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09/10/2013

Aimez-vous vraiment Jean-Louis Murat, Mr Cachard?

toboggantour2.jpgUn concert de Jean-Louis Murat, ça se chronique à chaud, ai-je toujours pensé. Peut-être parce que, cette année exactement, ça fait vingt ans que je pratique le bonhomme en concert, peut-être parce que, quand on connaît l’artiste, on a l’habitude, disais-je, d’être mené d’une main douce et frappé d’un poing ferme, dans le même temps. Pour filer la parfaite métaphore, je dirais que ça ressemble à du Stéphane Reynaud, qui, depuis 2003, accompagne le bougnat dans ses représentations de lui-même, jamais identiques les unes aux autres, toujours représentatives des strates que Jean-Louis Murat, né Bergheaud, a accepté de montrer de lui-même. Stéphane, qu’il fallut héler deux fois hier  avant qu’il reconnaisse qu’on puisse le préférer lui, dans l’excitation d’après-concert, au chanteur bougonnant, que les habitués connaissent par cœur. Murat, pour les vingt ans que je partage avec lui, est un pan incontestable de ma vie d’homme. Pour autant, jamais je ne négocierai avec lui ou d’autres un quelconque pacte pour connaître de lui, à la fin du concert, s’il a préféré jouer assis, comme hier au Radiant, ou debout comme au concert du Nouvel An à Triffouillis-les-Oies – de préférence en pleine Auvergne, pour les imbéciles heureux nés quelque part – au cours duquel il a joué un titre du premier album, « pressé à 150 exemplaires, qu’il aimerait bien récupérer». Les strates de la Muratie sont tellement impénétrables que j’aime à me les mettre à dos, gentiment – comme au moment de la polémique sur le prix des places – c’est une question de discipline. J’aime Murat, depuis très longtemps, je le vois une ou deux fois par tournée depuis 1993, ce qui pour un artiste qui sort presque deux albums par an commence à faire beaucoup. L’avantage avec lui, c’est qu’un concert de renouveau de tournée (« Toboggan ») ne ressemble en rien au concert du début : la set-list est expurgée des titres du dernier album qui ne s’imposent pas, mieux, on commence par un ouragan, « Fort Alamo », ressuscité de l’abum-phare « Dolores », on passe, à mi-parcours, par l’anachronique « Si je devais manquer de toi », qui rappellent à ceux qui l’ont connu le cheminement quasi-disco du bougnat. Il y a « la Louve », revenue d’un album que peu de gens connaissent. Puis « Ceux de Mycènes », qui auraient dû finir le concert, tant l’intensité a atteint sa quintessence. Un titre issu d’un album, « le Moujik et sa femme », dont je continue de croire que, sans être le meilleur Murat, il a inspiré à Jean-Louis la confiance de jouer seul sur scène – à Mâcon du Dobro, hier de la Stratocaster – accompagné d’une seule session rythmique, hier (métaphorique) composée de Fred Jimenez et de Stéphane Reynaud, hier (réel) du seul SR. Magique dans ses changements de baguette en plein morceau, partagé, parfois, entre la baguette qui caresse et celle qui sanctionne. Tiens, comme son leader, son camarade de jeu… Sur le concert d’hier, honnêtement, rien d’autre à signaler, de mon côté : un rappel que j’ai trouvé faible, avec un « Michigan » qui n’atteindra jamais, pour terminer, l’apocalypse souvent sollicitée par JLM pour donner à ses chansons la dimension neilyougienne que son concert au tabouret aura plus que jamais convoquée : pas au niveau d’un « Jaguar » ou d’un « Nu dans la crevasse » dont on acceptait, au préalable, les douze minutes d’intro guitare. Un concert un peu pépère, à l’image du lieu et du public d’abonnés, qui suffit à situer Murat comme un artiste majeur, dont la prestation étonne et interpelle ceux qui ne le connaissent pas. Les trois écrans composant le fond de scène projettent derrière lui des images d’enfance, de décor naturel et de rivière en crue. Rien d’original, mais de quoi suffire, en plus des lunettes de soleil qu’il a chaussées tout le long du concert, à frapper l’imaginaire de ceux qui veulent lui reconnaître des influences lynchiennes ou bashungiennes – c’est tendance. Pour moi, chez Mumu – vous permettez que je vous appelle Mumu ? – c’est le choix qui fait l’artiste, sans que j’en préjuge ou que j’aspire à autre chose que ce qu’il donne. Qu’il fasse ce qu’il veut est la plus belle des libertés dont il puisse me faire part. et qu’importe que le rappel m’ait déçu, que « Belle » ait finalement été omise de la set-list, je m’en fous, wouhouwouwouwouh. Homme de peu de paroles, hier, il a clashé Aulas et l'Olympique Lyonnais - "à force d'embaucher des peintres, on finit par faire de la peinture", ça m'a suffi. Là où Murat sera, prochainement - dans les banlieues élargies qu’il me fait visiter - je serai. Jamais vingt fois dans une tournée, non. Mais une fois, sinon deux, dans chacune de ses vingt tournées, oui.

Merci à Eric Martin, pour tout.

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