’accord. Ce fut le déclenchement. On s’est retrouvé seuls sur la piste, tes bras se sont serrés un peu plus, tu m’as enserrée, envoutée, je me sentais fondre comme jamais je ne l’avais fait. Quand tes lèvres se sont approchées des miennes, je n’entendais plus rien de ce que tu me disais. Je savais juste que c’était là, à cet instant précis, que ma vie allait prendre son envol, après s’être tellement manquée. Je n’avais plus d’autres repères que celui de tes mains qui me caressaient le dos. Il n’y avait plus rien, ailleurs qu’ici et maintenant : plus d’époux, plus d’enfants, plus cette ville médiocre qui ne me définissait pas. C’est toujours à l’aune de l’intensité qu’on mesure le temps qu’on a perdu. Sur cette piste, dans tes bras, je me suis jurée alors que plus rien de ce que j’avais envie de vivre ne m’échapperait. Qu’aucune mer, aucun continent ne m’empêcherait de te voir, de t’aimer et enfin, enfin, me sentir vivante. Absolument.

19:36 Publié dans Blog | Lien permanent

03/06/2012

Alternaquatique.

Image 5.pngBelle première édition des Alterna Livres, aujourd’hui, dans le beau village du Livre de Cuisery. Une édition malheureusement tombée à l’eau, au sens propre : des 1500 badauds traditionnellement attirés par le marché du livre dans les rues piétonnes de la ville, tous les premiers dimanches du mois, seule une petit dizaine a bravé les intempéries et retrouvé auteurs et éditeurs dans la salle des fêtes où ils avaient trouvé refuge. Je n’y serai venu que le dimanche après-midi sur les deux jours de l’édition, mais la qualité de l’accueil et de la programmation auront été plaisantes. J’ai participé à une table ronde animée par Jacques-François Piquet, qui regroupait trois auteurs et demi, et trois éditeurs. On y a parlé relation humaine, confiance, aventures partagées. J’étais heureux, quatre ans après le CIFA St Denis, d’être interrogé aux côtés de Claude Raisky et de l’entendre dire tout le bien qu’il pense de moi : rien de narcissique là-dedans, juste la satisfaction d’avoir répondu, à force de travail, à ses attentes d’éditeur exigeant. Etaient représentés avec nous les Editions du Mauconduit, via Laurence Santantonios et son auteure, Monique Gehler, pour « Un 27 janvier », un portrait de peintre via la blessure et l’indicible de la déportation de sa propre mère. Jean-Maurice de Montrémy est venu parler des Editions de l’Alma, qu’il co-dirige et de « Rester sage », le premier roman d’Arnaud Dudek : un roman déconstruit, qui déroute le lecteur via des énonciations qui divergent, abruptement. M. de Montrémy aura expliqué à quel point, quand on a, comme lui, connu tout le gratin littéraire, on ne cherche pas à monter un énième maison d’édition pour faire ce que les autres font déjà, mais qu’on essaie, pas à pas, de trouver une tonalité et des auteurs différents, nouveaux. Un peu plus simple quand on a, comme il semble les avoir, des réseaux de diffusion importants. Alors pourquoi trois et demi ? Parce que « les très célèbres éditions de nos tiroirs » étaient représentées aussi, avec David Rougerie, qui édite David Rougerie et qui lit David Rougerie. Une façon d’aborder l’auto-édition avec un peu de dérision, même si rien d’essentiel n’a été dit à ce propos, et surtout pas par lui.  Marc Roger, lecteur public, après nous avoir enchantés dans l’après-midi avec des lectures de Maïakovski – complétant la diffusion sur écran de cinéma de l’excellent « un siècle d’écrivains » qui lui était consacré – a fait passer chacun des trois romans présentés avec force. Un beau moment, toujours, pour un auteur, que d’entendre ses mots dits, et bien dits.

Voilà, Alterna Livres mérite d’être revu, l’année prochaine, sous des cieux plus cléments. Sans doute y présenterai-je mon recueil de nouvelles, puisque l’édition se précise. Peut-être y raconterai-je le énième rebondissement de Tébessa – l’épisode Bordas a beaucoup impressionné ! – via une belle invitation qui m’est parvenue hier, et dont je parlerai ici, bientôt. Une façon pour moi de me faire pardonner l’absence de note hier : j’étais pris dans d’autres énergies, anniversaires. Toujours question de mémoire, en fait.

22:10 Publié dans Blog | Lien permanent

01/06/2012

Confessions intimes.

porte_enfer_detail.jpgL’universalité ne se décréte pas, mais le fragment amoureux en donne un aperçu : on la retrouve dans les mots utilisés dans la poésie, le théâtre, la chanson… On croit avoir tout dit du discours amoureux, or,  phénomène étrange, deux personnes qui se rencontrent savent rarement quoi dire Si j’écris sur elles qui se promènent sur une place, je peux faire référence à une histoire déjà vécue, ou imaginée, dont je voudrais que les lignes et les actions s’écrivent. Si tant est qu’on puisse aborder quelqu’un dont on subodore qu’il pourrait tout bouleverser dans son existence. Quelqu’un de porteur de ce qu’on a déjà trouvé chez d’autres quand on a vécu, avec quelque chose d’indéfini qui pousse à croire de nouveau aux mythes fondateurs. On la devine proche, pourtant, la Porte des Enfers, la rechute de celui qui pensait s’en être extrait. Mais on fait comme si, une fois de plus, on omet le reste, les contraintes, la disponibilité, la réalité en somme. On peut croire qu’une histoire prend corps et fin parce qu’un regard s’est échangé, qu’une connivence s’est faite par un regard, un livre, la même perception d’un phénomène, souvent anodin. L’anodin conduit à l’essentiel, de toute manière, dans la mémoire comme dans la rencontre : c’est un détail qui fera que le regard se pose, que la somme des coïncidences  fasse sens. Les « Je me souviens » ne sont jamais loin, qu’on a reproduits quand on a voulu arrêter un instant,  dont on savait qu’il ne durerait pas et dont on voulait qu’il perdure : en isolant chacun des éléments inessentiels qui ont abrité un moment important et en essayant de les décrire avec le plus de précision possible, je peux redessiner le théâtre d’une émotion et lui redonner corps, indéfiniment. Ce peut être un panneau publicitaire à l’extérieur du bar, la couleur d’une chevelure, des couettes primesautières chez une femme de quarante ans ? N’importe quoi qui éveille les sens et ravive le « vivant passage », l’impression fugace de se sentir en vie. C’est parce qu’on a des vies trop moyennes qu’on écrit des livres, qu’on compose des chansons, qu’on surélève les impressions. Qu’on se met en danger, aussi, à s’exposer au regard de l’autre, à son jugement, la mauvaise perception qu’il pourrait avoir de soi. Mais sans ce risque, la vie, formule nietzschéenne, serait une erreur. Il y a une rémanence dans l’éternel retour du sentiment amoureux. Là comme ailleurs, c’est la seule et unique fois qui fait la différence, alors on plonge, on tombe, on a conscience qu’on ne refait pas sa vie mais qu’il nous reste à la continuer. Il est des amours qu’on a passées aux épreuves de la projection mentale : celles-ci ne nous déçoivent jamais puisqu’elles ont tiré leur genèse d’un réel jamais éprouvé. On peut les garder en référence. Parce que, la chanson le dit, vers la fin, ça ne prévient pas, ça arrive ; elle dit aussi que ça vient de loin, ce qui confirmerait que c’est un état que l’on a en nous, qui ne demande qu’à être libéré.

19:01 Publié dans Blog | Lien permanent