31/03/2013
L'esprit de Pâques sur Hannibal Lecter.
Dans le même jour, j'apprends que François 1er (en attendant le second) déconseille aux fidèles l'agneau pascal et que endolori est l'anagramme de indolore. A priori et jusqu'à nouvel ordre, ces deux nouvelles n'ont rien à voir l'une avec l'autre. Sauf pour les agneaux.
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30/03/2013
Champ électique.
Il faudrait pouvoir s’apprécier pour ce qu’on s’est parfois empêché de faire.
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29/03/2013
Litanie de mon triste sort.
Ma mémoire est tellement lourde qu’indépendamment des regrets qu’elle m’inflige, elle me permet dans la même journée de me souvenir d’Olof Palme, de Georges Delerue – et ainsi gagner au jeu des 1000€ - et de ramener soudainement à la surface cette chanson d’un groupe disparu, qui portait le nom d’un roman de Céline et connut un seul succès (d’estime) en adaptant un poème de Laforgue.
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28/03/2013
Bravo, Mâcon! (titre contraint)
Ça paraît tellement habituel qu’on ne se rend compte de rien, mais en arrivant à la Cave à Musique de Mâcon, là où, au siècle dernier, je vis conjointement Dominique A., Miossec, Philippe Katherine et autres Bertrand Betsch, le rapide calcul mental m’amena à la conclusion des 20 ans passés à aller voir Jean-Louis Murat sur scène. Un peu moins à en faire le compte-rendu, même si, depuis quelques temps, l’idée d’en faire un recueil m’effleure, et pas que moi, du coup. Mâcon, donc hier soir, il y a quelques heures plus justement : il me semble qu’à chaque fois que je vais voir Murat, j’éprouve le besoin de dire ce que j’ai éprouvé juste avant que je l’oublie, que je passe à autre chose. Un rythme sans doute dicté par la frénésie de ses albums : à peine « Grand Lièvre » chroniqué, voilà « Toboggan » qui débarque, dont j’ai choisi de ne rien savoir avant le 3ème concert de la tournée. Pour tout dire, je préfèrerais toujours, pour quelque artiste que ce soit, faire vingt ans une date que vingt dates en un an, même si Murat, là aussi, explose les habitudes et les records de fréquentation. N’ayant guère de goût pour les thuriféraires et les exégètes, j’ai décidé de ne rien lire ni des inénarrables interviews de Murat par Bayon dans Libé, ni des récits des premiers concerts à Marseille et Meylan. Je débarquai donc vierge à Mâcon, sachant exclusivement que cette tournée se ferait à l’économie, Murat à la guitare et Stéphane Reynaud à la batterie. Guitare/batterie, on n’est pas loin des racines absolues du blues et j’étais curieux de voir ce que l’auvergnat allait en faire, doublé d’écrans retransmettant des films que lui-même avait faits. Au retour, l’avis est bon, voire excellent : j’ai tellement vu l’animal bâcler des concerts auxquels il ne croyait pas que je peux dire – sans doute les énergies de départ – que le duo fonctionne à merveille. Murat, à la guitare et au dobro, comble le manque de basse par un jeu plus épuré que quand il se laisse aller en soliste, Raynaud assure, avec des supports qui m’ont rappelé Dominique Mahut chez Barbara, ce n’est pas rien. Les morceaux défilent, il y en a quelques-uns que j’ai déjà écoutés sur Internet, un single vite expédié (« Over and over ») puis d'autres dont la teneur marque : « Amour n’est pas querelle », qui ramène le troupeau à la surface des plus attentifs, une chanson sollicitant Guillaume et Guillemette qui rappelle, par la diérèse, le « nous nous aimions tant » des années 2000. Murat est bien, confond les époques sans rien chanter d’ancien : les films qu’il diffuse en arrière plan, pourtant, évoquent la tournée Dolorès de 1998, plus encore, le « Murat en plein air » mythique des terrains des bougnats. Quand on prend de l’âge, dit-il, « les étés sont de plus en plus courts », il n’empêche, entremêlant les saisons (« Il neige »), Murat avance, le fond de scène se confond avec les deux compères, comme souvent dans ses vidéos, il y a un axe vertical traversé par des lignes en mouvement. J’apprécie d’être surpris par les morceaux quand plus rien ne m’étonne chez JLM, pas plus la ligne, appréciable, que le port du costume-cravate (« J’fais l’boulot, je m’sape et j’dédicace »). En filigrane, la rhétorique muratienne s’impose, on parle de fermes et de hêtres, les cris et les réverbs ponctuent l’ensemble, quelques larsens obligés, aussi, sur fond rouge à pois, changeant, dans un « Tout dépend du snipper » inédit (ou pas). Le temps de penser à Bosko et Admira, les amants du pont de Sarajevo. C’était en 1994, déjà, j’étais encore sous le choc de « la fin du parcours » au Transbordeur… Murat siffle si bien qu’on se demande s’il n’est pas samplé, sur fond d’arbustres qui oscillent au vent. « Il me faudrait le cœur d’un magicien », susurre-t-il, avant, dans une chanson que les fidèles muratiens me reprocheront de ne pas connaître, d’évoquer Napoléon aux Tuileries comme seul lui peut le faire… « Stuck inside of Mâcon », sous le joug des bas résilles de l’éclairagiste, les incursions muratiennes auront été brèves hier soir, et c’est finalement tant mieux : les spectateurs épars connaissaient sans doute suffisamment bien le bonhomme pour qu’il en rajoute. « Ginette Ramade » et « Extraodinaire Voodoo », le concert se termine à l’heure, une heure raisonnable pour que j’en fasse l’article avant d’aller dormir. Histoire de rester fidèle à ma légende, ou à ma mauvaise réputation, qui sait ? J’ai déjà dû subir le pari d’un titre absurde (la voilà, l’explication) et la compagnie, EN 2013 , de personnes qui ne savaient pas ce qu’était un Jedi. Une seule réticence à cette belle soirée : le titre du même nom, « Belle », que j’avais adoré sur scène en inédit il y a peu, que j'ai aimé hier et dont j’ai eu du mal, sur le chemin du retour, à apprécier la version canine. Il faut bien que Murat déçoive un peu, un tout petit peu. Mais jamais longtemps. Parce que si personne ne peut dire où il sera dans vingt ans, gageons que si lui et moi sommes encore là, ce sera ponctuellement – et régulièrement – dans des endroits communs. Dans toute sa lumière.
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27/03/2013
Best(iaire) Seller.
Isabelle Kauffmann ne ménage personne dans son Cabaret Sauvage. Un titre à se demander qui de l’homme ou de l’animal – point d’accroche de son recueil de nouvelles – mène le bal, ou plutôt le cirque. Ou l’Opéra. Neuf nouvelles, neuf animaux, du lion-totem au ver de terre qui un jour, forcément le terrassera. Le lien entre action humaine (festive, psychologique ou médicale) et animale file une métaphore selon laquelle il conviendrait non plus d’ouvrir la cage, mais principalement pour l’homme de sortir de la sienne. L’analogie entre l’animal et la liberté est ainsi suivie dans Nora, femme-oiseau et même dans Reptations, puisqu’on dit du malade qui se prend pour un serpent qu’à la fin, dans sa tête, « l’oiseau s’est envolé ». Des oiseaux, des rats, des ours, la ménagerie, donc, est au complet et les effluves abondent : dans le mythe de la sauvagerie, les odeurs sont moins policées que celles des réminiscences humaines, et pourtant, Kauffmann, après Kafka et Kessel, endosse la filiation. File, là aussi, l’anthropomorphisme en narrant la passion amoureuse d’un homme et d’un lion, dix-sept ans durant, dans un pavillon de banlieue. Jusqu’à la dernière station, en Afrique, dénouement dont le lecteur se demande, jusqu’au bout, auquel des deux il sera profitable… On trouve dans ces contes l’allant des « Métamorphoses de la Reine », de Pierrette Fleutiaux, dans le « goûter chez les lapins », un conte pour enfants mal élevés, prévient-elle. Mené par une enfant qui, loin d'avoir peur de pénétrer dans la forêt; s'y rend en pusychopate avéré. L’écriture est d’une fausse simplicité, dit plus ce qu’elle laisse paraître : on retrouve chacun de soi, chacune de ses projections animales dans « Cabaret Sauvage », dont la construction cyclique (de « Duel » à « Réciproque ») nous renvoie au rapport dominant/dominé et à son propre effet-miroir : quel animal sommes-nous, voire quel est l’animal des deux ? Isabelle Kauffmann a choisi puisque, une fois son amour exclusif pour le lion écrit et avoué, elle voudrait être mouette dans une vie ultérieure, entre ciel et terre. Je lui renvoie une belle image, celle de l’animal à plume fine.
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26/03/2013
Godot 2.
Le fait de croire que les choses finissent par arriver ne signifie en rien la soumission à leur attente.
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25/03/2013
Un dîner presque parfait.
Les personnalités dont j'aime le discours et la façon dont ils le tiennent sont peu nombreuses. Moins encore sont celles avec lesquelles j'aimerais dîner. Je citerais spontanément Axel Kahn, Claude Hagège, Michel Onfray. Stéphane Hessel avant qu'il meure. Jourde et Naulleau, également. Des personnes intimidantes, par leur culture et le poids de leur action. Des qui ne feraient presque regretter, à l'instant T, de ne pas s'être placé, d'emblée, dans le champ des Laurie, Jennifer, Franck R. ou Nadine M. On a les aigreurs d'estomac que notre cerveau mérite.
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24/03/2013
Quart d'heure.
Tout est relatif dans le succès. La preuve, je ne me souviens plus de la dernière fois que l'on m'a reconnu dans la rue. Et si ça se trouve, ce n'était même pas moi.
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