31/05/2010
Argument
Je les ai vus par la fenêtre. Quand Laure m’a demandé d’aller surveiller la cuisson dehors, sur le carré de pelouse devant le cottage, j’ai obtempéré, comme un maître de maison. Au moment même où je me débattais avec un saumon se délitant dans sa papillote mal fermée, sur la grille noircie du vieux barbecue, j’ai levé la tête et, par la fenêtre de la cuisine et sa perspective sur la grande table de la salle à manger, je les ai tous vus. Laure, qui s’affairait à préparer les assiettes – les aubergines d’un côté, les pois gourmands, qu’Ana avait ramenés d’Espagne, de l’autre – dans la cuisine, et les quatre autres, autour de la table basse, qui devisaient de façon très générale pour la simple et bonne raison qu’ils n’avaient, pour l’instant du moins, rien à se dire.
Laure a ce don, depuis toujours, d’inviter chez elle des personnes qui ne se connaissent pas ; elle avait trouvé idéal de profiter de ce week-end, le plus particulier de tous ceux qu’elle avait passés dans la ville depuis qu’elle était venue habiter Londres, un an et demi auparavant. Ana, Julie, Adrian et Gaëlle étaient donc venus souper ce samedi-là, convaincus, chacun de leur côté, que Laure les recevrait dans sa configuration familiale, mari et enfants inclus. Ce ne fut pas le cas quand elle leur ouvrit à chacun, qu’elle les invita à entrer, les priant de bien vouloir attendre les autres pour commencer. Des autres qu’aucun d’entre eux ne connaissait, pas plus qu’ils ne surent qui j’étais au moment même où, harassé par le voyage complexe que je m’étais imposé, je fis mon entrée et les trouvai là, un verre à la main, se demandant sans rien dire si j’étais Vincent. Le mari.
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27/05/2010
Deuce [S]ex machina
Il y a toujours un côté potache chez les rockers, surtout quand ils approchent de la cinquantaine et qu'ils sont plus vivants que morts: je n'en veux pas à l'Inoxydable de m'avoir piqué ce titre, à partir de la construction du Dom Juan. J'avais parlé, il y a quelques mois, de cet échange que Christophe Simplex et moi-même avons eu autour d'une machine à laver, portée sur deux ou trois étages, je ne sais plus. L'Inoxydable, qui m'a offert de participer à l'écriture de ce qui allait devenir, quelques mois plus tard, davantage qu'un projet: le premier album, à l'ère où l'on n'en fait plus, de Deuce, un groupe qui s'assume dans le rock français, fût-il rescapé des ruines de Starshooter ou de Bijou. L'album est sous presse mais Christophe m'offre ce titre, "Je connais mes limites", qui ose placer les enthymèmes sur le terrain du power-pop. C'est une petite merveille, réhaussée, dans sa version finale, de la voix de Stéphane Pétrier, vers qui ce blog lançait également, il y a un an, une offre publique d'emploi (non rémunéré!) à laquelle, jusque là, il n'a pas encore dit non. L'actualité n'est pas là, mais pour moi, c'est un vrai bonheur. Que je vous donne ici avant de partir dans le Berry y ramener ma "partie de cache-cache" quasi définitive, maintenant.
Chronique de l'album dès que je l'aurai écouté. Faites vivre les artistes, achetez leurs disques!
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Redite
Christian Chavassieux, 50 ans, ne s'accommode pas des petits arrangements du quotidien. Il les dézingue.
L'INTERMINABLE DEPLAISIR DE VIVRE
Christian Chavassieux n’est pas Bernie, que les choses soient clairement énoncées. D’abord parce qu’on ne commettra pas l’erreur de confondre les personnages de son « Psychopompe » avec l’auteur du roman, ensuite parce que Croizan n’est pas Roanne, où il habite et écrit. Il n’est pas Bernie même si une des scènes les plus remarquables de ce polar protéiforme se situe quand Nathan Charon - éminent rédacteur de nécrologies le journal local et misanthrope notoire, à qui l’on pardonne les outrances pour la simple perspective de voir sa célébrité, fût-elle locale, « certifiée par sa mort » sous sa plume – menace un adolescent récalcitrant « sur un ton didactique et neutre », en décrivant, dans la solitude d’une cabane de jardin la façon dont la bêche pourrait, « si je la posais sur ta gorge (…) et que je donne l’impulsion nécessaire » lui enlever la vie sans que celle-ci ait à faire, par la suite, aux différents passeurs d’âme que sont les moineaux, certains chevaux, qui « permettaient à l’âme de gagner le royaume des morts ». Ni Chavassieux ni Charon ne sont Bernie, non, parce que si certains crimes que l’auteur d’un dictionnaire des illustres – mais disparus, condition sine qua non – croiziens veut ériger en œuvre absolue ne manquent pas de burlesque, on est toujours, dans ce roman, dans une sociologie du spectacle meurtrier qui fait sens : Charon tue parce qu’il considère que la mort de ses contemporains vaut davantage que leur vie, qu’elle éclaire de nouveau une existence qu’ils ont, comme tout un chacun, vouée à la concession et au moyen terme. On peut croire, au début du roman, à un jugement péremptoire, jusqu’à ce que Charon lui-même confie à quel point il considère son existence, ses amours, ses amitiés comme autant d’échecs, jusqu’à ce que l’éditeur lui confie cette anthologie de ses meilleurs nécro, qu’il va donc itérer de quelques unes des morts dont il accepte de se charger. On dézingue, chez Chavassieux, tout ce que l’être humain contient de facilités et de renoncements : il tue le bellâtre à qui tout réussit parce qu’il s’est commis avec la jolie fille qui partage son bureau. Il le tue parce que juste avant, il a tué le chien de sa femme, Bezef, et qu’il a habilement maquillé le crime : rien de morbide, juste une fascination pour du vivant qui se révèle par la mort. Il tue la procureure, parce qu’elle confond les inepties de Paulo Coelho avec les véritables enseignements philosophiques ou, simplement, méditatifs.
« Dans ce théâtre des « hommes abîmés », Charon se fait démiurge, décide de l’ordonnancement des assassinats en fonction du besoin de son dictionnaire. »
Qu’elle n’a même pas ouvert, par contre, « Trois jours sans soleil », le livre qu’il a lui-même écrit et qui lui a procuré le fameux succès d’estime, à la fois pas assez et suffisamment pour savoir que ceux qui l’ont constaté n’en ont au final rien eu à faire. Charon passe, dans le roman, de Dionysos à Hades, mais comme dans la mythologie, on n’établit guère de frontières entre les deux : ses crimes sont des sacrifices qu’il fait à ceux qui en sont victimes. En les tuant, il leur offre la rédemption et, plus encore, la postérité qu’ils n’auront fait qu’effleurer. Dans ce théâtre des « hommes abîmés », Charon se fait démiurge, il décide de l’ordonnancement des assassinats en fonction du besoin de son dictionnaire. Il revit, sort de sa torpeur alcoolique de « misanthrope résigné », « déjà absent », redevient, par l’action d’écrire et de construire ses écrits, un analyste critique de « la grande nécrologie du monde » qu’il a donc entreprise. Exeunt les crises d’agoraphobie qu’il subissait dans un vernissage ou dans le hall lugubre d’un commissariat, Charon est méthodique, efficace et esthétique dans ses mises à mort, auxquelles il ne refuse pas, néanmoins, la dose d’improvisation qui leur donne du panache. On rêve, en lisant Chavassieux, de pouvoir se débarrasser de ses ennemis comme ça puis, en repensant au « Baiser de la nourrice », son précédent roman, on se souvient que c’est dans la logique destructrice que l’humanité tire son (dys)fonctionnement. Qu’on n’a pas encore passé le cap de Charon, qu’on n’a pas encore tenu « le temps des remords » et renoncé à la vanité de soi. Dans la nourrice, Chavassieux tenait le lecteur en asphyxie 157 pages durant ; dans le Psychopompe, l’écriture est alerte, raffinée, limpide à force de labeur. Les chapitres sont courts, l’action est construite, progresse, tient en haleine selon les règles classiques du polar. Mais ce roman offre une réflexion politique sur les ressorts spectaculaires de notre société et propose sa propre métaphysique, dans la confrontation finale de Gizant (sic) et Charon. Deux visions distinctes d’une même rédemption, fondée sur des livres différents. Car c’est bel et bien une religion du livre à laquelle nous convie Chavassieux : dans les entrelacements des récits (Magma, l’autofiction jamais écrite du personnage principal, les inénarrables bluettes du Guillaume Musso local, l’Ancien et le Nouveau Testament, le journal intime de Gizant), dans les variations d’énonciation comme dans la condamnation sans appel des réunions Tupperware, c’est pour sa paroisse qu’il prêche, en érigeant l’exigence comme la solution pour que nos morts ne soient pas plus belles que nos vies. Pour ne plus s’ennuyer face à une femme qu’on désirait l’instant d’avant. Son « héros sans héroïsme » se complète avec le Bogart sans charme qu’il croisera sur un banc public avant que celui-ci ne le devine dans le cadre du commissariat, puis le précède dans le dénouement : l’un joue aux échecs, l’autre voudrait les doigts fins du premier, qui siéraient davantage à son rang. Ces croisements, « le Psychopompe » ne les impose pas au lecteur, pas plus – c’est noté – qu’il ne peut offrir de mode d’emploi à sa lecture. On en sort juste un peu hagard, comme si une menace pesait désormais sur l’écheveau de nos petites vanités. Pas encore un bloc de ciel posé sur le ventre, mais… Ils auraient dû se méfier, les membres du Rotary de Croizan sur Loire, ne pas en mépriser la « mémoire vivante » ; en retour, ils n’ont récolté que la prédiction du conservateur : « Margaritas ante porcos » Ea pleine tête. Ehé.
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26/05/2010
Big Brother can't read you.
C'est la deuxième fois en peu de temps qu'on me dit qu'une de mes notes - ici la critique du Chavassieux après celle du Belletto - n'est pas lisible, alors même que certains peuvent la lire dans le même temps sans problèmes. C'est embêtant: il ne manquerait plus que j'écrive pour rien. Je supprime la photo de la très belle couverture de Franck Perrot, retoucherai la mise en page s'il le faut. Inoxydable et Jacques sont concernés en premier lieu: par pur égoïsme, j'aimerais assez que ça vienne de leurs ordinateurs, pas du site. Mais tout cela est bien irrationnel.
21:49 Publié dans Blog | Lien permanent
24/05/2010
C'est non.
J'avais postulé à une résidence d'écrivain en Nouvelle-Zélande, on pouvait difficilement faire plus loin. Cinq mois qui m'auraient permis de couper un moment avec les contraintes, grandissantes, de ma vie professionnelle et de travailler à l'élaboration de mon roman russe à moi. Je n'ai pas été pris. Depuis ce matin, je tourne ce courriel reçu dans la nuit, sa formulation, ce qu'il ne dit pas, surtout: qui a été pris, et pourquoi? Il va falloir continuer à avancer sans ce minimum de notoriété qui ouvre les quelques portes qui s'obstinent à rester fermées sans jamais donner les raisons du refus. Ce sont de vrais thèmes de réflexion, dans notre société. Pas seulement un renvoi à l'amour propre. D'après Martin Veyron, d'ailleurs, celui-ci ne le reste jamais très longtemps.
11:49 Publié dans Blog | Lien permanent
22/05/2010
Massacre à la tronçonneuse
Il y a des moments dans l'écriture où la honte de vous-même vous submerge. J'ai souvent parlé, lors des rencontres Lettres-Frontière, de ce "livre-monstre" écrit dans la douleur entre mes dix-sept et mes vingt-quatre ans, qui voulait révolutionner la littérature mais qui n'était, sans que je le susse alors, qu'une logorrhée prétentieuse, déjection interminable d'un amour de soi que seul le conditionnement subi autour de l'autofiction doubrovskienne, dans mon adolescence, peut encore excuser. Je garde une grande affection pour ce manuscrit qui m'empêche, ai-je répété, de ne pas reproduire les erreurs passées. Du moins le pensais-je jusqu'il y a peu. Parce que la relecture de ma "partie de cache-cache" m'a obligé à dresser le même réquisitoire : incohérences narratives, digressions permanentes, psychologie à la Barbara Cartland, approximations structurelles, j'ai tout retrouvé (hélas!). "Dom Juan" - et ses imperfections - aurait dû, déjà, me ramener à ma condition d'auteur laborieux mais non, passer le cap, terrible, de la deuxième partie n'a fait qu'ouvrir, plus encore, les vannes de la facilité. Que j'ai eu le tort de valider au 15 mars, pour des questions, dérisoires et terriblement honteuses désormais, de possibilité d'une plus grande diffusion... J'aurais pu tout envoyer paître, laisser l'écrit à ceux qui savent faire, mais, après cette période d'hébétude, je me suis accroché et j'ai fait comme tout le monde: j'ai travaillé. J'ai biffé, condamné, raturé, reconstruit. J'ai fait des calculs (si, si...), à partir d'une date donnée, j'ai restructuré, sorti la machine à points, rayé les derniers adverbes qui restaient (merci, Christelle, encore), détruit les "je crois", "je pense", blah blah blah. Mon manuscrit a subi une cure d'amincissement dont je rêverais moi-même d'en connaître la moitié: les statistiques que j'ai publiées dans ces pages il y a quelques temps n'ont aucune commune mesure avec celles que je n'ai même pas pris soin de consulter après ma séance d'hier, dix heures d'un stretching littéraire ininterrompu. J'ai arrêté de m'écouter écrire, je l'espère définitivement. Et voilà que cet exercice prend la forme que Tébessa a connue, voilà que, sans prévenir, un mouvement s'enclenche, une affection aussi. Je me remets à trouver belle une histoire que j'avais enlaidie. Je ne sais pas si celle-ci, néanmoins, gagnera la foi de l'éditeur, à qui j'ai demandé, hier, deux faveurs: la première, c'est de détruire, physiquement et mentalement, le manuscrit envoyé il y a deux mois; la seconde, c'est de renoncer au contrat que nous avons signé s'il juge que ce roman, simplement, n'en vaut pas la peine. Chleuasme? Je crois qu'il la vaut, désormais, qu'il saura déranger sainement, sans agresser par la façon dont il est écrit, au moins. L'annulation de St Maurice m'aura permis ça, ironie du sort: au prix d'un mal de dos tenace et d'une migraine atroce, je me serai attaché à mon fauteuil et j'aurai travaillé, point. Dans l'ordre chaotique de ma vie, je vais écrire, maintenant, une variation poétique sur la chouette de Dijon, me nourrir de vrais écrivains à Roanne et à Saint-Etienne, redoubler de rigueur à la relecture de la comédie musicale lycéenne, travailler sur "l'insecte et le sacré", avec Jean Frémiot. Il sera temps, après, de voir si l'automne m'a apporté tout ce que je lui ai demandé. Et de commencer un "Aurélia Kreit" qui m'a déjà prévenu qu'il ne supporterait aucune approximation. Me voilà averti.
PS: image non contractuelle, comme on dit dans les milieux autorisés.
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18/05/2010
Bellettissimo!
On meurt beaucoup dans le « Hors la loi » de René Belletto. De toutes les façons : suicide, meurtres sauvages, étranglement et même par implosion, par quelque biais extra-terrestre dont l’auteur de chefs-d’œuvre absolus que sont, pour moi, « Sur la terre comme au ciel » ou « l’Enfer » - pour ne citer qu’eux – est familier. On meurt, mais on vit, ce qui équilibre : des amitiés esthètes, des liens de musiciens, des amours aussi prudentes dans l’approche qu’elles sont intenses dans leur réalisation. On vit plusieurs générations dans la construction de ce roman à énigmes, qui n’en finit pas d’intégrer le lecteur dans son énonciation pour mieux lui rappeler qu’il s’agit d’être attentif. Au moindre détail : chez Belletto, ça a une importance majeure. La marque des enceintes – sur laquelle la seule fille que Luis Archer n’aimera pas pose négligemment sa veste brune alors que lui-même n’y a jamais rien apposé que le chiffon qui sert à les essuyer ! Celle de son amplificateur, de sa guitare flamenco ; celle de sa voiture : avoir lu Belletto permet, au fil des décennies, de retrouver des modèles de véhicules auxquels on n’aurait jamais prêté attention, alors que lui… On avance dans les récits enchâssés, avec la petite crainte de s’égarer – je me souviens de « Créature » et de sa séquence de grammaire historique! - mais ça fonctionne, ça s’enchaîne, avec harmonie. Les figures, féminines et masculines, sont prégnantes, l’écriture est hors du temps, vocabulaire obsolète et subjonctifs imparfaits de rigueur, il y a une immense maturité dans l’écriture et un refus catégorique de l’effet : dans ses multiples interventions, l’auteur, le narrateur, le personnage se confondent, interpellent, procrastinent à grand renforts de préludes, de digressions, de renvois à plus tard. Les obsessions sévillanes de l’auteur affluent, autant que son goût pour le Sacré et l’histoire de sa musique : chaque copla, chaque cantate, est décrite avec précision, date, composition, conditions. La cinéphilie des personnages aussi ; Belletto écrit pour lui tout en se souciant du lecteur, pas par démagogie, mais par volonté évidente qu’il le suive sur cet autre chemin que celui de la médiocrité. Une exigence qui fait de lui un auteur rare, qu’on ne verra pas à la télévision parce que ni lui, ni ses personnages ne la regardent. Les récits s’enchâssent donc, avec un goût affiné pour le dénouement, qui rend la deuxième partie de la lecture urgente. Dénouement mais pas dévoilement : on n’en saura pas plus sur le quatrain qu’il ne faut en savoir pour qu’il soit objet d’écriture, déjà présent dans « Régis Mille » (en même temps que "la vieille Mme Cachard", si, si!). Et la construction cyclique de ce petit pavé appelle à sa relecture, sans fin. A la vérification des références, non pour trouver une erreur quelconque (l’érudition du bonhomme est sans doute proportionnelle à celle du libraire du Dragon, prétention et obséquiosité en moins) mais pour déceler ce qui relève de l’hommage et ce qui renvoie à l’imaginaire. Dont Belletto raffole, au point d’arriver à mêler à cette saga familiale, policière et musicale, une extravagante dimension surnaturelle, je l’ai dit. Qui ne détonne pas, parce que même celui qui n’y est pas mêlé, Luis Archer, n’arriverait pas à convaincre un inspecteur de police de la vraisemblance de ce qui lui est arrivé : ce n’est donc pas lui qui reprochera à celle qui lui racontera son extraordinaire histoire d’affabuler.
Je l’ai souvent dit dans ces pages, et même publiquement, depuis peu : j’aime cet écrivain. J’ai parfois frissonné à la lecture en retrouvant cet amour pour l’Espagne (chez lui, les rues parisiennes sont « de Madrid », le café « de Cordoue », l’avocat s’appelle Diego Ruiz, l’oncle Pepe, la nourrice Alma…) que nous partageons, j’ai écouté avec son personnage le « Compañera y sobrerana » de Manolo Caracol pour partager le deuil de Maxime, reporté cent fois la fin de la lecture pour ne pas récréer « le lien de l’absence ». Les interprétations sont libres sur le sens qu’il faut donner aux décalages trouvés dans les insertions d’un narrateur, mort et né le 6 juin 1966, dans ceux, temporels, du temps terrestre et du temps renatien. Faut-il en donner, d’ailleurs, obligatoirement ? L’auteur n’en est pas à une fausse piste près, lui qui fait dire à Luis, s’autocitant, que tout cela n’est peut-être qu’un « amas de billevesées ». Les romans à énigmes sont souvent trompeurs, dans ce qu’ils laissent à penser. C’est aussi pour cela que ceux de Belletto sont autant de présences gentiment menaçantes dans la bibliothèque : comme des rappels à l’ordre.
19:07 Publié dans Blog | Lien permanent
Interludes
Des problèmes techniques sur la note "Bellettissimo"? En espérant que le lien se rétablisse rapidement, sinon "hautetfort" devra changer de nom... Remarquez, ça me fait une notre gratuite (merci à Jacques et à l'Inox'). Parce que ce n'est ni le moral ni l'impossibilité de venir à bout de la réécriture de mon manuscrit qui font source d'inspiration. Alors, c'est tout. Ah, si. Je ne vais pas en Suisse vendredi; ça a été annulé, sans que je sois prévenu: j'ai donc bien fait d'appeler.
13:58 Publié dans Blog | Lien permanent