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31/05/2010

Argument

Je les ai vus par la fenêtre. Quand Laure m’a demandé d’aller surveiller la cuisson dehors, sur le carré de pelouse devant le cottage, j’ai obtempéré, comme un maître de maison. Au moment même où je me débattais avec un saumon se délitant dans sa papillote mal fermée, sur la grille noircie du vieux barbecue, j’ai levé la tête et, par la fenêtre de la cuisine et sa perspective sur la grande table de la salle à manger, je les ai tous vus. Laure, qui s’affairait à préparer les assiettes – les aubergines d’un côté, les pois gourmands, qu’Ana avait ramenés d’Espagne, de l’autre – dans la cuisine, et les quatre autres, autour de la table basse, qui devisaient de façon très générale pour la simple et bonne raison qu’ils n’avaient, pour l’instant du moins, rien à se dire.

Laure a ce don, depuis toujours, d’inviter chez elle des personnes qui ne se connaissent pas ; elle avait trouvé idéal de profiter de ce week-end, le plus particulier de tous ceux qu’elle avait passés dans la ville depuis qu’elle était venue habiter Londres, un an et demi auparavant. Ana, Julie, Adrian et Gaëlle étaient donc venus souper ce samedi-là, convaincus, chacun de leur côté, que Laure les recevrait dans sa configuration familiale, mari et enfants inclus. Ce ne fut pas le cas quand elle leur ouvrit à chacun, qu’elle les invita à entrer, les priant de bien vouloir attendre les autres pour commencer. Des autres qu’aucun d’entre eux ne connaissait, pas plus qu’ils ne surent qui j’étais au moment même où, harassé par le voyage complexe que je m’étais imposé, je fis mon entrée et les trouvai là, un verre à la main, se demandant sans rien dire si j’étais Vincent. Le mari.

15:41 Publié dans Blog | Lien permanent

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