28/08/2013
C'est dans les Maisons vieilles qu'on fait les meilleures rencontres.
La maison vieille, je l'ai quittée en novembre dernier en me disant que j'aimerais bien, moi aussi, comme Pierre Jourde ce soir-là, faire face à un auditoire un peu intimidé mais heureux d'être là, heureux qu'on inverse les rôles, une fois n'est pas coutume: que la culture se déplace, qu'elle vienne au bout du monde, dans ce lieu-dit de Roiron, sur la commune de Rosières, en Haute-Loire. Pays perdu, donc, dans lequel Tania et Bruno ont eu le culot de s'installer comme libraires, comme épiciers, comme taverniers, aussi, sans distinction, sans hiérarchie. Tout est bon et choisi, à la Maison vieille: des jus de fruits de producteurs aux tisanes du jardin, des tomates qu'on sert en repas aux livres qui trônent à l'étage. Rien d'imposé, de consumériste, la démarche est engagée et authentique. Je m'étais dit que j'aimerais bien passer là-bas, alors, et quelques jours après, je l'ai dit à Daniel, avec qui j'y étais allé. Qui, depuis, est devenu l'éditeur du "Valse, Claudel" illustré par Jean-Louis Pujol. Dont les dessins, hier, ornaient les beaux murs de la maison vieille, les vieux murs de la maison belle. Parce que c'était mon tour, parce que les maîtres du lieu avaient lu la nouvelle, puis Tébessa, que la bibliothèque de Saint-Étienne leur a chaudement recommandé. Tania et Bruno, pour ne rien dire d'autre, c'est un événement culturel créé dans leur lieu tous les mardis de l'été. Avec un taux de remplissage à faire pâlir les programmateurs les mieux introduits. Hier, sur la base d'un nom célèbre mais maudit - Claudel - et des deux autres bien inconnus, c'est une bonne vingtaine de personnes qui se sont déplacées pour un dîner-spectacle. Parce qu'à la Maison Vieille, on présente d'abord les choses telles qu'elles vont se passer, puis on passe à table: des tablées, plutôt, dispersées dans l'espace autour de la cheminée. Une bonne assiette garnie, des desserts maison, le pain du boulanger venu livrer l'après-midi, qui fait évidemment sa farine, tout est à l'avenant de l'accueil et du bien-être ressenti. À tel point que, comme souvent, on se demande s'il faut vraiment troubler cette harmonie, se démarquer, prendre la parole qui semble si bien se partager, là, tout autour... Mais les leçons sont faites pour être retenues, et si Gérard n'est pas avec nous ce soir-là, je n'oublie pas la dernière donnée: faire face, quoi qu'il arrive, aller au bout sans se laisser intimider par l'auditoire. Qui fut éminemment curieux et bienveillant: agréable sensation, pour une fois, de ne pas avoir à lutter. Pourtant, j'ai été présomptueux: puisqu'il était venu pour Camille, j'allais lui donner lecture de la nouvelle complète, enfin, lue du débat à la fin mais avec des coupes franches. Trois temps pour une vingtaine de minutes, pendant lesquelles, forcément, je me suis senti à mon aise, puis dépassé, revenu puis essoufflé à nouveau. J'ai le plaisir, quand même, d'arriver jusqu'à l'excipit, qui colle tant à mon rapport à Camille: "nous sommes tous des aliénés, mais on a des vies bien calmes". La mienne ne l'est pas, au bout du compte, et j'ai le bonheur, dans un deuxième temps, de présenter à des gens qui ne me connaissent pas mon univers littéraire et musical. Je présente Éric Hostettler, nous sommes de nouveau seuls, ensemble, ce qui ne nous était pas arrivé depuis Lettres-Frontière. Nous faisons "Littérature &Musique" à deux là où nous sommes quatre, désormais, mais ça marche, aussi, ça colle bien au lieu, à l'ambiance. J'explique le sort que connaissent mes romans, me présente comme le Goncourt putatif 2011, au vu du scrutin de Grignan et de celui du Grand Prix. On sourit, on redevient sérieux, les chansons s'enchaînent avec les extraits, "Cache-cache" fait son effet habituel, Marius Beyle fanfaronne entre l'émotion et le sentiment, avec une pensée permanente vers le Bleu, Tébessa et l'Embuscade font le reste. On pense que c'est fini parce que habituellement ça se termine là, mais le public en veut encore, apprécie "l'Ecole Buissonnière" et "faire l'hélicoptère". On signe des livres, on vend des disques, les gens nous remercient, ils ont l'air heureux et nous l'air bête. Parce que c'est réciproque et que c'est si simple que c'en est bête, genre on aurait dû y penser avant. Comme Tania et Bruno, en somme, arrêter de perdre du temps là où l est inutile d'en perdre. Quand en plus les maîtres des lieux font le boulotée libraire tel qu'on le rêve, c'est à dire en commandant plus de livres qu'il n'en fallait pour la soirée dans la ferme intention de les défendre et de les faire connaître, on se dit que le Nouveau Monde a beaucoup à apprendre de la Maison Vieille. Et que c'était un délice d'écrivain que d'y avoir traîné les guêtres. Du coup, comme annoncé, je rentre et je l'écris, la rencontre, telle que je l'ai vécue, de mon côté. Entre Gilly et Roiron, ce fut un bel été. Et si un jour je n'existe plus comme écrivain, j'aurais vécu ça, une fois encore. Plus d'émotions qu'on peut en espérer en plusieurs vies, contenues en une seule. PS: pas de mise en page possible, ce soir, mais possibles coquilles, vu l'heure. Retour du Cheval quotidien dès dimanche.
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18/08/2013
Carte postale.
Un signe pendant la pause estivale, un moment rare passé loin de toute agitation, avec les mots - mal dits, mais que l'exercice est difficile! - du vieil Hugo, venus de la commune voisine.
16:29 Publié dans Blog | Lien permanent