20/01/2013
Blowin' in the Vosges.
Fergessen, écrivais-je juste après les avoir vus, c’est Dave Stewart qui aurait rencontré Annie Lennox ayant mangé une Aretha Franklin. C’est beaucoup en une seule fois, mais pas plus que l’effet qu’ils produisent sur scène : l’unisson parfaite des deux voix et deux guitares mêlées, une pop-rock exigeante aux meilleurs accents d’un Marc Seberg, l’harmonie des textes et des mélodies que David et Michaëla ourdissent dans le calme de leur studio de Saint-Dié. Après « les accords tacites », un album produit par Lionel Gaillardin en 2011, le duo a choisi de quitter Paris et d’attendre le bonheur dans l’autoproduction d’un « Far-Est », deuxième album ciselé, variant entre l’anglais et le français sans se départir de ce qu’ils souhaitent tous les deux : donner du sens et du rythme à un texte par son interprétation. Quand ils s’emparent tous les deux de « The Wind », de Stevenson - a-blowing all day long, that sings so loud a song - qu’ils en enregistrent une version acoustique devant une plaine des Vosges qui prend des airs d’un océan de glace, on se dit qu’ils savent allier, comme en live, l’énergie des voix et du jeu et la sensibilité du thème. A Child’s Garden of Verses and Underwoods. Le cache-cache ne dure qu’un temps, celui de l’arrivée sur scène et du fleuve de son qui en découle : Michaëla, Antianeira moderne, bras nus, chevelure lâchée, bracelet de serpent au biceps, prend l’auditoire à bras le corps, le charme et l’ensorcelle, ce qui revient au même. Mais David – heureusement pour lui – n’est estropié de nulle part et relève - avec un flegme qui n’a de britannique que la musique qu’il joue - le défi de la Belle. Les guitares sont épileptiques et coordonnées, les amants jouent d’une ronde qui les aurait menés au bûcher, en d’autres temps. Ils auraient pu choisir l’Islande ou le Danemark (Aimer, dormir, encore aimer), ils ont pris les Vosges comme symbole d’une musique qu’il faut aller chercher mais dont on ne se relève pas sans être marqué au fer rouge. Fergessen, prononcé à l’allemande, c’est oublier ou s’emporter : aucune chance qu’on oublie, toutes qu’on le soit, emporté. Jusqu’au far, far-Est.
Photo: Vincent Assie© Avec mes remerciements ;)
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19/01/2013
Le déclin du mensonge.
Le titre est d’Oscar Wilde mais je pense à un roman de Stephen Fry, à une vague comédie américaine, aussi, sur un homme condamné à ne plus pouvoir masquer la vérité, quelle qu’elle soit. Un état où on dirait tout, directement, sur les mensonges, les trahisons, les compromis et la valeur d’une œuvre, par exemple. Tout équilibre social serait rompu, mais qu’est-ce qu’on pourrait rire, l’espace d’un temps ! Non?
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18/01/2013
rewriting.
Mon éditeur n’aime pas les titres de mes nouvelles, il n’aime pas certaines de mes nouvelles non plus, peut-être finalement ne m’aime-t-il pas moi-même, qui sait, mais patiemment, il me relit, me corrige, me reprend, me raisonne, me fait réécrire. Jamais il ne m’encourage – le temps perdu de l’empathie – mais il me parle, depuis peu, d’un niveau. Celui que j’aurais atteint – en reconnaissance, en lectorat. Ces récompenses dont lui se moque, autant que moi, mais qu’il envisage comme un label pour sa petite maison d’édition, sans réellement se soucier du décalage que je ressens, entre la réaction qu’entraîne mes livres et l’anonymat dans lequel je n’ai même plus envie de me débattre. Cet éditeur, on me dit sans cesse d’en changer. Mais je n’en changerai pas, pas dans cette vie-là d’écrivain, celle qui s’achève sur le recueil et dont je ne sais toujours pas si elle s’ouvrira sur une autre, tant l’écueil est difficile. Tant j’aborde différemment le fait de chercher à exister (au mercato d’hiver de la rentrée de janvier ?). « Pour en finir une bonne fois pour toutes avec Jules & Jim », voilà une des nouvelles qu’il voudrait que j’enlève du recueil. Que je vais défendre, pourtant, comme j’ai défendu, auprès de lui, « la partie de cache-cache ». Et il me semble que j’ai bien fait. Même si elle doit autant à son travail que ce qui restera de ma micro-anthologie le devra. Et puis, rien que pour retrouver celui qui fut, il y a quinze ans, le formateur de ma première session de philosophie, rien que pour aller saluer la chouette, également, je ferai le voyage, bientôt, à Dijon. Comme un éternel retour.
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17/01/2013
Relecture.
Atas, Portas & Aramas, les trois Mousquetasses, prirent très mal les airs que se donnait d’un coup cet Alexandre Dumas, au prétexte que l’autre titre était plus vendeur.
15:51 Publié dans Blog | Lien permanent
16/01/2013
Achtung, Baby!
Dans les maternités, les sages-femmes savent que le premier geste du père à qui on met le bébé dans les bras est de tourner le dos à la mère et se mettre en travers du chemin qu’ils ont vécu in utero pendant neuf mois. Mais c’est un réflexe, inconscient. Moins humiliant que d’arriver en compagnie d’une personnalité publique que vous aimeriez connaître intimement – sens freudien – et qu’on ne vous laisse pas approcher une fois dans la place.
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15/01/2013
Inextricable.
Il a rêvé que sa vieille copine - qui ne lui adresse plus la parole depuis qu’il a séduit son amie - l’appelait pour lui dire que cette dernière regrettait de l’avoir quitté et implorait qu’il revienne. Il se demande toujours, depuis qu’il s’est réveillé, avec qui il faut reprendre langue en premier. D’autant qu’il a effacé les deux numéros.
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14/01/2013
Madeleine & Daniel, épisode 3.
Ces conversations impudiques, ces voix que j’entends encore dans le journal d’hier et d’aujourd’hui (le I, le II, le III), ces noces avec la vie et l’homme de la même, David, ne méritaient pas l’exclusion comme épilogue. Ni l’IDT*. Des pilules jaunes (la fleur du soleil, ils appellent ça) et hop là !, les éléphants magiques, le chien jaune, Bzzi-Bzzi vole dans la prairie, avec le poisson voyageur, dans un ciel de printemps : Lucy in the sky with diamonds avant l’heure. Si j’avais la geste arthurienne, je ferais attention au loup et passerais un anniversaire chez les dragons avec mes compères Mimichat et Nourson, preuve évidente que la guérison est encore lointaine. Les animaux dans la fête sauvage - plutôt que les remords dans la fête servile - dans ma tête, c’est confondre la révolution d’Octobre avec le temps du ghetto de Varsovie, c’est mourir à Madrid - par l’effet d’une divine passion et ses paroles amoureuses – en restant dans la maison de Jade, faire quelques pas sur la terre pour planquer un flingue sous les roses… Allez, en scène pour l’entracte, il faut bien que ce delirium cesse ! « What is a man », qu’il nous dit, l’autre Danois : et combien de femmes pour faire un homme, est-ce qu'il y a pensé? FIN
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13/01/2013
Madeleine & Daniel, épisode 2.
Je dois à Madeleine Vionnet des conversations impudiques dans mon jardin, où mes éphémères résistaient jusqu’à un certain âge et même aux aisances et l’inondation de l’ami chien ! Ce que m’a appris Dolto sur la femme en moi, c’est qu’ils l’ont tuée, les amis de passage, les plus belles lettres d’amour et la jalousie. « Si je vous dis le mot passion, encore faudra-t-il oser écrire ! », m’a-t-elle soufflé, dans l’élégance des années 50, avant les trous de mémoire et, faut-il dire, une certaine solitude. Allez, envoyez la petite musique ! j’allais enfin, comme Callas l’extrême, apprendre à aimer, ressentir la chair de la robe et attendre le retour du bonheur. Rien, pas même les écrivains en personne, voire quinze d’eux-mêmes en entretien, ne me dirait davantage de vérités sur les jeunes filles. Quand on a eu Dolto et Vionnet, franchement, des professeurs, pour quoi faire ?
13:50 Publié dans Blog | Lien permanent