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30/06/2013

L'Harmonie de Gilly.

IMG_1784.jpgHier, à Gilly, ou devrais-je dire il y a quelques heures puisque ce que je pensais être un record imbattable, celui de Mégevette, a été explosé, la rencontre à la Médiathèque a tenu toutes ses promesses, hors celles du nombre, sujet épineux et éternel. On ne saura jamais laquelle des raisons, de notre manque de notoriété, à Christian et moi, jusqu’à la date choisie (un samedi soir, début d’été) aura poussé jusqu’aux plus volontaires, préinscrits au repas, à ne pas venir, mais peu importe : depuis 2009 et le cycle de rencontres que nous avons entamé, chacun de notre côté, on sait qu’il faut « jouer » devant dix personnes comme devant soixante-dix. Je dis jouer par déformation, parce que c’est bel et bien seul, pour la première fois depuis longtemps, que j’arrivai hier, après un agréable voyage en train avec Christian, qui m’a présenté notre opus commun, « Réversibilités » et entamé la série des questions qu’il comptait bien me poser le soir. Avec Christian et son éthique de la lecture, on se situe davantage d’ailleurs dans l’analyse composée que dans la question, d’ailleurs, mais les pistes étaient là, et pertinentes : l’ancrage dans le temps, les lieux et l’Histoire, le rapport homme-femme, le monologue intérieur et, pour finir, la place des arts dans mon travail d’écrivain. Christian a annoté des pages de son petit carnet, au milieu, il y a le croquis du chat, je pense aux quelques heures qu’il a dû me consacrer pour que sa première carte blanche soit parfaite. J’ai peur que la lecture de ses pistes effraie un peu le public, mais je me garde le droit de l’interrompre et de n’en faire qu’à ma sauce, comme d’habitude : le voilà prévenu ! Marielle nous accueille, elle a préparé les lieux à notre intention, c’est délicat : les livres préconisés par Chavassieux, la médiathèque de Laurent Cachard, du Camille un peu partout, deux fauteuils qui font face aux sièges des spectateurs. Marielle est donc ce petit bout de femme dont Christian m’a parlé depuis si longtemps, qui cache derrière des petits airs rigolos un profond travail de culture et de vulgarisation là où elle passe : lectrice mordue, elle ne voit pas l’intérêt de ne présenter au public que des œuvres et des auteurs qu’il connaît déjà. se réjouit de l’accord d’un auteur pour venir jusque chez elle alors que c’est lui qui devrait la remercier de lui permettre de parler de son travail. Elle présente la nouvelle sélection Lettres-Frontière, Marielle, exercice périlleux parce qu’elle n’a pas encore lu tous les livres, récemment reçus. Je retiens « Un repas en hiver » de Mingarelli, « Fée d’hiver », d’André Bucher. Ensuite, c’’est à nous, à Christian l’interviewer et Cachard l’interviewé. On est en famille, tutoiement de rigueur, Christian entame son analyse, je réponds par des bribes de lecture, que les personnes présentes entendent les textes qu’elles ne connaissent pas, pour la plupart. Quelques lignes de Tébessa, qui leur avait tant plu en 2009 qu’ils pensaient 1) que je serai coup de cœur de LF  2) qu’ils m’inviteraient moi. Et pas Chavassieux, dont « le Baiser de la nourrice » les avait troublés. Jusqu’à ce qu’ils se disent qu’il valait mieux inviter celui qui avait posé problème plutôt que celui qui faisait consensus. A raison, dois-je dire : sur le principe, je suis d’accord, j'aurais fait pareil. L’extrait de « la partie de cache-cache » fait son effet habituel : c’est le livre qui fait taire. mais c’est aussi celui qu’on me demandera le plus, à la fin. On continue, je digresse, je sors volontairement Christian de son ascétisme journalistique, allant même jusqu’à lire un des passages érotiques du PAL. Ensuite, c’est Robert. Enfin sans Robert puisqu’il était convenu que les comédiens du théâtre du Sycomore en feraient une lecture, pendant le repas. On parle donc des autres nouvelles, avec un climax sur « Ciao, Bella » et, pour la première fois, une rebuffade de mon  « lectorat féminin », comme le dit Chavassieux : l’homme qui choisit de ne pas aller plus lui, quitte à surprendre la femme qu’il a séduite et qui s’abandonne, est-il velléitaire ou lâche ? Daniel, le metteur en scène du Sycomore, me dit que c’est la nouvelle qu’il n’a pas aimée dans le recueil et qu’il ne lui serrerait pas la main, à ce type-là. Du coup, il y a débat, désaccords, et joyeux désordre. Un moment de plaisir. Je constate qu’on me soupçonne d’être capable de mettre à sac un appartement, comme dans « Rififi », je ne sais pas comment le prendre, mais menace d’appliquer ça à la chambre de l’auberge du cheval blanc, qu’on m’a réservée pour la nuit. On parle des autres nouvelles, de la guerre, de Marius Beyle qui, contrairement à Gérard dans « Tébessa », ne la refuse pas, va au devant d’elle, même. Je dis à voix haute la théorie des émotions et des sentiments, avec une pensée pour Gabrielle. Christian voudrait mener son entretien au bout, mais il est tard, on décide d’un commun accord de continuer à table : les rencontres LF ou assimilées ont l’immense avantage de vous permettre de manger dans les bibliothèques, privilège ultime. Treize à table, pas d’angoisse, on resserre les deux initialement prévues pour n’en faire qu’une, Christian et moi aux deux extrémités. Les petits plats ont été préparés, le buffet est somptueux, le vin de Savoie est bon. Le repas est convivial, la discussion nourrie, sur l’édition, les exigences de l’écriture, la petite diffusion de nos écrits. Je sais, je suis sûr que Christian, bientôt, aura la diffusion plus large qu’il mérite : parce que c’est un paresseux beaucoup plus travailleur que je le suis, parce que nous n’avons pas le même parcours, parce que je me mets en repos, également, de la République des romans, le temps d’un tunnel…  Mais j’aurai vécu, existé comme romancier, le temps de belles rencontres comme celle d’hier. Qui aura plongé l’homme, plus que l’écrivain, dans une immense émotion (avec la mise en abyme du cœur qui se resserre quand Robert fait son attaque) mal contenue au moment où, aux quatre coins de la table, des voix se sont élevées, doucement, différentes, pour lire cette nouvelle qui fera parler d’elle, je crois, bientôt. Nadège, Thierry – qui ponctue ses passages d’un regard profond qui me fait me demander s’il s’adresse à moi ou à Robert – Claire et Daniel enchaînent, la nouvelle, qu’ils ont un peu découpée, est lu intégralement, moins les deux lignes finales, pour laisser un suspens. Je cabotine et dis que les femmes sont décidément intelligentes, dans Cachard. Mais je masque, mal, l’impression viscérale d’avoir vécu quelque chose d’unique, deux semaines après la lecture publique d’un extrait de « Valse, Claudel ». Avec Christian, nous lisons notre « Réversibilité », l’instant mérite ça, les convives partiront avec leur exemplaire, et un « Camille », qu’ils se souviennent. La cerise sur un gâteau bien riche vient d’un travail que Marielle a amorcé : les comédiens lisent des brèves de nos blogs respectifs, on rit franchement devant tant de si belles bêtises, accumulées. On range les tables, je signe quelques livres, je regarde l’horloge de la médiathèque, il est 1h15. On aura tenu autant que les convives du mariage de la salle des fêtes d’à-côté. Mais qu’est-ce que c’est que ces bibliothèques qui libèrent les auteurs à des heures pareilles ! On m’en reparlera, tiens, de Gilly-sur-Isère. Oui, on en reparlera

NB: pour des raisons évidentes, le jeu de mots pourri sur le prix du 2ème romon de Grignon (commune voisine de Gilly, NDLR) n'a pas sa place dans cette note, Christian.

12:40 Publié dans Blog | Lien permanent

29/06/2013

Le cas Charvassieux.

réversibilités.jpgCe soir, je remonte le temps et m’offre un joli bain de jouvence, à la Médiathèque de Gilly-sur-Isère, à l’invitation de Christian Chavassieux, parrain du club local de lecture. Qui lui donne carte blanche tous les étés à partir de celui-ci. Et qui me reçoit donc ce soir, là où, pour lui, écrivais-je, tout a commencé lors des rencontres Lettres-Frontière de 2009. Parce qu’il a été aussi bien reçu que je le fus, sauf que le lien initié a perduré, pour lui. Qu’il me reçoive « chez lui » m’honore et m’inquiète un peu, enfin, pas longtemps. Christian et moi nous sommes plus devinés que connus, depuis, mais le parcours de lecture et d’écriture de chacun incite l’autre à pousser un peu plus en avant la curiosité. Je lis sur kronix, aujourd’hui, qu’il veut me faire parler de toute mon œuvre et aussi des chansons, ça tombe bien, je n’attends que ça. Les lecteurs de Gilly mettront un visage sur le jeu des notes croisées, des papiers critiques de l’un sur les œuvres de l’autre, on leur a même préparé, sur un pari que j’ai initié, un inédit rien que pour eux, spécial Gilly, un recto-verso littéraire qui restera. Au moins pour eux, au moins pour nous. J’ai hâte d’être à ce soir, d’autant que des comédiens sont de la partie et qu’ils ont préparé quelque chose sur mon Gros Robert, qui en touche, du monde… J’écrivais ailleurs que je me prédisais, ce soir, une mort par choc émotionnel, que j’aurais dû, peut-être, me limiter à un aller simple. Mais je tiendrai, pas d’inquiétude, parce que des rencontres comme ça, je le sais, Christian le sait, donnent de la force, l’envie de poursuivre. Le tunnel que Christian m’a prédit, j’y entrerai sous peu, avec du retard, mais ce retard n’est rien, quand on s’est engagé, irrévocablement. Pour l’instant, je profite, je rencontre des vraies gens, qui me rendent au centuple ce que je leur ai donné. Je n’ai jamais vraiment su ce qu’on appelle le bonheur et pour tout dire, me suis toujours méfié du concept, mais là, on doit s’en approcher, certainement. Et comme les soldes s’ajoutent au prix de gros (Robert), demain, heureux hommes, ou dans les prochains jours si on se couche trop tard, vous aurez deux récits d’une seule et même rencontre. A Gilly-sur-Chavassieux.

10:17 Publié dans Blog | Lien permanent

28/06/2013

Phonèmes.

Il a tellement attendu l’entrée de la violoncelliste qu’il ne l’a pas entendue entrer : les plus belles symphonies se brisent parfois sur des paires minimales discrètes.

15:05 Publié dans Blog | Lien permanent

27/06/2013

Il y a les petites gens, et les gens petits.

Il y a celui–ci qui, sous couvert d’anonymat, ponctue ce blog de commentaires acides et blessants (« Si vous aimez la littérature, fuyez ! », « la moins mauvaise des nouvelles » etc.) et s’étonne que je lui demande d’aller cracher son venin ailleurs, prétextant un légitime retour critique de lecteur, sans rien d’autre à me donner que ces jugements lapidaires qui ne témoignent en rien d’une lecture réelle.

Il y a celle-ci, dont j’ai dû calmer l’hystérie parce qu’elle voulait s’occuper de tout et qui maintenant fait la morte parce que ce qu’elle a vu et entendu ne correspond pas à ce qu’elle voulait voir et entendre : c’est la différence entre le travail et l’idéalisation du travail terminé, mais la distinction n’est pas donnée à tout le monde.

Il y a tous ceux qui jettent un œil sur votre vie, par la serrure ou dans la vie, qui picorent, piochent et parfois, c’est curieux, viennent chercher l’assurance que la leur est meilleure, plus belle, plus aboutie, plus-plus. Dans cette ère de l’ultra-narcissisme sacralisé, rien d’étonnant, sauf quand, au bout du compte, ils voudraient vous faire admettre, a priori, que l’idée même de leur projet vaut davantage que la réalisation, fût-elle balbutiante, du vôtre. Curieuse conception de l’exercice artistique. Qui me rappelle celui qui, dans les années 90’s, s’était auto-proclamé le Proust du XXI°siècle. Et qui n’a rien écrit, au final. Certaines lucarnes se doivent d’être fermées, quand elles sont malveillantes, ou même, seulement, indifférentes. Parce qu’il y a de la condescendance dans l’indifférence : c’est biiiiiiiiiiiiien, ça.

Heureusement, il y a les autres :

Il y a celle-ci qui vous dit que le projet est de plus en plus beau, qu’il fait du bien et que le lien entre tous ceux qui y participent est visible, et touchant.

Il y a cette autre, et celui-ci, qui vous annoncent qu’ils veulent de ça chez eux, qu’ils ont lancé les invitations et que le public – et les retombées à venir – sera nombreux.

Il y a cette libraire qui vous dit qu’une des nouvelles l’a bouleversée et que la présentation l’a comblée.

Il y a cet homme qui, pour des raisons qui importent peu, a écouté la lecture du bureau, derrière, au Réalgar, et qui a pris pour lui les mots sur l’Algérie, qui l’ont ému au possible.

Il y a cette invitation , samedi, à la Médiathèque de Gilly-sur-Isère, cet esprit « Lettres-Frontière » pour un temps ravivé.

Il y a ces émotions qu'on partage, et celles qui sont à venir.

Il y a tout ça.

13:50 Publié dans Blog | Lien permanent

26/06/2013

Persiste.

Écouter, c'est comprendre et deviner le potentiel, sans ça, le tout n'est que frustration et condescendance. Les oreilles, ça s'éduque et le cœur, contre toute attente, ça se cultive.

16:01 Publié dans Blog | Lien permanent

25/06/2013

Retours sur Robert.

C'est officiel depuis hier et l'aveu de cet ami qui m'a dit avoir aimé le recueil mais "Tombe la neige" par dessus tout: j'ai au moins un lecteur qui trouve une des nouvelles meilleure que les cinq autres. Pour moi, c'est une forme de Grand Chelem.

16:55 | Lien permanent

24/06/2013

Passe, passe...

Ces jeunes hommes qu’on a connus enfants, savent-ils qu’un jour ils ressentiront la même surprise que nous en en voyant de plus jeunes prendre leur place ?

16:28 Publié dans Blog | Lien permanent

23/06/2013

Selon Gabrielle.

Quand les mots que vous avez écrits font écho à une réalité que vous êtes en train de vivre, ce n’est pas exclusivement narcissique, c’est aussi une bonne façon de se rappeler que la littérature est la vie. Ainsi, hier, au Tramway, la théorie des sentiments, des émotions et des évidences de Marius Beyle m’a-t-elle rattrapé. Et laissé un peu seul, le lendemain.

21:16 Publié dans Blog | Lien permanent