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Murat & I (5/10)

sipa_00928514_000003-1.jpegC’est toujours fascinant, la vie des chansons, surtout quand on en est l’auteur, au sens propre, et qu’elle ne vous appartient plus quand elle a été composée, puis interprétée. C’est une drôle de sensation, de penser qu’elle est à vous alors même que ceux qui l’écoutent l’attribuent à celui qui se l’est appropriée. L’étalon-mesure reste d’ailleurs d’oublier qu’elle sort de vous et de l’écouter comme vous écouteriez quelque chose qui vous plaît et vous est étranger… Mais c’est une autre histoire encore que celle du « Charme », dont je me suis rendu compte qu’elle n’existait pas en ligne. Je l’ai donc uploadée, puisque c’est le terme, en restituant à qui l’a écrite et composée les droits moraux et intellectuels, 31 ans après sa sortie*. Un disque resté anonyme, épuisé depuis longtemps, mais un morceau qui prête à confusion, depuis. Alain Bonnefont, c’est un vieux compagnon de route de Murat, peut-être pas aussi proche et assidu que le fidèle Denis Clavaizolle (dont les mots qu’il ne sait pas dire sont les plus justes lus depuis une semaine), mais membre de Clara, le groupe de la première heure, et musicien occasionnel sur des tournées, dont Muragostang, aux claviers. C’est surtout un song-writer surdoué, des musiques écrites pour JLM (Le venin, les hérons, le fier amant de la terre…) et donc les paroles et musique du Charme, dont Murat s’est emparé, chose rare chez lui, qui se les sert lui-même, avec assez de verve, mais ne permet guère qu’un autre les lui serve. Elle apparaît en dernier titre dans le disque-Ovni, « Mademoiselle personne », BO d’un film jamais sorti, éditée en disque bonus de l’album Live 95, qui comprend également le sublime « Amour zéro » (dont la moleskine se retrouve dans « le Café des Écoles », pour ceux qui suivent). Elle est tellement muratienne, cette chanson, qu’on se jure que c’est JLM lui-même qui l’a écrite ou inspirée (la tendresse du poney, le cordonnier, les grands flots dans les veines…), mais elle est celle d’un autre auvergnat, qui aura donc vu, trois ans après, sa chanson aller, épurée, ralentie, vers quelqu’un d’autre et devenir une espèce de mythe.

* en 1992, Son album "Amaretto" est paru en 1992 sur le label belge "Les disques du crépuscule" (Pale Fountains, Marie Audigier...) et n'a jamais été distribué en France.

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04/06/2023 | Lien permanent

Murat & I (2/10)

JLM2.jpegOn ne peut pas créer sans avoir de repères solides, et sans s’en défaire. Écrire – des chansons, des romans – en ayant (beaucoup) écouté Jean-Louis Murat peut s’avérer un problème si l’on est auteur-compositeur-interprète parce qu’on peut vite chercher à lui ressembler, ce qui est impossible si l’on considère qu’il est particulier. Moi, je ne fais qu’écrire les textes des chansons*, et lui n’a jamais écrit de romans, on est resté dans nos champs respectifs, et je n’ai pas cédé à l’agaçante facilité de l’intégrer directement dans un texte édité. Il suffit de voir combien d’extraits de chansons deviennent des titres de mauvais romans pour constater que tant qu’on est dans le mimétisme, ou la béatitude, on n’est jamais soi-même et on sera toujours au mieux derrière. Il faut intégrer l’œuvre pour s’en détacher, et se permettre la référence, bien cachée. Impossible, par exemple, de ne pas penser à JLM et à Aimer en utilisant le verbe éperonner pourtant classique, et maritime dans son usage premier. Mais là, puisque je me permets une appropriation en dix épisodes, c’est à une autre chaîne à laquelle je veux faire écho, ce morceau de Ferré, enfin non, de Caussimon, annonce Murat faisant mine de se tromper, le superbe Nuits d’absence au cours duquel il est question d’Arkhangelsk, dont sonorité, exotisme et mystère font merveille, dans la prononciation suave. Comme Ouessant, avec une syllabe de moins, mais j’en reparlerai bientôt. Arkhangelsk, ça n’appartient à personne, mais dans l’imaginaire, c’est lié à Ferré, et puisqu’il y a filiation, à Murat. C’est pour ça qu’à chaque fois que j’ai pu écrire ce mot dans le deuxième volume (à paraître en octobre) d’Aurelia Kreit, j’ai eu une pensée pour ces deux piliers de ma culture et l’impression, une seconde, de faire partie des leurs. A ma façon.

* dont une face B introuvable, "Chevauchant l'haridelle", qui prend directement appui autant sur ce texte de Caussimon que sur la référence à Cervantès qui l'a inspirée.

 

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01/06/2023 | Lien permanent

Murat & I (8/10)

mort-du-chanteur-jean-louis-murat-a-71-ans.jpegIl y a toujours des chansons qui sont liées à des instants précis, je ne vais pas revenir sur la réminiscence, mais en 2002, pour ce qui est pour moi le meilleur album de Murat – à chaque fois que je dois choisir, je repense à ce gag de Greg dans lequel Achille Talon explique qu’il reçoit un courrier de lecteur pour dire à chaque sortie d’album que ce n’est pas le meilleur de la série… - je suis dans ma ZX vert Hurlevent magnifiquement dotée d’un auto-radio CD et c’est ainsi, en sortant de la FNAC où je m’étais arrêté, que j’ai écouté l’album pour la première fois, conquis d’entrée par la session rythmique, le duo Fred Gimenez & Stéphane Reynaud qu’on ne peut pas dissocier de l’auvergnat. Aime-moi, ça n’est pas la première fois que JLM use de l’impératif – le seul verbe avec lire qui ne le supporte pas – mais l’entrée dans l’album et dans le morceau est dantesque et simple à la fois. Ouvrira sur une tournée dont on ne saurait qu’après qu’elle fut marquante chez Murat parce qu’elle lui a permis de s’autoriser comme guitariste, et que malgré l’immense respect qu’il faut avoir pour Clavaizolle, le trio s’avèrera suffisant et très marquant. L’immense Fred Gimenez, le compositeur du sublime Bird on a Poire*, l’homme qui dut quitter Jean-Louis pour les 80 concerts garantis de la tournée de Johnny, qui revint, tranquillement, quand l’aventure s’est terminée, Fred, l’homme grand et massif aux costumes sombres qui passa la dernière tournée plus en retrait que quand on découvrit Gimenez/Murat/Reynaud sur la même ligne, en scène, et qui aligna des morceaux qu’on n’attendait plus. L’amour qui passe n’a rien d’une grande chanson de Murat par le texte, mais ses Oh Oh font fureur et il y aura toujours lieu de s’interroger sur les magnifiques chevaux, qui sait ceux de la fontaine de Trévi, puisque c’est le jour (clin d’œil). Fred aura perdu Johnny, Stéphane aura eu une vie marquée par les deuils et il y a de quoi être très triste pour eux, aussi. Parfois une existence s’interrompt comme la chanson le fait d’un riff de guitare.

* Monsieur a donc cessé de craindre les demoiselles, mais qu'en pense la sublime Jennifer?

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07/06/2023 | Lien permanent

Murat & I (9/10)

Capture d’écran 2023-06-08 à 13.35.23.pngC’est absolument dérisoire, mais s’il fallait en choisir une, ce serait celle-ci. Une autre dans une heure, je l’ai déjà dit, mais quand même. C’est – là aussi – un OVNI dans la production de JLM, puisqu’issue d’un DVD – Parfum d’acacia au jardin – et jamais parue sur CD, ou sur une compilation, ai-je le souvenir. « Plus vu de femmes », c’est l’acmé d’une séance d’une journée au studio Guillaume Tell de Suresnes, en noir et blanc, dans une ambiance des 50’s avec une seule prise, en live, entouré de Fred Jimenez & Stéphane Reynaud, toujours, avec la guitare de Christophe Pie comme invitée et la présence irradiante de Camille aux back vocals. Elle est d’une telle sensualité, Camille, dans son déhanchement (bien saisi le plan d’avant) qu’à 2’52, le barde auvergnat se déride, se départit de son sérieux et de son anachronisme pour… sourire*, et immortaliser un instant rare, chez lui. Un an après Lilith, Camille devient LA femme, de celles dont il regrette de ne plus les voir. Telles quelles ? Nostalgie d’un amour courtois – Tout me revient au souvenir d’icelle, glisse-t-il dans Elle avait le béguin pour moi – ou surprise à peine feinte devant la place qu’elle prend, dans la chanson comme ailleurs. Faire autant fi des lois de l'hymen, alors, vraiment ? Ça justifie à lui seul, ce sourire, ce malentendu éternel, et ça fait écho au culot de la jeune fille, déjà, en 2004. Seul aux commandes de la tendresse, croit-il, mais en fait, non. Elle est face à trois gaillards, en studio, et c’est elle qui tient les rênes. Et la magie opère.

* "Avaient-ils jamais rencontré ce sourire ?
- Jamais
- Que feraient-ils s'ils le rencontraient un jour ?
- Ils le suivraient ."

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08/06/2023 | Lien permanent

Murat & I (10/10)

Capture d’écran 2023-06-09 à 11.35.56.pngÉvidemment, on pense à la fin du parcours, cette version du Transbordeur 93 immortalisée dans un inédit Murat Libé live parce que, officiellement, la version était trop longue pour figurer sur l’album. Sans doute aussi faut-il aller chercher du côté d’une guitare volontairement désaccordée par ses potes, pour faire une blague, mais peu importe, cette première longue chanson aura étrenné la tradition de terminer ses concerts par une épopée, sans chronologie, Nu dans la crevasseles jours du jaguar et récemment – hier, encore – Taormina. La fin du parcoursOh assis sur un banc, j’attends– alors même qu’il ne faisait que commencer, l’ironie muratienne n’est jamais loin, comme d’annoncer, d’entrée, que tout est dit (ça reviendra) dans mes chansons. Qu’ont-elles pensé, le 25 avril, les endimanchées, ces deux femmes qu’il a interpellées parce qu’elles quittaient la salle, avant l’heure, ce soir de premier concert ? On a parfois des existences inversées, pour un rien : j’ai failli ne pas y aller, à ce concert, parce qu’un ami m’avait prévenu de la nature bougonne de l’individu. Je ne me suis décidé que parce que ma compagne m’a annoncé qu’elle y allait, avec une amie. J’ai entamé ce soir-là un parcours de vie qui ne s’est finalement fini que récemment, en septembre. C’est mon dernier bal, disait-il il y a 30 ans. C’est bien, ces adieux qui prennent trois décennies, ça donne l’impression d’avoir eu le temps de se préparer, même si ce n’est pas vrai. Elles, les deux, là, ne sont sans doute jamais retournées le voir, sont passées à côté, à autre chose. Mais personne ne les a oubliées. Même en négatif, elles appartiennent au lien défait, cette antiphrase qui fait qu’on n’en aura terminé avec JLM que quand on sera passé du même côté de lui. Adieu, ami, bye-bye. C’est la fin de mes chroniques*, de ces mots qu’il fallait poser sur sa perte. Ma façon – jusque dans la potacherie du titre – de m’approprier, juste un moment, cet homme qui a fait partie de ma vie et que j’ai croisé 23 fois, au total, avec qui j’ai échangé, rapidement parce que je n’aime pas ça, deux-trois mots, à qui j’ai confié un livre et qui a apprécié. Le reste, les hommages, les complaintes, le quant-à-soi, je l’ai dit, ça ne me concerne pas. Je lui ai fait mon petit décalogue impromptu, je peux le laisser partir.

* c'est curieux, je l'écris, mais quelque chose me dit que ce n'est pas vrai.

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09/06/2023 | Lien permanent

Le Bras armé de Jean-Louis Murat.

DLB.jpgJe suis extrêmement triste d’apprendre la disparition de Didier Le Bras, pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’on parle là d’un homme exquis – ce qui ne permet jamais d’échapper à la mort, néanmoins – que je n’ai jamais rencontré mais avec qui j’ai échangé par le biais des réseaux sociaux, d’abord publiquement puis, souvent, en messages privés. Ensuite parce que j’ai découvert, sous un langage délicieusement suranné, un homme profondément marqué par son enfance paysanne, assez dure à ce que j’ai cru comprendre, partagé à égale distance entre deux passions. Le football, en éducateur, dont il dénonçait les dérives individualistes et vénales dans un livre paru récemment : « Foot passion, foot prison », dont il continuait, inlassablement, à enseigner les valeurs collectives et sociétales au Stade Rennais et ailleurs, dans sa Bretagne natale ; Jean-Louis Murat ensuite, une passion que nous partagions, et pour lequel il a entrepris un travail remarquable de somme : son blog – partagé en sept sections ! – est une véritable exégèse du travail de l’Auvergnat, et c’est là que le sujet s’impose de lui-même : que faire d’une telle œuvre, numérique, publique, quand son auteur a disparu ? Quel éditeur – je crois qu’il y avait deux ouvrages en perspective, je ne sais pas s’il les a terminés – prendra le pari (risqué) de la rendre accessible, définitive, historique ? A chaque fois que nous nous écrivions, Didier Le Bras vantait ma qualité littéraire, l’associait à une intransigeance qu’il retrouvait dans les nombreux conflits – j’aime un peu ça, aussi – que j’ai parfois eus avec quelques membres de la Muratie, ces ayatollahs de l’adoration et de l’exclusivité. Il montrait un respect énorme de l’enseignement, des valeurs de transmission et de respect qu’il représentait pour lui et qu’il appliquait, à son échelle, avec « ses petits », comme il les appelait. Le Bras & Murat, c’est un travail commun monumental, sans qu’ils se soient jamais rencontrés, je crois, ou alors avec la discrétion qui leur sied à tous les deux. Murat est orphelin, aujourd’hui, et nous le sommes tous un peu avec lui. La question de son travail – digne d’une thèse d’Etat, entre philologie, topologie, discophilie – reste posée. Je ne connais personne qui ait cette force de travail, de patience et d’abnégation. Tout l’inverse de quelques autres qui gravitent autour du Berger de Chamablanc. Farewell, Didier ! J’aurais aimé te rencontrer.

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07/08/2018 | Lien permanent

Aimez-vous vraiment Jean-Louis Murat, Mr Cachard?

toboggantour2.jpgUn concert de Jean-Louis Murat, ça se chronique à chaud, ai-je toujours pensé. Peut-être parce que, cette année exactement, ça fait vingt ans que je pratique le bonhomme en concert, peut-être parce que, quand on connaît l’artiste, on a l’habitude, disais-je, d’être mené d’une main douce et frappé d’un poing ferme, dans le même temps. Pour filer la parfaite métaphore, je dirais que ça ressemble à du Stéphane Reynaud, qui, depuis 2003, accompagne le bougnat dans ses représentations de lui-même, jamais identiques les unes aux autres, toujours représentatives des strates que Jean-Louis Murat, né Bergheaud, a accepté de montrer de lui-même. Stéphane, qu’il fallut héler deux fois hier  avant qu’il reconnaisse qu’on puisse le préférer lui, dans l’excitation d’après-concert, au chanteur bougonnant, que les habitués connaissent par cœur. Murat, pour les vingt ans que je partage avec lui, est un pan incontestable de ma vie d’homme. Pour autant, jamais je ne négocierai avec lui ou d’autres un quelconque pacte pour connaître de lui, à la fin du concert, s’il a préféré jouer assis, comme hier au Radiant, ou debout comme au concert du Nouvel An à Triffouillis-les-Oies – de préférence en pleine Auvergne, pour les imbéciles heureux nés quelque part – au cours duquel il a joué un titre du premier album, « pressé à 150 exemplaires, qu’il aimerait bien récupérer». Les strates de la Muratie sont tellement impénétrables que j’aime à me les mettre à dos, gentiment – comme au moment de la polémique sur le prix des places – c’est une question de discipline. J’aime Murat, depuis très longtemps, je le vois une ou deux fois par tournée depuis 1993, ce qui pour un artiste qui sort presque deux albums par an commence à faire beaucoup. L’avantage avec lui, c’est qu’un concert de renouveau de tournée (« Toboggan ») ne ressemble en rien au concert du début : la set-list est expurgée des titres du dernier album qui ne s’imposent pas, mieux, on commence par un ouragan, « Fort Alamo », ressuscité de l’abum-phare « Dolores », on passe, à mi-parcours, par l’anachronique « Si je devais manquer de toi », qui rappellent à ceux qui l’ont connu le cheminement quasi-disco du bougnat. Il y a « la Louve », revenue d’un album que peu de gens connaissent. Puis « Ceux de Mycènes », qui auraient dû finir le concert, tant l’intensité a atteint sa quintessence. Un titre issu d’un album, « le Moujik et sa femme », dont je continue de croire que, sans être le meilleur Murat, il a inspiré à Jean-Louis la confiance de jouer seul sur scène – à Mâcon du Dobro, hier de la Stratocaster – accompagné d’une seule session rythmique, hier (métaphorique) composée de Fred Jimenez et de Stéphane Reynaud, hier (réel) du seul SR. Magique dans ses changements de baguette en plein morceau, partagé, parfois, entre la baguette qui caresse et celle qui sanctionne. Tiens, comme son leader, son camarade de jeu… Sur le concert d’hier, honnêtement, rien d’autre à signaler, de mon côté : un rappel que j’ai trouvé faible, avec un « Michigan » qui n’atteindra jamais, pour terminer, l’apocalypse souvent sollicitée par JLM pour donner à ses chansons la dimension neilyougienne que son concert au tabouret aura plus que jamais convoquée : pas au niveau d’un « Jaguar » ou d’un « Nu dans la crevasse » dont on acceptait, au préalable, les douze minutes d’intro guitare. Un concert un peu pépère, à l’image du lieu et du public d’abonnés, qui suffit à situer Murat comme un artiste majeur, dont la prestation étonne et interpelle ceux qui ne le connaissent pas. Les trois écrans composant le fond de scène projettent derrière lui des images d’enfance, de décor naturel et de rivière en crue. Rien d’original, mais de quoi suffire, en plus des lunettes de soleil qu’il a chaussées tout le long du concert, à frapper l’imaginaire de ceux qui veulent lui reconnaître des influences lynchiennes ou bashungiennes – c’est tendance. Pour moi, chez Mumu – vous permettez que je vous appelle Mumu ? – c’est le choix qui fait l’artiste, sans que j’en préjuge ou que j’aspire à autre chose que ce qu’il donne. Qu’il fasse ce qu’il veut est la plus belle des libertés dont il puisse me faire part. et qu’importe que le rappel m’ait déçu, que « Belle » ait finalement été omise de la set-list, je m’en fous, wouhouwouwouwouh. Homme de peu de paroles, hier, il a clashé Aulas et l'Olympique Lyonnais - "à force d'embaucher des peintres, on finit par faire de la peinture", ça m'a suffi. Là où Murat sera, prochainement - dans les banlieues élargies qu’il me fait visiter - je serai. Jamais vingt fois dans une tournée, non. Mais une fois, sinon deux, dans chacune de ses vingt tournées, oui.

Merci à Eric Martin, pour tout.

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09/10/2013 | Lien permanent

Les Choeurs de l'Armée bougnate.

jlm.jpgUn nouveau Jean-Louis Murat, c’est un non-événement, puisque le bonhomme a une production de stakhanoviste, chaque année apportant son album, voire deux. Mais là, la parution de « Babel », double album – et triple vinyl de toute beauté – marque une étape importante dans la carrière du Bougnat, puisque après Lilith en 2003, et avec l’aide du Delano Orchestra, un groupe de la région, Murat s’engage sur vingt titres marqués par la topologie (Chamablanc, le Col de Diane, le Chambon et la direction du Crest sont convoqués, le Vendeix et le Sancy aussi ) à mener l’auditoire dans un road-trip américano-auvergnat avec la distance poétique et la dérision dont lui seul est capable, puisque rien ne l’oblige, ni la quête du succès, ni l’idolâtrie dont il est parfois victime. Alors, Murat mêle, dans ses textes, le lien viscéral de sa vie paysanne et ses voyages intérieurs, amoureux ou exotiques. L’homme avait déjà chanté la « Taïga » à Nashville, il la ramène ici dans son « Chant Soviet » ou dans « la Chèvre Alpestre », crée des ponts entre des titres anciens  - via la rhubarbe ou la violette -  et les nouvelle

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13/10/2014 | Lien permanent

Un Dom s'immisce...

Petite capture d'écran sur le site du Salon du Livre de Dijon, qui aura lieu fin novembre... D'ici là, il se sera forcément passé quelque chose, entre Lyon et Genève, sans même le train bleu de Jean-Louis Murat. Il faudra par contre que j'intervienne rapidement sur la graphie choisie, le Dom de Dom Juan, qu'elle soit ainsi respectée.

 

dijond.jpg

 

 

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20/10/2009 | Lien permanent

Grand lièvre sain.

Image 13.pngDrôle d’appareillage que ce « Grand lièvre », vingt-et-unième album (le décompte se conteste) de Jean-Louis Murat, celui dont j’ai déjà beaucoup parlé ici - sans en faire une constante non plus – ce qui m’avait valu pour cet article une fréquentation record de mon blog intimiste, la rencontre avec  des personnes qui avaient réagi et un message du bougnat lui-même pour me remercier de la qualité d’un article qui avait sans doute, pour lui, le mérite de ne pas être écrit par un journaliste…  Sa lecture de « Tébessa », également. J’écoute « Grand Lièvre », donc, depuis la mi-journée, sans en avoir rien lu avant, et j’ai comme première impression d’écouter un croisement entre plusieurs des vies musicales de Murat. Un peu comme si « A Bird on a poire », album dont il avait confié la réalisation musicale à son complice et bassiste Fred Jimenez, avait croisé « Murat en plein air » , le « Moujik » et quelques-uns des vieux morceaux de "Cheyenne Autumn". J’élude volontairement les grosses productions que sont « Mustango » et « le Cours ordinaire des choses », américaines jusqu’au bout des doigts des musiciens de Nashville, pour ce dernier. Murat, dans « Grand lièvre », revient à quelques-unes des chansons terriennes auxquelles il nous a habitué, mais il y mêle un esprit pop dans les chœurs, principalement, qui contrecarrent à intervalles très réguliers les refrains désabusés sur le temps qui s’éloigne, les amours qui déçoivent, les paysans qui doivent vendre les prés. Un peu de scratch aussi, pour quelques touches électro que reprend l’orgue de Slim Batteux. Murat se joue de propos sur la Grande Guerre, sur la 2ème, le chaos qu’elles ont entraîné (« sans pitié pour le cheval ») par le biais d’un texte lu en voix coda ponctué des « la, la, la, la » de ses complices. De dialogues de films samplés.  Voire de Kiki et de qui, qui, qui ? sur « le champion espagnol »… Les crédits sont a minima, on sent l’album « à la maison », en famille. Avec ses deuils (Alex & Nancy, Rémi) ses renoncements et ses assurances. Il manque Clavaizolle, mais Murat continue son « en plein air » en ancrant ses textes sur les lieux qu’il habite, et l’inverse. Joue sur des fausses pistes, semble parler de lui en « garçon de la montagne qui n’était pas paysan », élude en prenant quelques intonations du Murat monstre public (« Mais qu’est-ce que ça veut dire »), sans compter ce qu’il énonce sachant qu’on le contredira : « je dois être ignorant ». Pirouette rhétorique. Comme les alternances faites de patois, de résurgences médiévales et de mythologies, pas toujours suivies (quelle novlangue pour « Amilumba, Amilumbao » et « Ro to fa ki » ?). Mais c’est Murat, ce ne peut être linéaire, et je n'ai pas forcément envie de tout savoir. Sa douze cordes fait merveille sur un basse/bat’ très « au fond » (eh, je sors de cinq mois de studio !) qui fait l’identité profonde du disque. Et annonce une tournée avec la formation qui lui sied le mieux. « Grand lièvre » laisse aux premières écoutes le goût d’une belle entrée en matière et de deux « chansons » plus cadrées et plus impactantes (je voulais placer ce mot débile pour essayer, je l’enlèverai demain, sans doute), « les rouges souliers » et « Vendre les prés ». Dommage, dès lors, qu’il les ait livrées avant , sur le Net. Dommage aussi que « Vendre les prés » rappelle « la complainte du paysan français » de la tournée 2000. Mais Murat est essentiel, quoi qu’il fasse et quoi qu’on en dise : deux ans sans rien sortir, chez lui, c’est inhabituel, mais si ça lui a permis de rester à la maison avec des amis et de nous en faire bénéficier après, je n’ai qu’un mot, amical, à dire : qu’il y reste, le Jean-Louis, qu’il y reste. A l’exception des dates qu’il va faire et où j’irai le voir.

 

 

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26/09/2011 | Lien permanent

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