30/10/2021
62.
Il leur fallait un concert comme ça, aux Noz, un vrai, dur, sauvage, avec un Xavier Desprat aux commandes qui n’aime rien tant que le son envoie du bois. Le Voyage de Noz était en concert au Radiant-Bellevue, hier, deux ans après qu’ils sont venus présenter leur album « le début, la fin », ou l’inverse, c’est selon. Là, ils venaient défendre l’amour, leur dernier album, dont il semblerait, selon eux, qu’il fût, avec ou sans le subjonctif imparfait, et qu’il menace de ne plus être, dans ces sociétés pré-mâchées, sur-protégées, qui incitent, on le dit, à ne plus rien risquer, et surtout pas (plus) sortir, aller en concert, retrouver de vieux amis, et profiter de ce que la musique fait de mieux, rassembler ceux qui ont envie de suivre, dans la permanence, l’idée qu’ils sont encore vivants, et bien vivants. Niveau capillaire, le chanteur continue de se frotter les cheveux comme avec une lotion qui ferait tomber ceux de son bassiste, puisque Pedro (l’âne), on le sait, ralentit la chute des cheveux. On vient par le train, comme ils disent, de loin ou de la proche banlieue, parce qu’on s’est excentré, à la cinquantaine. Les Noz n’en ont cure et balancent, dans l’ordre et dans l’intégralité, les dix-huit titres de leur dernier opus: ça va de l’apocalyptique - et stroboscopique - titre éponyme jusqu’aux excuses que l’auteur présente, non pas au public mais au double autobiographique qu’il s’autorise dans cet album, jusqu’à se nommer lui-même pour mieux se dédouaner. Le concert est linéaire, mais le groupe est plus conséquent que jamais, Pétrier laisse plus de place qu’il en a jamais laissé, à Marc Baujard, le guitariste, pour le « Je préfère qu’on reste amis » ou à Nathalie, pour « la chambre d’hôtes ». Il faut le voir, Stéphane Pétrier, ce show-man unique, mille fois recensé ici, se mettre en retrait pour laisser le texte prendre le dessus. On comprend vite - nonobstant les habituelles bécasses qui jacassent plus fort que la musique - que ce concert sera du même acabit que celui du Ninkazi, quand ils étaient venus jouer « Bonne Espérance », en entier et de façon unique. Trente-cinq ans que ces hommes-là entretiennent la passion, disait Pétrier, la veille. Leur manifeste amoureux, romantique en diable (mais dans les quatre éléments du mouvement, l’amour, la mort, le temps et l’élément naturel) se vérifie de bout en bout, Stéphane Thabouret n’a plus d’autre souci photographique que de poser entre deux tours jumelles, le rappel de vieux titres - intégrant la Tempête, shakespearienne en diable - ne leurrant personne de sensé : il s’est encore passé quelque chose avec les Noz, et c’est toujours inattendu. Je peux (re)partir tranquille, ils m’ont donné, comme à chaque fois, la force de revenir. Dans leur thématique, il y a une zone (libre) entre le train qu’on prend et celui dont on s’excuse de ne l’avoir pas pris. On en est tous là, quand on est conscient. Mais la conscience ne se décrète pas, elle se mesure. Et j’ai fait encore un sacré bout de chemin avec ce groupe fondateur de mon âge d’homme. J’irai vérifier ça à la prochaine date.
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29/10/2021
63.
En 1986, mon histoire avec Marie-Ophélie n'a pas dépassé le stade des lettres enflammées qu'on s'était envoyées l'été, et ça n'est rien de dire qu'elle l'a très mal pris. Mais mon coeur était déjà occupé, même s'il m'a fallu attendre trois ans de plus pour que cette jeune femme s'inscrive - très durablement - dans ma vie. On achetait des pirates chez Bouldingue ou JPC, on allait boire des coups après les entraînements de basket, manger des pizzas au Popolo, on rentrait du concert de Simple Minds à Grenoble sous une tempête de neige, en 2CV, sans savoir comment monter à La Croix-Rousse. En 1986, j'écrivais encore à Marie-Pierre Dussaux, cette correspondante avec qui j'ai grandi, de nos 14 ans jusqu'à nos 25, des centaines de lettres que j'ai gardées, là aussi. Ça dit tout d'une époque, les correspondances, ça inscrit surtout celle qu'on vit dans un vide lipovetskien. Mais en 86, surtout, se préparait (déjà) le grand remplacement: à Limonest, fin décembre, la veille de mon anniversaire, je vivais mon premier concert d'Aurelia Kreit. Et deux mois après, au Vaisseau Public, celui du Voyage de Noz. Les similitudes étaient grandes, et nos morgues d'angry Young men se chargeaient d'ironiser un peu. On ne savait pas que l'année d'après, Pétrier chanterait avec eux les Jardins d'Ellington à la fête de l'INSA, qu'ils joueraient encore ensemble en ouverture du dernier groupe soviétique (ça situe!), avant que les Kreit se séparent, que les Noz continuent, que les deux groupes se retrouvent trente ans après, que le Voyage se poursuive ce soir au Radiant. Oui, "en 35 ans, tout a changé, sauf la passion." Mais si je suis la logique (capricieuse) du temps, il faudra retrouver Aurelia d'ici peu.
Photo des protagonistes, 35 ans après. Copyright : Stéphane Thabouret
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28/10/2021
64.
C’était à prévoir: deux jours (de repos) après la première, sans Générale, j’ai une irrépressible envie de défendre et présenter mon Contrebrassensiste sur scène, en mieux. Ça tombe bien, la demande existe.
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27/10/2021
65.
La chronique d'Olivier Melville (de l'Ambidextre) sur la soirée d'hier:
Évidemment, on dira qu’il a parfois parlé un peu vite, dans les énumérations, surtout, qu’on n’a pas toujours pu profiter du propos, technique, musical ou amoureux, puisqu’il est question de (tout) ça dans son « Contrebrassensiste », un de ces chemins de traverse dont Bernard Lonjon, le directeur scientifique du Centenaire dit que Brassens aurait aimé. C’est le seul moment, après deux-cents spectacles, où l’on ait évoqué aussi directement le fidèle contrebassiste de Brassens, sinon l’excellente contrebassiste du projet Contrebrassens (essayez de dire cette phrase à voix haute et à toute vitesse !). C’était une première, due à un pari un peu fou, que Lonjon a expliqué en présentation du spectacle : une rencontre inopinée au marché forain, une discussion et un pari. Qu’il a fallu tenir hier soir, devant un beau parterre : lui qui aurait signé pour une trentaine de convives est monté sur scène devant plus de quatre-vingt-cinq personnes, dixit le maître des lieux. De quoi, dira l’auteur après coup, regretter les inévitables défections et déceptions qui auraient permis d’exploser le compteur et qui sait refuser du monde. On s’est pressé – un peu trop – dans les escaliers du Roquerols, ce bateau-phare qui abrite les événements Brassens depuis mai, jusqu’en décembre. Il avait pourtant prévenu, Laurent Cachard, c’était une lecture-théâtrale, il n’est pas comédien, il ne faudra pas venir se plaindre après… Il faudra lui dire ce matin qu’au sortir des urnes, on lui a trouvé, dans le désordre, un charisme certain, une très bonne diction, un sens aigu du cabotinage, aussi, quand il s’est agi de tourner autour de la grand-mère, de la cajoler, de lui reprocher tout un tas de choses, aussi. Mais d’en faire ressortir la sensualité, dira cette dame. Une autre annonce qu’elle a traversé la France, pas pour lui, mais pour la semaine Brassens et que sur le papier, c’est le premier spectacle qu’elle a choisi. Une troisième est elle-même contrebassiste, elle est venue voir un collègue sur scène, s’est ruée sur le livre – belle édition de l’An Demain – et compte l’épuiser et le conseiller. Tous sont ravis, restent longtemps après au bar du bateau, à refaire le monde. L’auteur est fatigué, compulse nerveusement deux-trois photos et vidéos, en efface, comme d’habitude, les trois quarts, mais ne comprend pas l’essentiel : on peut ne pas aimer se voir soi – un paradoxe, quand on monte sur scène – et donner du plaisir aux gens. Que lui manque-t-il, après tout ? Un comédien qui le remplace, un metteur en scène qui organiser tout ça ? Il le sait, répond qu’à force de solliciter dans le vide (il est auteur de trois pièces de théâtre éditées, dont un Dom Juan en alexandrins !), il finit par se les servir lui-même, ses textes. Et il a bien raison : il y a dans la salle un amateur, qui monte des pièces, joue lui-même, annonce, dans la discussion, qu’il se verrait bien le faire travailler, lui, de par sa présence scénique. Ou bien s’approprier le monologue, le dire lui-même. Cachard ne sait rien de tout ce qui s’est passé là : quand on est sur scène – « Parce que la scène, c’est comme la vie, y’a ceux qui brûlent les planches et ceux qui regardent. » - ou dans les loges, on ne présume pas de ce que la pièce a laissé. Il y aura toujours meilleur comédien que Cachard. Mais ils joueront peut-être du Cachard, à l’avenir, quand l’ordre des choses aura été rétabli. O.M Photos : Valérie Coulet-Lonjon
Contrebrassensiste, de Laurent Cachard, Ed. l'An Demain, 8€ // en vente sur le Roquerols ou sur http://www.blonjon.com/librairie-catalogues.ws
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26/10/2021
66.
C'est donc ce soir, pour clore la journée, que je donnerai une lecture théâtrale de mon Contrebrassensiste (ou la moustache de Pierre Nicolas), une pochade conçue comme un pari avec Bernard Lonjon, le directeur scientifique du Centenaire, qui me conduira pourtant, à 20h30, sur une belle scène d'un beau cabaret. J'ai reçu hier le déroulé technique, du "Get In" (véridique) à la scène, en passant par les balances et le repas avec les techniciens (j'imagine). Je remonte le cours de ma vie, ces moments que j'ai créés en souhaitant, le jour J, sous l'effet du trac et d'une certaine incongruité, qu'ils passent le plus vite et le mieux possible. De ma première lecture, habitée, dans la cour de la maison de Pigny, en 1999, aux cent "Je me souviens" égrenés sur l'immense scène de l'amphithéâtre de Dardilly. Il y eut les "Littérature & Musique", également, qui renaîtront début novembre. Ce soir, pour mes trois petits quarts d'heure de célébrité, je vais prendre mon temps, respirer, poser ma voix, faire rire - c'est l'objectif - et apprécier le clin d'oeil: ce que je peux avoir de commun avec Brassens, c'est d'apprécier les chemins de traverse. La question actuelle, dans sa ville, c'est : aurait-il apprécié toutes ces cérémonies? C'est très immodeste, mais je suis près à parier qu'il aurait aimé qu'on parle de son Pierre Nicolas. Peut-être même serait-il venu, peut-être même sera-t-il là.
07:16 Publié dans Blog | Lien permanent
25/10/2021
67
09:36 Publié dans Blog | Lien permanent
24/10/2021
68.
Ou mon année de naissance : pour relativiser, je fais ma revue de presse du matin, entre un extrait de la Supplique chantée en 1967, et un terme imaginé pour la lutte contre le réchauffement climatique en 2100.
09:22 Publié dans Blog | Lien permanent
23/10/2021
69.
- Merlin?
- Enchanté.
19:17 | Lien permanent