30/06/2014
Histoire de la Chanson.
En 2004, on perd Serge Reggiani, Claude Nougaro, Etienne Roda-Gil et Michel Colombier, mais Amel Bent chante « Ma philosophie » et nous voilà rassurés.
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29/06/2014
Tchitcha.
En 1984, Philippe a vingt ans, poursuit ses études et, ingénieux, pique à son frère les plans du premier décodeur pirate de Canal+, en délègue le commerce et crée le premier CAC40 : Canal Accès Complet pour 40 balles. Les premiers clients s’étonneront de ne recevoir qu’une passoire à usage manuel, mais ne sont pas en position de porter plainte.
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28/06/2014
Les Destriers de la pédale.
Beaucoup de choses ont été dites, déjà, sur le « Tombeau pour Luis Ocaña » d’Hervé Bougel et je ne rajouterai rien d’intelligent sur la lecture de ce petit livre resserré, écrit en soixante-et-onze fragments et revendiqué à la première personne du singulier. Un parti-pris qui décide de la façon dont Bougel, qui doit pratiquer, entérine la souffrance du coureur, sa façon de la dépasser quand il est un grand champion, la fatalité qu’elle revienne, après, dans la solitude d’une chambre d’hôtel, d’une émulation mal digérée. On est déjà, avec Ocaña dans la complexité d’une identité : né sous l’Espagne franquiste mais élevé en France, il ne trouve d’équipe professionnelle qu’à la condition de reprendre sa nationalité espagnole. On est en 68, et l’homme, un peu ombrageux, acquiesce, mais fulmine. Arrogante. C’est l’adjectif avec lequel Bougel attire le lecteur, d’entrée, pour ne pas le lâcher, tout au long de l’échappée : Ocaña enfant frêle, pleure de rage de souffrir quand son père reste stoïque, éructe quand le Cannibale domine des courses qu’il voudrait gagner. Toutes. Il finira par le « dégorger, comme une bête. »
Le fragment 44 nous le confirme - « Je devins terrible au mal. J’appris à me composer une figure » - ce n’est pas tant le coureur qui intéresse l’auteur, mais la façon dont on s’accommode des sacrifices de la carrière, de ses intensités et de ses déceptions. Le cyclisme est un exercice perecquien, dans la bibliographie (« Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? ») et le rapport à l’enfance. Au fil des fragments, on se demande si ce n’est pas l’identification au champion qui fait le sujet, si on n’est pas dans Bougel sur un vélo se prenant pour Ocana : de la part d’un homme qui a revendiqué son transfert – littéraire – avec Alain Larrouquis sur 193 pages, vous pouvez me croire, même si ça n’a aucune espèce d’importance. Ce « Tombeau » là se lit facilement parce qu’il est court, mais il faut le reprendre, régulièrement, ne serait-ce que pour ne pas arriver à la fin : dans la réalité, elle est connue, l’homme se donnera la mort vingt-deux ans après avoir bouclé la Boucle. Qui n’a rien vu de sa douleur, mot récurrent de l’ouvrage et inhérent au cyclisme, de son corps meurtri, quand il était champion, ne pourra pas comprendre la portée de son geste, pourtant banal, presque, dans le milieu, quand les acclamations se sont tues.
J’ai écrit en 2001, pour l’artiste Emile Parchemin, qui dessina le plus beau Jalabert (à l’encre, s’il vous plaît !) jamais vu, en vignette, ici. Emile, en cuissard, sur la cuvette des toilettes, porte ouverte, lisant « l’Equipe », récitant les vainqueurs du Tour, dont Luis Ocaña, alors. J’ai recensé le vocabulaire du cyclisme, des suceurs de roue : des blaireaux, des cannibales, des aigles de Tolède ou des perruches, il faut en avoir avalé, des kilomètres de bitume et des noms d’oiseaux pour savoir que le premier moteur de l’exploit, c’est l’identification, que c’est en s’imaginant des concurrents féroces et des coéquipiers modèles qu’on va au bout de nos forces, et accessoirement en haut de la côte, le bidon de lait arrimé au guidon, les courses du jour dans la sacoche. Bougel ne tombe pas dans le piège du passéisme à bicyclette: il est dans les boyaux de la littérature, son écriture est sèche et perçante comme une attaque en fausse montée. Pas un mot de trop, classe.
Editions la Table ronde, 12€
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27/06/2014
Comme un Lego.
Pendant qu'on travaille, on a toujours un peu la crainte d'être oublié: c'est ce travers-là qu'il faut combattre, dans l'exercice artistique. Mais quand on a quelques retours, de temps à autres, de personnes qui vous disent qu'elles pensent toujours à vous et attendent patiemment la suite de l'histoire, eh bien, ça fait chaud au coeur et c'est agréable de le partager, parfois. Alors, évidemment, sur le moment, dans d'autres lieux, on cabotine, mais c'est là, c'est écrit, et ça donne le courage de continuer. Et c'est en réaction à cette belle et dernière chronique de François Morel, sur Inter, aujourd'hui. Vous y trouverez des noms prestigieux, d'artistes et de personnages, d'autres moins connus dont j'ai déjà parlé ici, d'autres encore dont je parlerai bientôt (demain). J'aurais pu mettre les mots de Françoise, mais elle ne parlait que de mes livres, alors je transmets ceux de Malika, qui m'incluent :
"Ma France à moi, c'est pleurer en écoutant du Léo Ferré parce que ça me rappelle mes grand parents, c'est "Ma France" de Jean Ferrat, c'est écouter Jean-Louis Murat, découvrir Miossec en concert, me régaler en lisant des BD comme "Petites Eclipses", "Les vieux fourneaux", c'est découvrir des auteurs épatants comme Christian Chavassieux, Laurent Cachard, Hervé Bougel, c'est être touchée par un tableau de Franck Gervaise ou Isabelle Cheddadi, c'est tomber en pâmoison devant une photo de Pierre Gable, c'est parcourir tous les festival de jazz de la région, me retrouver sur une barque traversant les canaux de Sète pour rejoindre à la nuit tombée le théâtre de la Mer, c'est couler une larme sur le "Comme un Lego" de Bashung accompagnant la tirade de fin du "Cyrano de Bergerac" de Philippe Torreton, c'est avoir la banane en ressortant des spectacles de Fellag, c'est écouter religieusement Jean-Louis Trintignant lisant du Desnos, du Vian au Cloître Sainte-Trophime d'Arles, c'est partir dans l'au-delà en étant entourée des chevaux de Calacas, ma France à moi, ce sont mes deux voisins bien de souche qui se sont donné le mot ce matin à 7 heures pour démarrer leur tonte avec leurs engins de compétition qui font autant de boucan que ceux qui tondraient le stade de France et puis heureusement, ma France à moi, c'est écouter tous les vendredi matin François Morel sur france Inter, aujourd'hui la dernière de la saison ."
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26/06/2014
Ratures.
Je sais que ça ne se fait pas, alors je le fais. Un petit exemple du travail de relecture, quand la musique initiale - qu'il ne faut pas désavouer pour autant - ne passe plus le cap de ce qu'on veut entendre, soi-même, de la phrase. Ce sont dix lignes d'un roman, dont le manuscrit, sous sa forme brute, fait 356 pages. C'est ligne après ligne qu'il faut gagner le combat de l'écriture.
"Anton ne releva pas la provocation de son épouse, qui Olga disait ça pour rire, rire de la vérité, qu'elle sache qu'elle qui ne gagnerait pas comme ça. Olga Elle venait de pulvériser chez lui les dernières réticences qu'il avait de quitter Vienne: elles ne tenaient plus que dans son métier, qu'il aimait, contre toute attente, et dans la sécurité qu'on leur offrait, contre son silence. Il sortit de ses pensées pour pritendre sa femme dans ses bras, sans la serrer trop. Il, murmura à son oreille qu'ils iraient à Paris, la ville des amoureux, qu'il n'y avait aucune raison pour qu'il n'y en ait que pour les deux amoureux là-bas, dans le salon. Elle sourit, l'entoura de ses bras d'une maigreur extrême:
- Tu m'y emmèneras, et On trouvera un bel endroit pour vous installer, et préparer la suite.
Drôle d'endroit, drôle de moment, quand tout respire la joie de vivre juste à côté mais que l'essentiel est ailleurs, et qu'il promet beaucoup, dans des circonstances dont personne ne voudrait."
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25/06/2014
Echéances.
ça n'augure rien de ce qui va suivre, mais mêmes effets, mêmes réactions: j'ai retravaillé aujourd'hui le passage du décès d'un de mes personnages, et les mêmes larmes me sont montées aux yeux, alors même que l'objectif était de traquer toute forme de pathos. Pas malin de créer des effets d'attente comme ça, je sais, mais si vous saviez à quel point c'est moi qui suis impatient de vous les faire connaître, ces êtres de papier! Je m'en tiens à mon calendrier, et le délai que je me suis accordé sert ma relecture, implacable: on pourrait sortir un livre complet de tout ce que j'ai sacrifié, déjà. Mais je tiens bon, ne m'autorise rien de moyen. J'ai ensuite deux grands chantiers de corrections historiques, l'un sur les transports, l'autre sur les hiérarchies dans l'industrie. Mais j'ai déjà une échéance officielle, mardi, puisque je devrai parler en public de ce roman qui n'est pas encore sorti, lire quelques extraits, aussi. Sans la bienveillance quasi-automatique des spectateurs de "Littérature & Musique" qui y ont eu droit, déjà. Je n'ai peur de rien, néanmoins: la force de cette petite fille est époustouflante. Ou alors, c'est que je me serai complètement planté. Auquel cas, pas grave, je la garderai pour moi.
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24/06/2014
La vie moderne.
Un jour viendra où l'on s'en voudra à nous-même de ne pas avoir donné suite aux invitations et leurs multiples relances sur Linkedln, Viadeo, Flickr, Instagram et Cie. Jusqu'à se defriender tout seul de son Facebook.
17:53 Publié dans Blog | Lien permanent
23/06/2014
De guingois.
Je dois écrire trois discours pour les jours qui viennent, et je commence à mélanger les données, c'est inquiétant: on ne part pas à la retraite après cinquante ans de mariage (quoique, c'est une idée que le MEDEF pourrait développer) et cinquante ans tout court ne permettent pas d'envisager l'émotion ressentie au moment des accords d'Evian.
17:37 Publié dans Blog | Lien permanent