14/09/2013
Paysages urbains*.
20:02 | Lien permanent
13/09/2013
Rendez-vous.
Ils étaient encore là, peut-être un peu moins nombreux qu’à l’habitude. Le lieu, le froid qui commence à tomber, les fatigues de la rentrée… Ou la paresse, l’asthénie de ceux qui les ont déjà vus et qui finissent par se dire que ce n’est pas la peine, qu’ils iront au prochain, pour le prochain album, s’il sort. Il y a un prix à payer pour avoir fêté, en grande pompe, ses vingt ans d’existence et de scène. Il y a cinq ou six ans, déjà, on ne sait plus, on ne compte plus. L’envie et la fougue sont là, pourtant, il y a de nouveaux morceaux à défendre, à tester, de plus anciens à concéder à ceux qui sont restés et qui, à chaque fois, se murmurent pour eux seuls ou chantent pour les autres des paroles qui les ont portés. Ils se connaissent, se saluent, se collent les uns aux autres pour ne pas être les seuls à danser, sauter sur place ou lever les mains. L’endroit est inédit, il y a de la fierté à être parmi les premiers à passer là : la Confluence aura abrité, elle aussi, ce groupe dinosaure qui pourrait paître tranquillement mais qui montre encore ses dents sur deux-trois morceaux qui bousculent leur image un peu trop propre. Même quand ils salissent dans le son, la bonne éducation affleure mais, après tout, ça ne peut pas être un défaut. Nonobstant les jeux de mots déplacés sur le nom du groupe, qu’on leur demande toujours d’expliquer, nonobstant un désamour certain de ceux qui devraient venir les voir plus souvent pour reconnaître ce qu’ils ont apporté. Peu importe.
Le groupe est là, à chaque fois, il y a étincelle, après, elle prend ou pas. Ou moins. Peu importe : à regarder autour de moi, le combat est gagné d’avance, il n’y a qu’admiration et envie. On donnerait tout pour être dedans, sans doute, à défaut, on guette un regard, un clin d’œil, qui sait, une dédicace, un moment de gloire. A la fin, comme il n’y a pas de loges, c’est plus facile d’aller les voir et de les ramener à une amitié, une histoire commune, l’avers et le revers de la fidélité. Ils s’y prêtent, juste un peu fatigués d’avoir donné, une fois de plus, condamnés qu’ils sont à l’envie de le faire. Le spectacle vivant est un art ingrat, aux satisfactions immenses : le moment est déjà passé et on se demande à la fois s’il a été bien reçu et s’il aura un lendemain. Si l’un d’entre eux ne va pas dire, un jour, que pour lui, c’est terminé. Que c’était bien mais que c’est fini. Il y a une crainte, immanente : paradoxe, c’est elle qui fait qu’ils continuent, et depuis si longtemps. Peut-être parce que personne ne veut être celui engagera le début de la fin, ou la fin du début, à force, on ne sait plus. Sur l’étal, après le spectacle, des disques que personne n’achète vu que tout le monde les a. Peut-être un ou deux nouveaux, ou des enfants de ceux de la première heure. On plie sagement dans les valises, qui attendront le prochain rendez-vous.
A part ça, il y a eu de la musique. De la bonne, un poil surannée dans les références, mais de la musique qui fait que, malgré l’absence de surprise, on bouge un peu les pieds sans s’en rendre compte, en souriant intérieurement de l’avoir fait. De la musique, des paroles qui, écrivais-je, forcent le respect, faisant résonner « Frison-Roche » avec « anicroche » sans crainte de la rime (trop) riche, ni de la préciosité. De belles RCCC, les références culturelles collectives cachées (ou pas) dans presque chacun des titres joués. A force, c’en est un jeu. Ou une habitude. La même qu’on a (re)prise et dont on s’étonne presque de ne pas se lasser. Tant que je respire, allez.
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12/09/2013
Générations.
Quand je dois expliquer la réminiscence à des jeunes gens, je prends l’exemple des « Treets », oubliés au profit des « M&M’s » qu’ils connaissent désormais. Ou de Groquick, mis à la retraite par Nestlé dès les premières mesures contre l’obésité et remplacé par son cousin, le svelte lapin Quicky. Rien de grave si le mensonge n’avait été d’Etat, quasiment : on dit aux enfants que le monstre gentil part en vacances et hop, ni vu ni connu, on ne le fait pas revenir, quitte à générer des névroses entières, une génération à peine après « Bambi ». Bref, je fais diversion pour ne pas arriver trop vite à la madeleine, une pâtisserie atrocement surannée elle-même. Parce que je dois avouer une réticence à vulgariser jusqu’au cookie de Proust.
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11/09/2013
Intimidé.
Je lis en ce moment un livre dont il ne m’est pas permis de donner le titre, qui n’est pas encore sorti, que son auteur m’a confié sous forme de tapuscrit et que j’ai tout d’abord rejeté, pour son aspect austère : une saga naturaliste, l’ascension non résisitible d’un homme de la campagne – à qui on a donné le nom d’un empereur - qui s’extirpe de sa condition par une intelligence innée doublée du sens des affaires et d’une conscience de tout: du monde qui change autour de lui, des affres de chacune des classes sociales traversées, des échappatoires à trouver. C’est une somme, que je n’ai pas encore terminée, mais je n’ai pas le souvenir, notez déjà, d’avoir lu dans ma vie un livre aussi remarquable dans son écriture, dans le vocabulaire exhaustif qu’il sollicite pour décrire là l’étal d’un vendeur de tissus, là l’univers feutré de la bourgeoisie, des repas en ville ou des misères de ferme. Un livre qui réconcilierait Flaubert et Zola, tout en fouillant du côté de Bernanos et de Michon : ne me demandez pas comment c’est possible, je ne pensais pas qu’un jour ce le fût. Ce billet en appelle un autre à venir, une fois la lecture consommée, mais je le dis sans ambages, plus facilement encore parce que je lui ai d’abord résisté : c’est un livre qui repousse les limites de l’écriture, en tout cas qui fixe les miennes.
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10/09/2013
Les 45èmes DimENsIonS.
C’est toujours curieux de se demander ce qui fait les existences quand les origines sont les mêmes, quand on part du même milieu, du même quartier, de la même école etc. J’ai la chance d’avoir gardé – sans l’aspect déprimant que revêtent les « Copains d’avant » ou autres sites du genre – un ami de cette époque. Enfin, comme tout le monde, on s’est connu, reconnu, perdu de vue, tout ça. Un jour, je lui ai demandé de me raconter ce qu’il avait fait de sa vie pendant tout ce temps où nous étions ailleurs l’un pour l’autre. J’ai pris des notes et je l’ai fait rentrer dans ma série de « portraits de mémoire », ces quelques quarante articles, désormais, que j’ai écrits façon « Libé », avec le même ton décalé et distancié. Il se trouve que cet ami a beaucoup de talent et qu’il vient de construire son site de musicien. Allez voir ça ici, faites-vous une idée de son Art et de mon travail, en bas à droite : la mise en page a été un peu chahutée, mais rien de grave.
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09/09/2013
Vieux Schnok.
Ah, cette époque où l’application n’est pas le soin qu'on porte à une tâche, mais le vecteur qui la facilite, où plus personne ne peut lire Montaigne dans le texte, certes, mais pas davantage prononcer la rue du Mail correctement, où Chimène n’est plus que Badi et Célimène une réminiscence alcoolisée du dernier Bal des Sapeurs-Pompiers…
18:55 Publié dans Blog | Lien permanent
08/09/2013
Kakemphaton.
Pour des raisons de sonorités malencontreuses, on préféra retenir le « On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre* » de Jean Jaurès que le « On ne fait pas de croissant sans sang » de Raoul Villain. Lequel en nourrit une certaine amertume vis-à-vis de son concurrent.
* courtesy of Malika.
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07/09/2013
Les sentiers de la gloire.
On m'informe que je serai, pour la Fête du Livre de Saint-Etienne (18-20 octobre), sur le même stand que deux animateurs de télévision extrêmement renommés, dont l’un aime le cyclisme et les chiens, l’autre les biographies d’Hemingway, dont celle qu’il a vendue. Je ne sais pas, à cet instant, si ces deux-là mesurent le risque qu’ils courent à se mesurer à moi. Ni la part d’ironie propre au libraire qui m’a propulsé « auteur coup de cœur », ce dont je le remercie parce que ça m’a bien fait rire, aussi.
16:29 Publié dans Blog | Lien permanent