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12/05/2014

Perché.

photo-2.JPGC’était la cinquième du C,V&H’s Band, hier, à l’Atmo, et à voir la banane affichée par l’arrangeur et directeur musical du quatuor, après, je peux avancer – vu l’exigence du bonhomme – que c’était plus que réussi, avec un spectacle qui s’approche au maximum de ce qu’on voulait en faire à l’initiale, après quelques tâtonnements. Perché sur mon tabouret, au cœur même de l’arc de cercle, sur l’espace restreint du lieu, véritable scène, tout de même, avec un éclairage qui fait qu’on devine les quarante-sept personnes venues hier après-midi plus qu’on les voit réellement, j’ai eu de ces temps de suspension qui font qu’un instant est magique par son intensité, qu’on vit en pleine conscience, comme dans les trois quarts des histoires dont je lis des extraits. L’exercice est rodé, mais novateur à chaque fois : hier, en famille, j’avais annoncé des surprises, mais la première fut la salve d’applaudissements quand je suis entré sur scène, seul, pour dire la première scène de la deuxième pièce de ma trilogie théâtrale à paraître, sur le travail. Le recueil s’appellera, finalement, « Trois Huit », comme prévu initialement, et la deuxième pièce s’intitule « A pleines dents ». J’obtiens rapidement des rires dans la salle, c’est gratifiant pour une pièce au comique grinçant, fondée sur l’absurde de la conversation et le quiproquo des mots. J’annonce Eric, qui vient chanter « Faire l’hélicoptère » et « Pas loin de la cinquantaine », le début est toujours un peu hésitant, puis il prend ses marques, prémisses d’un bon concert à venir. C’est Pauline qui le rejoint pour « Orages », seule au piano, et « l’Ecole Buissonnière », accompagnée par son père : deux morceaux de la comédie musicale, qui font mouche, et génèrent de forts applaudissements. Elle les a chantés avec douceur et justesse, sans forcer, ce que je lui avais un peu reproché, à la balance : c’est dans ce ton-là qu’elle passe, et l’ensemble a déjà de l’allure, avant que je ne raconte la genèse de cette aventure de « Trop Pas ! » - plus grande catastrophe industrielle de Rhône-Alpes avec le stade des Lumière, ose-je, mais une expérience humaine inégalée – dont l’immense mérite aura été de rapprocher, artistiquement, Gérard Védèche et Eric Hostettler. J’appelle Gérard, The Scientist, puis Clara, la petite, pas si petite mais petite quand même, pour nous. Clara et ses Tontons flingueurs, un officiel, deux remplaçants. Clara dont les parents et grands-parents sont dans la salle, qui s’installe à ma droite, toujours, à portée d’archet. Les cinq titres de notre session s’enchaînent, millimétrés, comme d’habitude, « Au-dessus des eaux et des plaines », son harmonie Dobro-violoncelle, met des frissons et, p…., ça passe au dixième de seconde près, juste après l’extrait de « la partie de cache-cache », puis tout s’équilibre, « Quantifier l’amour », « les perdants magnifiques », pour lesquels Dgé a abandonné le lap-steel, peu convaincant à son goût pour une deuxième guitare folk et ses phrases harrisonniennes , dont lui seul a le secret. « « Ton Egide » - dans les pleins, dans les creux, dans les vides. Je savoure, je sais que l’ensemble impressionne, et les réactions de la salle – des applaudissements après ma phrase, tirée de « Marius Beyle », sur la différence entre le sentiment et l’émotion – me montrent que je fais bel et bien partie du lot. On clôt, comme à l’habitude, cette partie du set sur « Tébessa », in situ sur les pentes de la Croix-Rousse, et « l’Embuscade » , par laquelle cette folle aventure a commencé, il y a cinq ans. On pleure dans la salle, mais c’est de joie, petite victoire sur l’absurde de la vie. Je fixe les projecteurs pour ne pas pleurer, Samentha Barendson, à la fin du concert, me conseillera de sourire un peu plus sur scène, avant de concéder que je suis finalement plus sympathique que j’en donne l’air. Fréderick Houdaer, présent aussi, est impressionné par le spectre, large, de l’exercice, c’est bien. Parce qu’avant qu’on retombe, et qu’on ouvre le bar, après l’Embuscade, il y eut le quart d’heure Camille, avec l’invité de marque, Sandro Secci, qui vient jouer, pour la première fois en public, la sublime « Valse, Claudel » qu’il a composée à partir de la nouvelle. Ciliegina sulla torta, n’en déplaise au même Houdaer qui attendra pour se désitalianiser, Clara l’accompagne, dans un véritable impromptu puisqu’ils n’auront répété, en tout et pour tout, qu’une petite heure, la veille. C’est un cadeau au projet, un atout, une avancée dans la qualité, aussi. On touche à la fin du spectacle, mine de rien, il fait une heure et demie, désormais, entre les lectures et les chansons, on termine, Clara et moi sur Camille & Bach réunis, pour emporter le morceau, remercier chacun des membres de cette famille élargie, dont l’étape, la veille, « Littérature, musique, ping-pong et barbecue » aura encore resserré les rangs, si c’était possible. C’est l’heure des éloges, et pour un écrivain, le fait qu’ils soient partagés est un bonheur indéfinissable. Dans Kronix, l’autre jour, Chavassieux écrivait : « Cachard, c'est littérature et musique parfaitement combinées. Entre spectacle musical, chanson, lecture et poésie, entre jubilation et recueillement, un équilibre étonnant, à découvrir. Il n'existe rien de comparable. » La fierté vient de là, oui. On prend un verre avec chacun des amis qui sont restés, des têtes connues, d’autres moins, parce que l’instant leur a plu, nous non plus, on n’a pas envie de partir. Alors on reste, on glane, au comptoir, un petit « Pêcheur de centimes » improvisé et un tidadadam de plus, histoire de nourrir le mythe. Puis on se quitte, parce que c’est dimanche, hein ! Mais dimanche prochain, et j’ai oublié, bêtement, de le dire au micro, je serai avec Clara, en mano a mano, sur la scène du Cabaret Poétique, à 17h, au Périscope. Avant de retrouver les deux autres pour un concert privé, vendredi 23, et deux jours de résidence, juste après, pour finaliser la captation de ces moments uniques. Comme la promesse faite à Aurélia, dont j’ai lu un passage sur l’Ukrainité qui a résonné curieusement, dans la salle, mais dont la petite musique m’a convaincu que j’étais dans le vrai, qu’elle continuera, plus que mon œuvre, le chemin que je me suis tracé et qui me convainc que je ne me suis pas trompé.

19:19 Publié dans Blog | Lien permanent

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