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11/10/2011

Le chat en faïence de Maman.

Image 10.pngTous les matins, on m’inflige la même publicité radiophonique censée faire le pont entre la chronique musicale que j’attends et le journal de 7h30. Ce matin, pourtant, je me suis juré que pour la première fois, j’en parlerai : un couple constate le cambriolage de leur appartement, lui geint sur la disparition du « chat en faïence de maman » alors qu’elle, pragmatique, considère que la perte du plasma est nettement plus importante. Ensuite, une voix virile nous conseille, pour que le monde bouge, des assurances à toute épreuve, qui permettront de remplacer le plasma. Pour « le chat en faïence de Maman » (comique de répétition, l’homme accentue le Mô-man et laisse traîner la complainte), évidemment, il n’y a rien à faire mais, Deus ex Machina, la femme laisse tomber qu’il était moche, sous-entendant, dans un aveu freudien, qu’il serait temps que l’Œdipe soit vécu. Voilà, voilà. Sauf que moi, non, ça ne me va pas. Les seuls biens inestimables que je possède sont deux recueils d’articles de Paul Nizan que ma sœur m’a achetés un jour pour 5 francs pièce, et, achat plus récent, une reproduction de « la Valse » de Camille Claudel, achetée aux enchères et en toute illégalité 90€.  90X6,55957 = 590, 3613. Plus 10 balles, ça met ma vie à 600 francs. Honnêtement, je pensais valoir plus. Et ce n'est pas comme ça que je vais intéresser le CIC. J’ai pourtant envie, moi aussi, que le monde bouge.

19:02 Publié dans Blog | Lien permanent

10/10/2011

Cacharvassieux.

Image 8.pngCela fait plus de deux ans, maintenant, que Christian Chavassieux et moi entretenons une relation d'amitié et d'intérêt pour le travail de l'autre. A l'occasion de la sortie du "Poignet d'Alain Larrouquis", il m'a, après lecture, envoyé une série de questions dont l'intelligence fait la valeur de l'entretien. Encore une fois, comme avec Philippe Giraud la dernière fois, c'est un peu dommage que ça se fasse seulement entre nous, mais c'est ainsi. Je vous la retranscris ici, mais pour ceux de chez moi qui n'ont pas encore pris l'habitude quotidienne de passer chez lui, c'est la note d'aujourd'hui sur kronix :

 

Plutôt que de faire une critique littéraire de plus (et de peu de valeur, car j'ai peu de compétences dans le domaine), Kronix a proposé à Laurent Cachard de répondre à quelques questions à propos de son dernier ouvrage : « Le Poignet d'Alain Larrouquis ». 
C'est le troisième roman de cet auteur révélé par la sélection Lettres-frontière en 2009, après « Tébessa, 1956 » et « La partie de cache-cache » et selon moi, le plus ambitieux, le plus riche. J'ai voulu le faire parler ici de choses qui hantent son travail depuis le début : Paul Nizan, les étranges relations des hommes et des femmes, la grande Histoire au-dessus des histoires de l'intime et bien sûr, l'écriture. 

Un bref rappel : « le Poignet d'Alain Larrouquis » raconte le cheminement d'un journaliste, Paul Herfray, qui « jouait pas mal au basket » dans sa jeunesse, et qui prend pour lui le tir raté du basketteur professionnel Alain Larrouquis. L'image du duel qui a initié ce désastre existentiel, figée encadrée dans sa chambre, revient dans ses souvenirs avec autorité pour lui rappeler que femmes, amitié ou métier, tous les choix de la vie sont suspendus, tout le temps. La vie n'est qu'une incessante suite d'hésitations. Les décisions en sont-elles vraiment ? Il n'y a bien que la grâce, dans l'amour, l'écriture ou le geste du sportif, qui fasse le tri. Pour le reste, croire qu'on a le contrôle est un leurre. On ne choisit pas le ballon qu'on vous passe, on détermine à peine ce qu'on doit en faire ; il n'y a que le ballon arrivé dans le panier qui confirme que vous avez fait le bon choix. A condition de ne pas tirer contre son propre camp.

 

Interview, donc :

Kronix : Dans tous tes romans (l'exception de « la partie de cache-cache » est un leurre, puisqu'initialement l'histoire du pays y était développée je crois, avant que tu fasses le choix de resserrer l'intrigue sur les enfants), il y a un rapport à l'Histoire (et à l'effort documentaire qui en est le corolaire) et je sais que tes projets vont amplifier ce phénomène. Après tout, Paul Herfray aurait pu se contenter, au col de Somosierra, de « déterrer » à sa manière le manuscrit de Paul Nizan, mais il se confronte d'abord à l'histoire des nations. J'y vois une manière de ne pas laisser tes personnages dans un présent où manquent les repères, de les arrimer à une genèse. Sans l'Histoire, ils seraient plus perdus qu'ils ne le sont.

Laurent Cachard : C’est vrai. Peut-être parce que la question de la pertinence d’un livre s’est très vite posée à moi, même si je dois concéder quelques manuscrits inutiles qui m’ont pourtant aidé à savoir ce qu’il ne fallait surtout pas faire. Quand je m’attaque (le mot est juste, quand il s’agit d’un pan de l’Histoire) à ce qui deviendra « Tébessa, 1956 », je sais que je dois faire preuve d’une rigueur morale et documentaire que je ne m’étais encore jamais fixée. C’est une façon, aussi, de libérer le lecteur du simple intérêt (ou pas) de la petite histoire puisqu’il peut l’inscrire dans la Grande. J’imagine que ça détermine les personnages… Quant à Paul Herfray, il n’aurait pas pu déterrer, même métaphoriquement, « la soirée de Somosierra », justement à cause du postulat éthique : puisqu’il n’a jamais été retrouvé, il ne doit pas l’être. C’est un impératif catégorique. Ce qui ne m’a pas empêché d’en écrire une, de « soirée à Somosierra ». Mais elle fait partie de ces manuscrits inutiles dont je parlais. Auxquels on s’attache mais qu’on ne livre pas à la lecture.

Kronix : Sur les conseils de Margot, Paul écrit un livre. Elle sait peut-être une chose : les écrivains ont ce pouvoir -et peut-être est-ce là leur seule force ou leur unique fonction- celle de faire du deuil (des êtres et des illusions) de la littérature. Est-ce que la vie n'est utile, pour un écrivain, que pour servir à produire de la littérature ?

Laurent Cachard : C’est une vraie question problématique : elle appelle davantage de questionnement qu’elle apportera de réponses… Je dirais comme ça que je ne sais pas plus ce que c’est qu’un écrivain que ce que c’est que la vie : ce sont deux trucs qui me sont un peu tombés dessus, à vrai dire. Paul écrit un livre par accident, au sens phénoménologique : il ne l’aurait pas fait s’il ne s’était pas passé cet enchaînement de circonstances. Il n’éprouve pas la nécessité que j’éprouve moi de le faire. Quant aux deuils auxquels la vie nous confronte, aux renoncements, je dois prendre ma revanche sur eux en suspendant le temps, en conscience, le temps d’un livre. Je sais qu’il va gagner, au final, mais c’est ma revanche, oui. Une vanité parmi d’autres, mais qui ne manque pas de panache. 

Kronix : Je note le surgissement de l'érotisme dans "le Poignet...". D'ailleurs, je trouve ton héros, Paul, singulièrement vivant quand il raconte la chair. Le reste de sa vie, les échecs (qui ne sont pas si patents à mon sens) ou les réussites me le font paraître autrement dans une sorte d'engourdissement, de cocon. 

Laurent Cachard : Ça a été un vrai point d’achoppement avec mon éditeur. Dans sa première version manuscrite, écrite – il faut le savoir – alors que j’avais arrêté, irrévocablement, l’écriture de « la partie de cache-cache », les scènes érotiques avaient marqué les premiers lecteurs, dont un m’avait dit, à l’époque, qu’elles étaient encore trop cérébrales. Je les ai donc densifiées : après tout, je lis des scènes de ce genre un peu partout, et le PAL était prévu, initialement, pour que j’écrive autrement que comme j’avais déjà écrit. A la relecture de travail, l’éditeur m’a demandé de les « euphémiser » - c’était son mot. Mais il fallait bien que le lecteur sache quelle bête de sexe était Solène, et quelle amoureuse était Margot, qu’il les distingue. On a retravaillé, jusqu’à l’équilibre. Pour ce qui est de Paul, cet engourdissement, le mot est juste, cette espèce d’abandon de soi, de nausée, vient de ce qu’il pense être une damnation. Le fil rouge de mes romans. Est-il un raté ? Pas tant que ça, effectivement. Il est comme Larrouquis, en fait, puisque c’est l’idée : un perdant magnifique qu’on destine à l’oubli. 

Kronix : Que penses-tu de Paul, en tant qu'homme ? Moi, je le vois se complaire dans un échec tout relatif, chercher des réponses auprès d'un psy fuyant, se laisser aller au désir d'une Solène et laisser à une autre, Margot, la démarche de l'édition et même la décision d'écrire. Est-ce que tu me comprends si je te dis qu'il m'agace ?

Laurent cachard : La complaisance est un mot fort, auquel j’ai été confronté dans ma vie d’homme et que j’ai souvent récusé. Comme je suis pugnace, j’ai montré que l’état que je voulais restituer est un état au-delà de la complaisance, là où on n’aurait pas idée d’aller reprocher à Baudelaire d’avoir écrit « le Voyage ». C’est immodeste mais c’est l’idée. Même récemment, quelqu’un m’a écrit que les écrits sur mon blog la troublaient jusqu’à ce qu’elle en saisisse la clé, enfin une des clés. Que Paul t’agace, oui, je le comprends : de bonnes âmes diront qu’il tergiverse et qu’il s’écoute parler. Mais ces bonnes âmes ne sont pas toujours, et même rarement, à la hauteur des engagements qu’elles prennent. Comme le psy, à qui j’ai donné le nom du cinéaste qui a le mieux, pour moi, restitué l’univers de la bourgeoisie, Michel Deville. Dans les adaptations des romans de Belletto, notamment. Pour moi, Paul est au-delà, encore une fois. Sauf que c’est Margot qui lui permet de se sortir de sa condition. Il lui fallait un tuteur pour la vraie vie, après avoir soumis la sienne, très jeune, au tir et à l’image de Larrouquis. Et pour arriver jusqu’à Margot, il lui fallait passer par Solène, au risque de perdre Margot : de l’initiation simple. Bon, pour continuer dans le ciné, Melvil Poupaud qui joue au volley-ball en se tenant le menton dans « Conte d’été », ça doit t’agacer aussi. Autant que Jean-Pierre Léaud*** ?

Kronix : C'est l'indécision (au basket ou dans les choix intimes) qui prépare les défaites ?

Laurent Cachard : Je suis à la fois l’acteur de ma vie et son spectateur, parfois effaré. Les défaites, j’en ai connu, j’en vois d’autres arriver : dans l’édition, la reconnaissance de mon travail. Pourtant, je ne pense pas être indécis, en tout cas, je le suis beaucoup moins qu’avant. Mais j’ai le travers des vrais sceptiques : toute direction pour moi se prend dans la conscience de son contraire, c’est pour ça que j’avance lentement. Au basket-ball, les grands joueurs ne doutent jamais, c’est un cliché qu’on entend tout le temps. Le sport collectif est un bon miroir de la place qu’on aura dans une société, « le fils du père » dans le roman en est un meilleur exemple encore que Paul. Je sais juste qu’au basket comme dans ma vie, si j’ai réussi quelque chose, c’est sur un plan esthétique, encore une fois. Et à mon âge, on commence à se dire que c’est déjà pas mal.

Kronix : Est-ce que tu as renoncé, un jour, à écrire « Les Amours de septembre » ? Et cette frustration n'est-elle pas la source de tes récits (mon côté romantique) ?

Laurent Cachard : J’adore ouvrir ce roman et voir que j’y ai accolé pour ma propre éternité le nom de Paul Nizan et de cette partie disparue de son œuvre. Je suis un post-romantique dépité, selon mon éditeur, qui a pourtant édité « Ouessant », mon poème en huit tableaux. Septembre est un bon mois pour les amours d’auteur, par ailleurs, nous à qui la plage convient peu, il faut le dire. J’ai bien peur que la vie me réserve bien plus de frustrations à l’avenir que je n’en ai connu jusque là. J’ai vécu, j’ai aimé, en être si imparfait et si affreux. J’ai des facilités dans certains domaines qui m’ont fait briller un peu, jusqu’à ce que je me rende compte, heureusement, qu’il fallait que je les fuisse. Alors oui, dans le PAL, (abréviatioj pratique de "Le Poignet d'Alain Larrouquis" -note de Kronix) il y a des histoires que j’aurais voulu vivre dans la vraie vie, mais j’ai appris, par terreur autofictionnelle, à distinguer les deux, ou à en jouer sur le mode de la fausse piste. Je n’écrirai jamais les amours de septembre nizaniennes, j’ai déjà dit que je ne m’en sentais pas le droit. Mais je ne renonce pas à vivre les miennes : après tout, septembre, c’est le début de l’automne, c’est à peu près là où j’en suis dans ma vie. Quand j’aurai fini « Aurélia* » et que ma « Camille** » sera éditée, je pourrai affronter mon hiver. Un peu moins frustré, alors ?

* « Aurelia Kreit », histoire de l’exil d’une famille ukrainienne en 1905, sa traversée de l’Europe en ébullition.
** « Valse-Claudel », une nouvelle doublée d’un morceau éléctro-poétique.

*** Laurent fait ici référence à mon agacement viscéral pour Jean-Pierre Léaud, qui a inspiré ce billet, ainsi que son commentaire, à lire.

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09/10/2011

Depardieu est amour.

Image 6.pngOn a tout dit sur Gérard Depardieu. Ses frasques récentes, ses provocations anti-fonctionnaires ou manifestants, ses ivresses répétées. Mais en dix petites minutes de rétrospective cet après-midi pour la Cérémonie de clôture de Lumière 2011, l’essentiel est enfin ramené à la surface : son jeu d’acteur époustouflant, sa carrière qui comporte des films qui ont fait notre vie et l’histoire du cinéma. Tout cela défile, je me dis que ce n’est pas possible d’avoir compté autant. Depardieu se mesure à l’aune de ses partenaires, masculins ou féminins. Les images passent, on se remémore forcément ces films qui ont fait un pan de notre vie, des « Valseuses » (frémissement dans la salle, réplique assurée par le public) à Martin Guerre, Danton, Rodin, Fort Saganne, le dernier métro. Avec Pialat dans « Sous le soleil de Satan », un de mes premiers vrais chocs cinéphiliques, sans compter la sortie du réalisateur à Cannes, un credo (sans jeu de mots) : « Je sais que vous ne m’aimez pas, mais laissez-moi vous dire que je ne vous aime pas non plus ». Depardieu présente son Cyrano, n’oublie pas Weber qui est passé du rôle-phare au Duc de Guiche avec délectation. Il dit quelques vers, on sait que dans le milieu, il est devenu célèbre pour ses oreillettes au théâtre alors qu’il peut encore, vingt ans après, sortir les tirades du Gascon. Il dit que même si Cyrano parle d’un amour impossible, il parle d’amour quand même et qu’il faut l’écouter, encore. Sur moi, ça marche : j’ai retenu des larmes au cinéma tout cette semaine, entre Zulawski et Rappeneau. J’aurais voulu dire à Anne Brochet qu’elle ne m’a jamais quitté depuis toute ces années, même s’il est difficile pour un acteur d’être plus que ce qu’ils ont été, quand ils ont été. Les mots de Cyrano, je me les murmurais pour moi dans l’intimité d’une salle de 5000 personnes et rien que ça, qui impressionne les comédiens les plus aguerris, c’est une expérience. La dernière scène m’émeut au plus haut point, toujours, entre le « Non, non, mon cher amour, je ne vous aimais pas » et ça:

Ah ! je vous reconnais, tous mes vieux ennemis !

Le Mensonge ?

 (Il frappe de son épée le vide.)

Tiens, tiens ! – Ha ! ha ! les Compromis,

Les Préjugés, les Lâchetés !…

 (Il frappe.)

Que je pactise ?

Jamais, jamais ! – Ah ! te voilà, toi, la Sottise !

– Je sais bien qu’à la fin vous me mettrez à bas ;

N’importe : je me bats ! je me bats ! je me bats !

La question se pose, elle s’est posée, déjà, quand j’ai vu arriver sur l’écran, décontracté, Hippolyte Girardot, l’homme d’un seul très grand rôle : le savent-ils, ces gens-là, qu’ils entrent dans l’histoire quand ils tournent, y a-t-il un parfum spécial qui rôde sur une scène ? Je n’ai pas envie de le savoir. 

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08/10/2011

Star-TREQ

Image 7.pngCécile Massarotti, de la Bibliothèque de Marignier, m’avait déjà parlé de ça et je viens d’être contacté par Véronique Salaman, une des organisatrices du TREQ littéraire, « trois romans en questions » : un QCM de 30 questions (10 par livre) pour départager 6 équipes, des demi-finales et une finale avec des questions directes, boîtiers électroniques à l’appui mais sans Julien Lepers. Des auteurs qui viennent  soutenir les équipes en finale. Des questions qui peuvent porter sur le moindre détail, la couleur du poignet blanc d’Alain Larrouquis, par exemple, le point culminant du Col de Somosierra. J’avais trouvé l’idée fascinante et voilà qu’on me demande d’y participer, à Annecy, au tout début de l’été prochain. Des rencontres entre les trois auteurs et le public, le jeu l’après-midi, le buffet littéraire pour clore le tout. Mes beaux musiciens avec moi, peut-être, pour offrir un moment de chansons-livres ? L’année dernière, ce sont Pierre Péju, Fred Paronuzzi et Caroline de Mulder qui s’y étaient collés. Je ne sais pas encore quels seront mes petits camarades, mais j’attends ça avec bienveillance, puisque l’impatience n’est pas de mise sur une perspective aussi lointaine. Le lac d’Annecy, les ruelles de la vieille ville, j’y retournerai avec plaisir, fermer encore quelques portes. Voilà un parfum de « Lettres-Frontière » qui revient s’immiscer, c’est bien. 

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07/10/2011

La première critique.

Image 5.pngDéjà une semaine, demain, que le livre est sorti. Les impatiences d'écrivain sont grandes et peu enclines à la procrastination. Je viens de répondre à une interview écrite assez poussée dont vous entendrez parler vite et suis programmé pour un "Labo" de 4X7mn, le temps de dire un certain nombre de choses, quand même. J'ai déjà quelques retours épars, j'espère évidemment l'article autorisé qui fera basculer les choses, sans l'attendre.

Dans l'univers du Net, des lecteurs s'adonnent aux billets critiques, pour retenir une émotion, souvent. J'ai croisé au Salon du Livre de Paris, en février, des lectrices qui s'envoient des livres et s'obligent à les chroniquer: de fil en aiguille, l'une d'entre elles m'a invité, j'irai rencontrer son groupe d'ici un mois. Là, c'est un ou une dénommé(e) LZ qui a dégainé le ou la première. Au vu de ce qu'il ou elle en écrit, il ou elle s'est habitué(e) à mes écrits. C'est là que je me dis que je commence à prendre de la place sur les étagères... Il va falloir, comme Jean-Paul Dubois, que je mesure combien de centimètres de livre j'ai écrits. Au cas où l'infiniment petit m'ait échappé l'espace d'une seconde.

 

NB: belle rencontre, en quelques jours, avec Gaële Beaussier, animatrice-productrice sur "Lyon 1ère", qui m'a présenté à sa bande de la formidable "radio quenelle", à qui j'ai proposé un feuilleton hebdomadaire. Peut-être le "Dom Juan", si l'on trouve des acteurs passionnés (et inconscients). "Le Dîner", autrement. Ou un work-in-progress si c'est moi qui tombe dans l'inconscience.

 

 

 

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06/10/2011

Qu'est-ce que je vais faire de ta vie, Marius Beyle?

Image 4.pngMon ami l'Inoxydable m'a confié aujourd'hui l'X-File Marius Beyle, du nom de cette personne à qui il a redonné vie l'année dernière dans l'album de son groupe, Deuce. L'expérience l'ayant marqué, il récidive en 2012 avec un album qu'il va lui consacrer. L'idée a cheminé d'associer à la musique une nouvelle qui restituerait une partie de ce que cet homme a été. La chanson que Stéphane Pétrier a écrite pour le groupe, "la débandade", m'avait déjà donné à penser : quitte à écrire à la première personne sur un homme pris sous le feu de la 1ère guerre mondiale, autant aller à contre-courant des grands écrivains que ça sollicite, derrière lesquels il est imprudent de passer. MB sera donc, chez moi, un aventurier pour qui en découdre vaut toujours mieux que d'essayer d'y échapper. Un angle particulier, que je vais essayer de tenir, avec les informations qu'on m'a données. Un beau projet, une nouvelle association. Et un moyen de repousser mon "Aurélia Kreit"? Je sais, je sais. Mais la période est la même, sachez-le, et il paraît certain que quand elle arrivera, elle nous racontera la rencontre qu'elle a faite avec lui, avant la fin, avant le grand saut et le paquet de lettres oublié dans un grenier, au 33 Place Bellecour. Ou pas. 

18:16 Publié dans Blog | Lien permanent

05/10/2011

Jean Frémiot, photographe.

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22:23 Publié dans Blog | Lien permanent

L'important, c'est d'aimer Zulawski.

Image 1.pngJe quitte le cinéma cet après-midi, encore empli de l’émotion d’avoir revu « L’important c’est d ‘aimer » sur grand écran, je marche sous le soleil de la Rue de la République et je croise Andrzej Zulawski, qui retourne au cinéma après avoir introduit, dans le Cadre du Festival Lumière, ce film de 1994 qui montre une Romy Schneider au sommet, un Klaus Kinski dont le rôle a contribué à la mythologie d’acteur-fou et un Jacques Dutronc qui, en tant qu’acteur, n’a jamais été autre que génial ; Fabio Testi, dans le rôle principal, n’a pas connu la gloire de ses partenaires de tournage : c’est curieux comme le cinéma est parfois arbitraire. Peut-être, en le revoyant, parce qu’un  Christophe Malavoy l’a supplanté dans le genre et l'allure, jusqu’à tomber lui aussi dans l’oubli ? Zulawski, c’est une ambiance cinématographique, que j’ai découverte avec « Mes nuits sont plus belles que vos jours » : des tensions permanentes, un sens du champ/contrechamp fabuleux avec, parfois, juste une ombre qui sépare les plans, de longs couloirs gris dans des appartements bourgeois qui furent prestigieux mais dont il ne reste rien. Il est venu dire qu’il a eu moins de 24h pour quitter la Pologne avec une valise en carton et, en main, trois numéros de téléphone dont deux ne répondirent jamais. Qu’arrivé à Paris, le vieux gérant d’un cinéma de quartier lui a dit qu’il lui devait sa plus grande émotion de cinéphile, puisqu’on s’était battu dans sa salle à propos d’un de ses films polonais. Que ses premiers contacts avec le cinéma français se firent via Sautet, à qui il dit beaucoup devoir, et au travail de « police des scriptes » qu’il occupait alors, jusqu’à ce qu’on lui confie l’adaptation d’une œuvre qu’on n’arrivait pas à adapter et dont on allait perdre les droits : le roman de Christopher Franck, « la nuit américaine ». On lui demande deux pages de synopsis, il en fait vingt, on lui confie la réalisation du film. Lui a un visage en tête, celui de Romy Schneider, il veut la sortir des dentelles de Sissi, la filmer à cru, sans maquillage, lui dit que dans « Qui a peur de Virginia Woolf », Elisabeth Taylor s’est vieillie de dix ans, pour en gagner vingt. De tranquillité. Modeste, Zulawski dit que le cinéma, c’est d’abord les acteurs. Mais qui a filmé Romy comme lui, dans la fragilité d’un être dont certaines scènes ont un écho terrifiant au vu de ce qui lui est arrivé ? Personne. Marceau non plus, pour ceux qui ont vu – nous étions quatre dans la salle il y a dix ans – « la Fidélité »… « L’important, c’est d’aimer » est un film essentiel pour ce qu’il dit des élections affectives, pas des affinités électives : les dernières scènes sont sublimes, Dutronc qui dit qu’il ne peut rien faire d’autre que l’aimer, elle qui rejette violemment l’idée mais lui demande d’être là, de ne pas la laisser seule. Romy, bouleversante, dont la quarantaine et la solitude sont déjà intimement liées… On aime par nécessité ou par essence, dans un champ électique de la question amoureuse. Dix-sept ans sont passés depuis que le film est sorti : plus que le fait de rentrer dans les classiques, il permet surtout d’interroger un parcours. Par effet-miroir, sans conscience de la cause.

Andrzej Zulawski dégage une humanité fascinante. Il redit sa fierté d’être là, et le bonheur d’un tel festival, sans compétition.  A Cannes, il n’aurait pas pu  marcher tranquille dans la rue ou pire, on ne l’aurait peut-être pas reconnu. Que choisirait-il des deux, j’en ai une idée assez marquée. En tout cas, le croisant une deuxième fois en l’espace des deux heures de projection, je l’aborde, rapidement, sans l’importuner. Pour le remercier.

21:53 Publié dans Blog | Lien permanent