15/05/2014
Tamdadamdadam.
Il y a toujours, dans chaque déménagement, ce cri muet qui retentit en soi, nous exhortant à faire volte-face: il s'est passé tellement de choses, ici, tu ne peux pas les fouler au pied! Je ne foule rien, c'est acquis. Mais je pars. Pas aussi loin que je l'aurais voulu, mais je pars. Et, surtout, je ne me retourne pas.
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14/05/2014
Lire/Ecrire.
Douloureux corollaire du travail de titan fourni sur l'écriture du roman, en plus de ce que j'ai à faire par ailleurs, je ne lis plus. Des périodes que je connais, qui ne devraient pas m'inquiéter tant il me suffira, un jour, de reprendre un livre pour que ça revienne, mais l'impression désagréable de faire partie de ceux qui se disent que ça ne sert à rien. D'autant que j'ai une mini-anthologie d'auteurs suisses de mes amis à lire, le "Malenfance" de Thomas Sandoz, "les Mensch" de Nicolas Couchepin. Ils sont là, sur mon bureau, le même qui changera de place samedi. La semaine prochaine, tiens, j'aurai écrit une des deux chroniques que je me suis promis de faire sur ces romans-là. Pas parce que c'est eux: parce que c'est moi.
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13/05/2014
Saturation.
Le Bukowski du deuxième étage aura donc protesté vivement, de 1h30 à 2h45, contre mon déménagement à venir, à grands renforts de hurlements et de coups sur les portes. Pour autant, je pars sans regrets: les quatre heures de sommeil qu'il m'accorde régulièrement me montrent que notre histoire n'était pas possible.
18:18 Publié dans Blog | Lien permanent
12/05/2014
Perché.
C’était la cinquième du C,V&H’s Band, hier, à l’Atmo, et à voir la banane affichée par l’arrangeur et directeur musical du quatuor, après, je peux avancer – vu l’exigence du bonhomme – que c’était plus que réussi, avec un spectacle qui s’approche au maximum de ce qu’on voulait en faire à l’initiale, après quelques tâtonnements. Perché sur mon tabouret, au cœur même de l’arc de cercle, sur l’espace restreint du lieu, véritable scène, tout de même, avec un éclairage qui fait qu’on devine les quarante-sept personnes venues hier après-midi plus qu’on les voit réellement, j’ai eu de ces temps de suspension qui font qu’un instant est magique par son intensité, qu’on vit en pleine conscience, comme dans les trois quarts des histoires dont je lis des extraits. L’exercice est rodé, mais novateur à chaque fois : hier, en famille, j’avais annoncé des surprises, mais la première fut la salve d’applaudissements quand je suis entré sur scène, seul, pour dire la première scène de la deuxième pièce de ma trilogie théâtrale à paraître, sur le travail. Le recueil s’appellera, finalement, « Trois Huit », comme prévu initialement, et la deuxième pièce s’intitule « A pleines dents ». J’obtiens rapidement des rires dans la salle, c’est gratifiant pour une pièce au comique grinçant, fondée sur l’absurde de la conversation et le quiproquo des mots. J’annonce Eric, qui vient chanter « Faire l’hélicoptère » et « Pas loin de la cinquantaine », le début est toujours un peu hésitant, puis il prend ses marques, prémisses d’un bon concert à venir. C’est Pauline qui le rejoint pour « Orages », seule au piano, et « l’Ecole Buissonnière », accompagnée par son père : deux morceaux de la comédie musicale, qui font mouche, et génèrent de forts applaudissements. Elle les a chantés avec douceur et justesse, sans forcer, ce que je lui avais un peu reproché, à la balance : c’est dans ce ton-là qu’elle passe, et l’ensemble a déjà de l’allure, avant que je ne raconte la genèse de cette aventure de « Trop Pas ! » - plus grande catastrophe industrielle de Rhône-Alpes avec le stade des Lumière, ose-je, mais une expérience humaine inégalée – dont l’immense mérite aura été de rapprocher, artistiquement, Gérard Védèche et Eric Hostettler. J’appelle Gérard, The Scientist, puis Clara, la petite, pas si petite mais petite quand même, pour nous. Clara et ses Tontons flingueurs, un officiel, deux remplaçants. Clara dont les parents et grands-parents sont dans la salle, qui s’installe à ma droite, toujours, à portée d’archet. Les cinq titres de notre session s’enchaînent, millimétrés, comme d’habitude, « Au-dessus des eaux et des plaines », son harmonie Dobro-violoncelle, met des frissons et, p…., ça passe au dixième de seconde près, juste après l’extrait de « la partie de cache-cache », puis tout s’équilibre, « Quantifier l’amour », « les perdants magnifiques », pour lesquels Dgé a abandonné le lap-steel, peu convaincant à son goût pour une deuxième guitare folk et ses phrases harrisonniennes , dont lui seul a le secret. « « Ton Egide » - dans les pleins, dans les creux, dans les vides. Je savoure, je sais que l’ensemble impressionne, et les réactions de la salle – des applaudissements après ma phrase, tirée de « Marius Beyle », sur la différence entre le sentiment et l’émotion – me montrent que je fais bel et bien partie du lot. On clôt, comme à l’habitude, cette partie du set sur « Tébessa », in situ sur les pentes de la Croix-Rousse, et « l’Embuscade » , par laquelle cette folle aventure a commencé, il y a cinq ans. On pleure dans la salle, mais c’est de joie, petite victoire sur l’absurde de la vie. Je fixe les projecteurs pour ne pas pleurer, Samentha Barendson, à la fin du concert, me conseillera de sourire un peu plus sur scène, avant de concéder que je suis finalement plus sympathique que j’en donne l’air. Fréderick Houdaer, présent aussi, est impressionné par le spectre, large, de l’exercice, c’est bien. Parce qu’avant qu’on retombe, et qu’on ouvre le bar, après l’Embuscade, il y eut le quart d’heure Camille, avec l’invité de marque, Sandro Secci, qui vient jouer, pour la première fois en public, la sublime « Valse, Claudel » qu’il a composée à partir de la nouvelle. Ciliegina sulla torta, n’en déplaise au même Houdaer qui attendra pour se désitalianiser, Clara l’accompagne, dans un véritable impromptu puisqu’ils n’auront répété, en tout et pour tout, qu’une petite heure, la veille. C’est un cadeau au projet, un atout, une avancée dans la qualité, aussi. On touche à la fin du spectacle, mine de rien, il fait une heure et demie, désormais, entre les lectures et les chansons, on termine, Clara et moi sur Camille & Bach réunis, pour emporter le morceau, remercier chacun des membres de cette famille élargie, dont l’étape, la veille, « Littérature, musique, ping-pong et barbecue » aura encore resserré les rangs, si c’était possible. C’est l’heure des éloges, et pour un écrivain, le fait qu’ils soient partagés est un bonheur indéfinissable. Dans Kronix, l’autre jour, Chavassieux écrivait : « Cachard, c'est littérature et musique parfaitement combinées. Entre spectacle musical, chanson, lecture et poésie, entre jubilation et recueillement, un équilibre étonnant, à découvrir. Il n'existe rien de comparable. » La fierté vient de là, oui. On prend un verre avec chacun des amis qui sont restés, des têtes connues, d’autres moins, parce que l’instant leur a plu, nous non plus, on n’a pas envie de partir. Alors on reste, on glane, au comptoir, un petit « Pêcheur de centimes » improvisé et un tidadadam de plus, histoire de nourrir le mythe. Puis on se quitte, parce que c’est dimanche, hein ! Mais dimanche prochain, et j’ai oublié, bêtement, de le dire au micro, je serai avec Clara, en mano a mano, sur la scène du Cabaret Poétique, à 17h, au Périscope. Avant de retrouver les deux autres pour un concert privé, vendredi 23, et deux jours de résidence, juste après, pour finaliser la captation de ces moments uniques. Comme la promesse faite à Aurélia, dont j’ai lu un passage sur l’Ukrainité qui a résonné curieusement, dans la salle, mais dont la petite musique m’a convaincu que j’étais dans le vrai, qu’elle continuera, plus que mon œuvre, le chemin que je me suis tracé et qui me convainc que je ne me suis pas trompé.
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11/05/2014
Thé dansant.
C'est tout à l'heure!
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10/05/2014
Ma Banquière.
Impossible de ne pas penser à Houdaer quand je vais voir ma banquière. Ses poèmes, dans Engeances, ont conditionné le regard de quiconque les aura lus. Mais j’ai cet avantage sur lui que ma banquière à moi est une des plus belles femmes du monde : c’est simple, c’est le sosie de Sade, la chanteuse, dans les années 80. Une beauté du diable, arabo-éthiopienne, je ne sais pas, mais grande, gracile, très apprêtée, de longs yeux en amande surlignés d’un maquillage soigné, elle s’avance vers moi, court vêtue, dans une robe de tennis des seventies immaculée. Je suis fasciné, comme à chaque fois que je la croise, devant la banque, quand elle fume une cigarette avec une grâce qui fait passer Rita Hayworth pour un cageot malhabile. Oui, mais voilà : avec ma banquière, on ne se comprend pas. On s’aime bien, depuis qu’on se croise, mais on vit dans deux mondes différents et je vois bien que le mien lui fait peur. Alors, je surjoue, je fais passer l’étourderie initiale (changer mon contrat d’assurances alors que je ne suis pas assurée chez eux) pour une maîtrise totale de mon inaptitude. Elle qui m’a déjà vu encaisser un chèque avec le plan d’une dissertation de philosophie au dos, elle tente de m’expliquer les subtilités de tel ou tel plan d’assurance, mais je ne l’écoute pas. Quand elle me demande d’estimer mes biens, je lui réponds que les deux exemplaires de Nizan, intellectuel communiste que ma sœur m’a trouvés pour cinq francs chez un bouquiniste sont mes biens les plus chers. Ou alors il faut que je fasse chiffrer ma collection personnelle d’œuvres d’art, de Frémiot, Pujol, Gervaise, Parchemin, Mourotte… Mais ça ne rentre pas dans les cases de son ordinateur. Et puis moi je regarde ses mains, immensément fines, pianoter sur le clavier, je me dis qu’on a la même activité pour un résultat différent, voilà tout. Elle s’excuse de devoir respecter des procédures, de me lire les documents que j’ai déjà signés, mais je lui pardonne tout : ces moments hors du temps passés avec ma banquière, ce tête-à-tête souvent recommencé, c’est un Ou Bien ou Bien kierkegaardien. Je suis sûr que le week-end, dans son jacuzzi, en pleine manucure, elle songe aux 15,34€ mensuels de mon 50m2, et tous les possibles qu’ils génèrent.
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09/05/2014
Départs.
J'ai commencé par mes dictionnaires Bescherelle, en quatre volumes, de 1899, l'année de naissance de ma grand-mère et celle de Aurélia Kreit. Je les ai portés à bout de bras, dans deux sacs en plastique, et posés dans le placard de l'entrée, pour l'instant. En attendant que, samedi prochain, j'investisse pleinement ce nouvel appartement, et que je quitte l'autre, dans lequel je me suis perdu, reconstruit, égaré, retrouvé dans le même temps. Mais dans lequel, puisque c'est ainsi que je compte moi, j'ai écrit et travaillé sur ces ouvrages qui décideront, en partie, de mon avenir. J'ai appris à fermer des portes, désormais, mais en classe de 5ème, déjà, j'avais un beau classeur John Lennon avec un tag sur un mur new-yorkais: There are places I remember.
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08/05/2014
38W 31th Street.
La traversée de Manhattan dans un (faux) taxi coréen, conduit par un Jacky Chan local, qui zigzague en riant des coups de Klaxon qu'on lui renvoie, valait à elle seule le voyage. Mais les énormes bouchons de sortie de New-York nous auront donné quelques frayeurs, avant la traversée inverse, le jour complet passé sans dormir, ou plié en deux dans un siège de troisième classe, puisqu'il n'est toujours pas acquis que les grandes sièges reviennent aux Big M'en, quelle que soit leur activité. J'aurai, ce matin, traversé Central Park, puis Manahattan, une dernière fois, de bas en haut. Quelques kilomètres supplémentaires au compteur, et une fatigue immense qui monte, au terme des sept jours passés ici. Mais des souvenirs par milliers, des échos d'autres voyages, d'autres cultures, l'idée rassurante de se dire qu'on est un jour allé ailleurs, voir si on y était. Je n'ai pas croisé la seule personne que je connaissais à New-York, sans doute s'est-elle, depuis, installée dans les suburbs, pour élever ses enfants. La probabilité était faible, je concède, mais ça nous aurait fait un drôle d'effet, tous les deux. Allez, c'est la fin des NYC Tales, un petit chapitre d'écriture supplémentaire. Dans quatre jours, vu de JFK, c'est Littérature & Musique, à l'Atmo: les dimensions sont réduites, mais les enjeux décuplés.
09:10 Publié dans Blog | Lien permanent