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01/06/2012

Confessions intimes.

porte_enfer_detail.jpgL’universalité ne se décréte pas, mais le fragment amoureux en donne un aperçu : on la retrouve dans les mots utilisés dans la poésie, le théâtre, la chanson… On croit avoir tout dit du discours amoureux, or,  phénomène étrange, deux personnes qui se rencontrent savent rarement quoi dire Si j’écris sur elles qui se promènent sur une place, je peux faire référence à une histoire déjà vécue, ou imaginée, dont je voudrais que les lignes et les actions s’écrivent. Si tant est qu’on puisse aborder quelqu’un dont on subodore qu’il pourrait tout bouleverser dans son existence. Quelqu’un de porteur de ce qu’on a déjà trouvé chez d’autres quand on a vécu, avec quelque chose d’indéfini qui pousse à croire de nouveau aux mythes fondateurs. On la devine proche, pourtant, la Porte des Enfers, la rechute de celui qui pensait s’en être extrait. Mais on fait comme si, une fois de plus, on omet le reste, les contraintes, la disponibilité, la réalité en somme. On peut croire qu’une histoire prend corps et fin parce qu’un regard s’est échangé, qu’une connivence s’est faite par un regard, un livre, la même perception d’un phénomène, souvent anodin. L’anodin conduit à l’essentiel, de toute manière, dans la mémoire comme dans la rencontre : c’est un détail qui fera que le regard se pose, que la somme des coïncidences  fasse sens. Les « Je me souviens » ne sont jamais loin, qu’on a reproduits quand on a voulu arrêter un instant,  dont on savait qu’il ne durerait pas et dont on voulait qu’il perdure : en isolant chacun des éléments inessentiels qui ont abrité un moment important et en essayant de les décrire avec le plus de précision possible, je peux redessiner le théâtre d’une émotion et lui redonner corps, indéfiniment. Ce peut être un panneau publicitaire à l’extérieur du bar, la couleur d’une chevelure, des couettes primesautières chez une femme de quarante ans ? N’importe quoi qui éveille les sens et ravive le « vivant passage », l’impression fugace de se sentir en vie. C’est parce qu’on a des vies trop moyennes qu’on écrit des livres, qu’on compose des chansons, qu’on surélève les impressions. Qu’on se met en danger, aussi, à s’exposer au regard de l’autre, à son jugement, la mauvaise perception qu’il pourrait avoir de soi. Mais sans ce risque, la vie, formule nietzschéenne, serait une erreur. Il y a une rémanence dans l’éternel retour du sentiment amoureux. Là comme ailleurs, c’est la seule et unique fois qui fait la différence, alors on plonge, on tombe, on a conscience qu’on ne refait pas sa vie mais qu’il nous reste à la continuer. Il est des amours qu’on a passées aux épreuves de la projection mentale : celles-ci ne nous déçoivent jamais puisqu’elles ont tiré leur genèse d’un réel jamais éprouvé. On peut les garder en référence. Parce que, la chanson le dit, vers la fin, ça ne prévient pas, ça arrive ; elle dit aussi que ça vient de loin, ce qui confirmerait que c’est un état que l’on a en nous, qui ne demande qu’à être libéré.

19:01 Publié dans Blog | Lien permanent

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