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22/04/2015

La lettre.

La lira-t-elle de nouveau, cette lettre d’antan, risquera-t-elle d’être déçue par ce qu’elle avait trouvé si beau, quand chacun de ses mots la concernait au plus intime ? Elle s’en saisit, la palpe : on savait en la soupesant si une lettre allait prendre du temps (de lecture), et s’inscrire dans la durée. A l’époque. Même ses émois d’adolescente avaient volé en éclat, dans l’impatience qu’elle avait de se libérer un espace et une durée, au moment où elle la recevait, la lettre. Des excuses bafouillées, des escaliers montées quatre à quatre, rien ne pouvait en retarder la lecture, la mesure des promesses. Chacun des signes qu’il lui faisait, le moindre sous-entendu. Qu’est-ce qui conditionne un tel bouleversement, chez quelqu’un de sensé ? À quel point doit-on craindre un jour que tout ce qu’on a patiemment construit explose en plein vol ? 

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21/04/2015

Ma banquière (sexies).

Je m’étais apprêté, pour mon rendez-vous, aujourd’hui, avec ma banquière : elle m’avait bien précisé, la dernière fois, que celui-ci durerait longtemps, qu’il faudrait tout étudier, tout éplucher du compromis, des assurances du prêt, des conditions spéciales, en petits caractères, qui excluent le risque de guerre, de suicide, d’actes de terrorisme, de provocation d’émeutes ou de mouvements populaires : sans le savoir en amont, j’en ai donc terminé, le 21 avril de l’an deux-mille quinze, avec mon passé d’agitateur et de recordman de sauts en parachutes non homologués. Avec une pointe de nostalgie vite balayée par la présence irradiante, devant l’agence, de ma banquière en train de fumer une cigarette, avant de rentrer dans l’arène. Elle aussi a fait le grand jeu : une robe noire qui moule parfaitement ses formes longilignes, des bas dont la résille dessine la forme envoûtante d’un cobra de la place Jema El Fna. Ça tombe bien, pour la première fois, en prenant prétexte de mouvements périlleux sur mon compte-courant, liés aux tractations solides menées dans le zouk, elle me confie sa vision du Maroc, terre paternelle, son rapport au pays d’origine, ses mutations, les craintes et les espoirs inhérents . Mais bon, on n’est pas chez Imad, et ce sera 2,10, point final et sans thé à la menthe. En repenti de la phobie administrative, après avoir renversé mon appartement, j’ai apporté tous les documents qu’elle m’avait demandés la fois d’avant : j’en tire une fierté quasiment égale à celle éprouvée quand j’ai déposé le montant de ma bourse d’écriture. C’était il y a longtemps : notre histoire dure, déjà. On affine tout, ses doigts manucurés parcourent le clavier, elle utilise des expressions que je valide en hochant la tête, l’harmonie est partout, dans ce bureau, dont je sortirai anobli, potentiel propriétaire : un bon parti, en somme, encore potable physiquement, mystérieusement poivre et sel, écrivain à succès (au chocolat), bientôt marin… J’évoque l’assurance à venir de mon scooter sétois et là, c’est le drame : elle me parle de son fiancé, du stage de formation qu’il a dû suivre parce que son permis voiture était trop ancien… Je ne l’écoute pas, perdu dans les limbes de mon marasme. J’ai donc un rival, d’un coup, la bague scintillante qu’elle porte prend une autre signification. Je reste digne, quand elle aborde la question du PEP ou de l’attestation notariée, mais je n’y suis plus guère : elle n’a pas cillé quand j’ai augmenté mon apport, pour l’impressionner, je me dis que la distance qui va s’instaurer entre nous, même si elle m’a fait jurer de lui rester fidèle, risque de nous être fatale, si le champ est laissé libre à l’autre. Bah, dans toutes les tragédies, il faut un amant et un amoureux, un homme qui aime, un autre aimé en retour. En partant loin, je renforce mon mystère, ma légende. Au pire, je prorogerai ma garantie décès, et l’attendrai au-delà du 31 décembre de mon 85ème anniversaire, comme le stipule l’article 4-1 de l’assurance emprunteur des prêts immobiliers aux particuliers.

NB: merci de prononcer la composante du titre dans son latin d'origine, qu'on ne m'accuse pas de harcèlement.

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20/04/2015

The Voice.

Quand on se met à chanter des chansons qu’on a apprises enfant, qu’on double ça de quelques coupes de champagne, il y a cette toute puissance prise sur le temps qui, en revanche, nous fait oublier, l’espace d’un instant, combien on chante faux. Mais quand on en arrive, via la mémoire, à reproduire les mêmes breaks qu’en live à Central Park, en 1981, quand en plus de ça, on sent la présence de l’autre comme dans un duo qui se serait multiplié, même les chèvres de l’Atlas tendent l’oreille, indulgentes, et font le lien : cette p…. de permanence.

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19/04/2015

L'étranger.

Au bout du compte, la question se pose : devenir, le temps d’une parenthèse, l’occidental aisé qui va se faire servir loin de chez lui dans des endroits paradisiaques, ou l’individu conscient qu’une telle mainmise de l’argent valide l’inégalité. Dans le même temps, la ressource principale du pays étant le tourisme, la culpabilité ne doit-elle pas s’arrêter là où seuls la politesse et le remerciement lui répondent ? Rester l’étranger n’est-il pas inéluctable quand on voyage ? Dans la même année, les nouveaux colons rencontrés là-bas ont offert à leur domestique un âne (prénommé Mercedes) pour rentrer chez lui, et un baptême de l’air, à près de quatre-vingts ans. Lui n’échangerait sa place pour rien au monde, et bon nombre des habitants de son village la lui prendraient bien, a contrario. C’est ainsi que se fonde le cercle vicieux de la soumission et de la dépendance : quand on n’a aucun intérêt à ce qu’elles s’arrêtent.

17:16 Publié dans Blog | Lien permanent

12/04/2015

Retour à la nature.

Quatre jours, déjà, dans un endroit sans électricité, alors Internet... En d'autres temps, j'aurais parcouru le Maghreb en entier pour trouver une solution, mais je n'en suis plus là et heureusement. J'apporte des livres,  un petit cahier noir que je remplirai d'impressions, de chansons, de jalons pour la suite. Je vous parlerai à mon retour de Gabrielle, qui prend vie grâce au travail des membres de l'atelier de Divonne, de mon changement de décor et tout ce qui en découlera dans mon rapport à l'écriture. Mais là, jusqu'à dimanche prochain, c'est férié. Au sens de la feria: on se réjouit.

07:12 Publié dans Blog | Lien permanent

11/04/2015

XR.

XR Sandro.jpgPuisque d’ici quelques mois, je vivrai loin de chez moi, et puisque j’ai tardé à faire agrandir et encadrer une magnifique photo de Sète que j’ai prise l’année dernière, avec le ciel pour allié et le divin pour instant, eh bien j’inverserai les rôles, puisque Sandro a pris, d’un endroit déjà dédié au Sacré – la salle de danse sous les toits de l’Opéra – une photographie de ce quartier où je suis né, où j’ai passé mon enfance et nourri mon écriture. Je l’aurai sous les yeux, en grand format, signé et numéroté, tous les jours, chez moi. L’autre chez moi.

15:45 Publié dans Blog | Lien permanent

10/04/2015

Philistins.

Cette étude de notaires, somptueuse, dans laquelle les compromis sont signés avec des Bic finissants, est-ce là la fin d'un monde de privilèges?

18:50 Publié dans Blog | Lien permanent

09/04/2015

Un (autre) Gervaise.

Ironie du sort, c’est un paysage maritime, mais pas des mêmes rivages, qui ornera bientôt un des murs blancs qui m’attendent dans l’île singulière.

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17:59 Publié dans Blog | Lien permanent