27/03/2013
Best(iaire) Seller.
Isabelle Kauffmann ne ménage personne dans son Cabaret Sauvage. Un titre à se demander qui de l’homme ou de l’animal – point d’accroche de son recueil de nouvelles – mène le bal, ou plutôt le cirque. Ou l’Opéra. Neuf nouvelles, neuf animaux, du lion-totem au ver de terre qui un jour, forcément le terrassera. Le lien entre action humaine (festive, psychologique ou médicale) et animale file une métaphore selon laquelle il conviendrait non plus d’ouvrir la cage, mais principalement pour l’homme de sortir de la sienne. L’analogie entre l’animal et la liberté est ainsi suivie dans Nora, femme-oiseau et même dans Reptations, puisqu’on dit du malade qui se prend pour un serpent qu’à la fin, dans sa tête, « l’oiseau s’est envolé ». Des oiseaux, des rats, des ours, la ménagerie, donc, est au complet et les effluves abondent : dans le mythe de la sauvagerie, les odeurs sont moins policées que celles des réminiscences humaines, et pourtant, Kauffmann, après Kafka et Kessel, endosse la filiation. File, là aussi, l’anthropomorphisme en narrant la passion amoureuse d’un homme et d’un lion, dix-sept ans durant, dans un pavillon de banlieue. Jusqu’à la dernière station, en Afrique, dénouement dont le lecteur se demande, jusqu’au bout, auquel des deux il sera profitable… On trouve dans ces contes l’allant des « Métamorphoses de la Reine », de Pierrette Fleutiaux, dans le « goûter chez les lapins », un conte pour enfants mal élevés, prévient-elle. Mené par une enfant qui, loin d'avoir peur de pénétrer dans la forêt; s'y rend en pusychopate avéré. L’écriture est d’une fausse simplicité, dit plus ce qu’elle laisse paraître : on retrouve chacun de soi, chacune de ses projections animales dans « Cabaret Sauvage », dont la construction cyclique (de « Duel » à « Réciproque ») nous renvoie au rapport dominant/dominé et à son propre effet-miroir : quel animal sommes-nous, voire quel est l’animal des deux ? Isabelle Kauffmann a choisi puisque, une fois son amour exclusif pour le lion écrit et avoué, elle voudrait être mouette dans une vie ultérieure, entre ciel et terre. Je lui renvoie une belle image, celle de l’animal à plume fine.
18:24 Publié dans Blog | Lien permanent
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