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28/12/2010

Court métrage

J'ai abordé Tristan Grujard, jeune diplômé des Beaux-Arts de Bourges et pas du genre les-deux-pieds-dans-le-même-sabot, avec la même réserve que celle que j'ai toujours développée vis-à-vis d'activités artistiques récentes ou branchées, ce qui souvent revient au même. La vidéo présentée ici m'oblige à dire, avec beaucoup d'affection pour ce talentueux jeune homme, que j'avais tort et que ce qu'il est capable de faire et de faire bien augure de beaucoup de belles choses pour lui. Voici donc un aperçu de la tristesse des écrivains lâchés en librairie...

Laurent Cachard et Jean Frémiot - La Boucherie from spoutnik on Vimeo.

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27/12/2010

Rewriting

Il y a quelque chose de masochiste que de donner de soi à lire. Il y a quelques jours, dans ces colonnes, je dévoilais les premières lignes d'un roman en relecture, dont je viens de terminer les épreuves. Pourtant, à la relecture, je me rends compte que le travail n'était absolument pas terminé et que ce qui convenait à telle date ne convient pas du tout maintenant. Et ne conviendra pas plus à l'éditeur, gageons-en. Je veux montrer ici quelles sont les évolutions d'un texte en devenir.

Version O.9

"J’ai toujours aimé le basket. J’ai aimé jouer au basket, j’aime aussi entendre William Sheller chanter qu’il était alors un type qui jouait pas mal au basket-ball. J’ai aimé le basket  parce qu’il m’a d’abord permis d’échapper à la religion : dans ma famille, le choix se faisait tôt, à six-sept ans, on allait à l’Eglise avec ma mère ou au basket avec mon père. Il ne s’est pas fait de lui-même : au début, j’avais du mal à me dire que j’allais devoir jouer avec les autres, qui savaient faire des choses que je ne saurais jamais faire. A l’époque, il n’y avait pas de baby-basket, on accrochait des petits panneaux sur les grands, ce qui mettait le cercle à 2,60m plutôt qu’à 3,05m et on n’avait pas d’autre issue que de marquer, ou de ne pas marquer. Mon premier match officiel, je l’ai perdu 34-0. On n’a pas pu mettre un panier ou plutôt si, le meilleur joueur de notre équipe, celui dont le père avait joué dans un grand club français, en avait mis un sublime, tout en délié, double-pas bien appliqué, mais c’était sur l’entre-deux de la deuxième mi-temps : il avait oublié qu’on devait changer de côté ! Il a fait rire tous les spectateurs, les plus anciens ont obligés de commenté : quand un joueur marque contre son camp, le panier est attribué au capitaine de l’équipe adverse, ce qui fait qu’un joueur peut très bien comptabiliser deux points sans même être rentré sur le terrain de toute la partie. Moi, je ne m’étais même pas rendu compte qu’il s’était trompé de côté : ça aurait pu m’arriver, c’est sûr, mais avec moi, les risques étaient moins grands parce que ce panier-là, je l’aurais raté.

Quand je regarde les photos de cette époque, je me dis d’abord que j’ai les genoux cagneux. Ensuite que les shorts étaient vraiment courts, comparés au dernier que j’ai acheté et qui ne me sert plus à rien depuis que je ne joue plus : on ne met pas tous les jours un short vert avec un 11 énorme sur la cuisse gauche, surtout quand il vous arrive en dessous du genou et taille très large. Enfin que le 11, j’aurais dû le porter tout de suite plutôt que de vouloir absolument arborer le même numéro que mon père. Un 11 à la place du 9, à 8 ans et tout aurait été différent : parce que si le basket-ball m’a délivré de la religion, il m’a enfermé, moi, Paul Herfray, journaliste, écrivain et un peu moins que tout cela, dans une analyse que je pensais ne jamais pouvoir terminer. En tout cas pas tant qu’on ne m’aurait pas donné le poignet d’Alain Larrouquis."

Version 1.0

Je détruis tous les adverbes, les préciosités, je chasse les tournures négatives et passives, rajoute des points, évite les énumérations (pas plus de deux adjectifs maximum!). Je réécris et trouve ça beaucoup mieux. Jusqu'à la prochaine fois?

J’ai toujours aimé le basket. Jouer au basket, entendre William Sheller chanter qu’il était un type qui jouait pas mal au basket-ball. J’ai aimé le basket parce qu’il m’a  permis d’échapper à la religion : le choix se faisait tôt, l’Eglise avec ma mère, le basket avec mon père. Au début, j’avais du mal à me dire que j’allais devoir jouer avec les autres, qui faisaient des choses que je ne saurais jamais faire. On accrochait des petits panneaux sur les grands, le cercle à 2,60m plutôt qu’à 3,05m, pas d’autre issue que de marquer, ou de ne pas marquer. Mon premier match, je l’ai perdu 34-0. Pas un panier ou plutôt si, le meilleur joueur de l’équipe en a mis un sublime, double-pas appliqué, mais  sur l’entre-deux de la deuxième mi-temps : il avait oublié qu’on devait changer de côté. Il a fait rire les spectateurs, les plus anciens ont commenté : quand un joueur marque contre son camp, le panier est attribué au capitaine de l’équipe adverse, ce qui fait qu’un joueur peut très bien comptabiliser deux points sans même être rentré sur le terrain de toute la partie. Moi, je ne m’étais pas rendu compte qu’il s’était trompé de côté. Ça aurait pu m’arriver, mais avec moi, les risques étaient moins grands : parce que ce panier-là, je l’aurais raté.

Quand je regarde les photos de cette époque, je me dis que j’ai les genoux cagneux. Que les shorts étaient courts, comparés au dernier acheté qui ne sert plus à rien depuis que je ne joue plus. Que le numéro 11, j’aurais dû le porter tout de suite plutôt que de vouloir arborer le même numéro que mon père. Un 11 à la place du 9, à 8 ans et tout aurait été différent : parce que si le basket-ball m’a délivré de la religion, il m’a enfermé, moi, Paul Herfray, journaliste, écrivain, dans une analyse que je pensais ne jamais pouvoir terminer. En tout cas pas tant qu’on ne m’aurait pas donné le poignet d’Alain Larrouquis.

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24/12/2010

Le père Noël supplicié.

dijon.jpgC'est le titre superbe d'un article de Claude Lévi-Strauss publié dans "les Temps modernes", en 1952, qui racontait comment le clergé de Bourgogne avait voulu marquer les esprits en brûlant l'effigie du Père Noël sur le parvis de la Cathédrale de Dijon, le 23 décembre 1951, devant les enfants du patronage réunis pour l'occasion. Histoire de dissocier les rites païens des religieux, j'imagine. N'empêche, même si ça n'a rien à voir, je déteste Noël et je ne sais pas pourquoi. Peut-être pour tout ce qui ne se dit pas plutôt que pour ce qui se dit. Que ça ne vous empêche pas de réveillonner et de fêter ça dignement : ça ne sera pas la première fois que je vivrai quelque chose en décalé.

 

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19/12/2010

La tempête

Rien de météorologique ni de shakespearien (quoique), mais l'interprétation en concert d'un des morceaux du "Bonne-Espérance" chroniqué récemment dans ces colonnes. Merci à Fabrice pour les images.


le voyage de noz live a tbc : la tempete
envoyé par tequila42et69. - Regardez d'autres vidéos de musique.

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18/12/2010

Axel Kahn à Koh-Lanta

Un cas d’école éthique m’a été posé, à moi dont la paresse n’a pas permis que je rédige, comme je l’avais voulu, la synthèse du colloque de bioéthique auquel j’ai assisté récemment. Quelqu’un me confie s’être disputé avec son fils en regardant hier la finale de Koh-Lanta à propos d’un événement inopiné : des trois finalistes de l’épreuve, une jeune femme perd connaissance, tombe dans l’eau et manque donc de se noyer. Le conflit culturel est ainsi posé : pour l’un, il est inconcevable que l’un des deux autres ne se sacrifie pas pour la sauver ; pour l’autre, les sommes en jeu autorisent les deux candidats à ne penser qu’à eux-mêmes dans cette dernière ligne droite. Position moralement indéfendable, dans la réalité comme dans l’éducation qu’on veut inculquer à ses enfants. Certes. Mais. Parce qu’il y a un mais dans le champ électique de la question éthique, pour reprendre l’expression d’Axel Kahn, qui est celui du dilemme. « Je suis au Mont St Michel, raconte-t-il, je vais de la terre ferme jusqu’au rocher ; je suis sur le bon chemin et à vingt mètres de moi, quelqu’un s’est égaré et est en train de s’enfoncer dans les sables mouvants. Il n’est pas suffisant que je respecte son autonomie ! Il faudra que je fasse appel à un autre principe et d’ailleurs, si j’étais moi-même en train de m’enfoncer, j’aimerais bien qu’on me tendît une perche ! Le principe de bienfaisance, de solidarité est bien évidemment une des composantes de ce principe-là. » Civilement, si j’assiste à la noyade d’un de mes contemporains, le champ de la chose juste va me pousser à porter secours à la personne en danger. Mais si je change la vision illusoire que la télévision tend à présenter, je peux aussi dire que sur les cinquante personnes qui participent au tournage, quarante-sept autres personnes sont susceptibles de lui porter secours sans autre enjeu, pour le coup, que de devenir des héros. La société du spectacle et de l’émotion focalise sur les deux jetés en pâture pour héroïsme ou contre-héroïsme alors même que rien, dans la situation telle qu’elle est et non telle qu’elle est présentée, n’oblige ces deux là à renoncer à l’égoïsme qu’on leur a d’ailleurs conseillé, et présenté comme nécessaire aux ambitions de victoire. J’ai l’insigne faiblesse de n’avoir jamais regardé une seule seconde de ces émissions de télé-réalité, indépendamment, il y a très longtemps, de « Loft Story », la première, qui m’a convaincu que la pensée occidentale était perdue. J’ai retourné depuis ma télé de l’autre côté, chantait Boris. Mais cette anecdote me pousse à penser que la personne qui m’a raconté ça s’est fait berner et que son fils a eu raison de penser singulièrement. Il faudra juste lui apprendre que ces deux candidats pourraient, en tant qu’êtres humains, tendre une perche au noyé du Mont St Michel. Mais que dans le cas précis du jeu du cirque télévisé, on les a conditionnés pour ne pas le faire. Ou peut-être même, étape ultime, tendu le piège de la noyade scénarisée pour qu’ils échouent au seuil du Graal, satisfaisant ainsi les pulsions sadiques des millions de téléspectateurs.

Kevin Carter s’est suicidé après qu’on l’a accusé d’être le deuxième vautour présent sur une photo qui a fait le tour du monde, sans pouvoir convaincre que son rôle était d’abord de témoigner de la famine au Soudan, ensuite de chasser le vautour qui attendait patiemment que la petite fille agenouillée, face contre terre, meure. J’y pensai ce matin quand l’histoire de Koh-Lanta m’a été narrée. Je ne la montrerai pas, vous la trouverez facilement.

Demain, démonstration de l’antiphrase contenue dans le principe de l’émission «  le maillon faible », si chère à Chabrol, de mémoire. Non, je rigole. 

 




 

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16/12/2010

Magma

Toujours dans cette thématique de l'écriture de l'histoire en train de se faire. Réflexion intéressante avec un ami cet après-midi sur le renouvellement du genre littéraire. Lui disait, d'expérience, que les maisons d'édition attendent depuis longtemps le roman qui sortirait de cette masse d'écriture quotidienne, ou presque (il ne vous a pas échappé que les bloggeurs s'épuisent et que certains, parmi les plus rigoureux, jettent l'ancre). Je suis moi-même enfermé dans une impuissance terrible, liée à la fatigue, aux bouleversements que connaît ma vie: la règle auto-érigée des deux promesses pour un renoncement, fût-il de taille. J'ai ces trois projets et demi qui font de moi l'übermensch le plus inactif qui soit. J'ai du mal, encore, à leur accoler une vague étiquette numérotée de 1 à 3, de prendre une décision et de m'y tenir. Je me retourne en arrière sans être sur le bord de ma tombe et c'est plutôt mauvais signe. Heureusement qu'un temps de vacance m'arrive. De un à trois (sans faire l'hélicoptère), je m'attacherai à mettre un peu d'ordre et de discipline là-dedans. Finir des relectures et proposer un projet, délimiter les champs d'écriture de la nouvelle qui manque, poser les jalons du roman-monstre et, pour qu'il ne me dévore pas, en écrire des passages, que je lierai ensuite, au montage. Ou pas. Aller à Eloise et n'en repartir qu'avec le serment de la comédie musicale finalisée à la fin de l'année qui vient. Tout en continuant mon magma à moi, qui est de vous donner quand je peux et vous prier de m'excuser quand je ne peux pas.

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10/12/2010

On psychopompe, ici.

J'ai souvent et vaillamment parlé des romans de Christian Chavassieux, ici et ailleurs. Un bon article, paru dans "Livre & Lire", sur les éditions Jean-Pierre Huguet. Il se murmure qu'on dira quelques mots de "cache-cache" au même endroit le mois prochain...

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05/12/2010

Le Tango des joyeux bouchers.

IMG_0908.JPGRien de spécial du côté de la Vilette, enfin, je ne sais pas, mais dans les rues pavées du vieux Sancerre, superbe ville qui domine ses plants de vigne, il y a une librairie qui vaut singulièrement le détour, entre le nom qu’elle a donc gardé sans l’afficher, « la Boucherie », sa devanture aux petits carreaux verts, son comptoir, et Olivier, le libraire, ce grand calme qui s’est installé là il y a deux ans et commence à imposer sa marque : des livres choisis, défendus, divers. Bon, pas « la Boucherie des amants » de Gaétano Bolan mais c’est un oubli qui sera vite pallié. Des portraits d’auteur disséminés un peu partout, de la poésie, du théâtre, toujours signes  d’une qualité autre que mercatile. Et « la partie de cache-cache » qui s’y est posée hier, le temps d’une rencontre qui a bien failli ne jamais avoir lieu. Quitter Lyon ne fut pas simple, affronter les routes du Berry a également découragé, visiblement, les meilleures volontés. Restait le premier cercle et ce fut très sympathique. Les Ripoux étaient là, dont Laurent Quillerié, mon premier éditeur, qui le suit et donne confiance ; on discute, on passe du thé au Sancerre et je me demande, vers 18h30, s’il est bien utile que je prenne la parole. Mais je le fais, j’interromps les discussions des uns des autres et leur raconte un peu la genèse de l’histoire, son ancrage dans une région qui est la leur. Mais curieusement, je leur parle davantage de Tébessa que de cache-cache : il y a aussi, quand même, des personnes qui ne me connaissent pas et qui doivent savoir quel a été, depuis trois ans, mon activité d’auteur. Je jongle alors, et poursuis collectivement la réflexion qu’on a menée, Olivier et moi, sur la place de l’écrivain dans la société, sur ce qu’il faut mettre en place pour que ce qu’on a à faire se fasse, simplement.
Il y a, comme au Tramway et comme chez « Jules & Jim », ceux qui l’ont lu et ceux qui le liront, je dois présenter mes trois héros sans déflorer l’action. Je dis la tension, le drame qui monte. Plus j’en parle et plus je me dis que la construction du roman s’est apparentée à la structure d’une tragédie, en trois actes par contre. L’amoureux, le rival, la promise, ils sont là les personnages classiques. Je parle une petite demi-heure, je veux en profiter parce que, pour l’instant, c’est ma dernière rencontre de la trilogie (tétra puisqu’il y eut les 3 Gaules), parce que je sais que le moment du travail va venir. Celui que je n’ai pas encore organisé mentalement : le Dîner, Camille, Larrouquis, oui, mais dans quel ordre ? J’avoue que les rencontres récentes m’ont un peu troublé. Je voudrais satisfaire les attentes de chacun mais j’ai cette angoisse qui monte de décevoir. La soirée d’hier fut épique, comme à chaque fois que je monte dans le Berry : signe de bien-être, tout le monde a suivi chez Martine. Pizzas et Sancerre, amitié et projets naissants : je sais que je dois rendre à Jean Frémiot « l’insecte et le sacré » que je lui ai promis. C’est pour janvier, je crois. Quoi, le janvier qui suit le décembre dans lequel on est déjà ?
Ah, oui. En fin de matinée, hier, je suis allé avec Jean chez M.Teilllier, un producteur de Ménetou-Salon. Il a dans ses crus une Mlle T. dont nous avons bu, Jean et moi, la dernière bouteille de 2008 le jour de notre arrivée à Chartres. Un cru épuisé, officiellement. M.Tellier nous a chaleureusement accueillis et a montré beaucoup d’enthousiasme devant mes projets d’écriture. J’ai voulu lui offrir un roman, qui ne récompensait, déjà, que maigrement la qualité de son accueil. Il n’a pas voulu en rester là et c’est avec un rare cru de 2003 que je suis reparti de chez lui. Un cru qui clôturera, tout à l’heure, mon séjour ici. Avant que je revienne, très vite, peut-être pour une présentation à Bourges intra-muros, chez Pictura, pour un retour aux sources?

 

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