12/02/2013
Les ex-angry young men.
Donc, il faudrait, si je comprends bien, ne jamais faire part, ni de ses états d’âme, ni de ses ressentis, ni de ses énervements. Rester lisse et bienveillant tout le temps, même quand on n’en a pas envie ou qu’on en pense rien. Je paye aujourd’hui au prix fort des réactions que j’ai eues il y a près d’un an, alors même qu’elles ne remettaient rien d’autre en cause qu’un rapport personnel à la déception, ou aux attentes, c’est selon. J’ai proposé aux personnes que mes propos avaient meurtries de les rencontrer, pour lever l’ambiguïté, ne pas rester sur une mauvaise impression. Je ne crois pas avoir déçu ceux que j’ai rencontrés depuis 2008, partout où je suis passé… On a préféré, collectivement, ne pas donner suite, figer, de fait, une image de moi qui n’est pas la mienne. Faire fi, également, des problèmes que je soulevais, à mon sens justement. Mais j’ai dû faire erreur, sur toute la ligne, une fois encore. Pas de souci : quand ce blog se sera éteint de lui-même, quand je n’aurai plus rien à proposer et, du coup, plus rien à attendre, on se rappellera de moi comme d’un auteur indocile, mais qui aurait gagné à être connu.
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11/02/2013
L'annulation de la supplique.
Seuls quelques élu(e)s étaient au courant, mais j’ai demandé, il y a quelques mois, une mutation dans la ville de Montpellier, avec comme dessein d’habiter dans celle de Sète. Pour aborder une deuxième partie de vie différente, plus apaisée, pour me dire également qu’il n’y a pas de fatalité ni de continuum pré-écrit, qu’un Lyonnais comme moi pouvait quitter la ville de Lyon à n’importe quel moment. J’ai daté la demande administrative du lendemain, le 21 décembre 2012, jour de mon 44ème anniversaire, comme un symbole, jour dont on nous prédisait également qu’il déboucherait sur l’Apocalypse, ce qui rendait l’acte caduc mais renforçait son côté arbitraire : cocher une case, écrivais-je le soir même, puis attendre les incidences. L’avis est tombé aujourd’hui, avec la familiarité syndicale habituelle : « tu es maintenu dans ton poste ». Je reste, donc, sans réelle déception, sans enthousiasme non plus. Dans l’attente d’une nouvelle mutation, à la Virilio ce coup-ci : un changement plus radical, plus abrupt, plus dangereux aussi. Un risque, quoi.
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10/02/2013
Sigmund & Francisco.
Sans doute la mésaventure arrivée récemment à « la Liberté guidant le peuple » explique-t-elle mon initiative hasardeuse de cette nuit : peindre un rectangle rouge portant l’inscription Exit au-dessus de la porte en arrière-plan des "Ménines". En rêve.
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09/02/2013
L'Ami des stars.
Elle a rêvé comme tout le monde qu’elle tutoierait quelque vedette, chantait Kent, via Enzo-Enzo, dans les années 90. Sans savoir que vingt ans après, beaucoup plus après le quart d’heure de célébrité décrété par Warhol, le miroir déformant de l’écran pousserait chacun d’entre nous à vouloir exister par quelque chose de forcément plus que l’autre. Un mouvement dont je ne m’exclus pas, mais qui m’intrigue, tant l’illusion fait parfois passer la posture avant sinon l’œuvre, du moins la réalisation. Je suis un menuisier de la confidence, écrivais-je il y a dix ans. Quand j’en aurai fini avec ce que je veux montrer de mes écrits, je m’attacherai à vivre un peu plus réellement. Sans faire de gorges chaudes de relations que j’aurai pu nouer avec d’éphémères titulaires de la carte, dont les efforts pour la garder sont plus marquants que le travail qu’ils donnent à voir.
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08/02/2013
Au-delà de moi.
Il m’arrive parfois de me demander ce qui m’a amené là où je suis, sans succès puisque, généralement, quand je me pose ce type de question, je ne trouve personne en moi-même pour y répondre.
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07/02/2013
L'inverse de la posture.
Ce n’est pas une nouvelle intervention nocturne de mon voisin bukowskien – dans la troisième heure d’une nuit de six – ni même la crevaison à laquelle j’ai dû confronter mon impéritie mécanique (Chavassieux, lui, sait changer un pneu, je l’ai vu faire) qui va troubler l’émerveillement que Stephan Eicher, hier, a créé chez moi. Stephan Eicher, la marque la plus ancienne de ma temporalité musicale puisqu’en fermant les yeux, je me revois le 21 juin 1986, aux Eclanova de Villeurbanne, où, chanteur inconnu seul avec ses guitares et ses machines, il gratifia le public d’une minute de bruit en l’honneur de Coluche tout juste disparu. C’était l’époque des chansons dont il ne maîtrisait guère les rares mots employés, c’était juste après Grauzone, c’était « Two People in a room », « I tell this night » etc. C’était avant la rencontre avec Djian, avant, également – puisqu’un couple qui dure ne s’est rien épargné – la starification de la période Carcassonne et la tentation du chanteur pour midinettes. Dont certaines ont vieilli et sont restées dans le public. Mais le chanteur suisse et gitan s’est repris, mène une barque musicale dont le dernier opus, « l’Envolée », frise la perfection, si tant est qu’il la cherche. Parce qu’Eicher, c’est d’abord la quête perpétuelle d’une relation musicale avec des camarades qui changent à chaque tournée et dont on se demande où il peut bien aller les dénicher, tant leur complicité est épatante et, surtout, non feinte. Un décor recherché de vieilles enceintes, des instruments vintage, une belle harmonie entre cuivres, violon, piano, guitares, basse et contrebasse, un batteur qui joue fin et droit, des effets pour chacun des musiciens qui n’en rajoutent pas, mais donnent juste le tournis à celui qui sait écouter. Hier, au Fil de Saint-Etienne, dans une salle qui ressemble enfin à ce à quoi ressemblaient les salles de concert quand il y en avait encore, Eicher & Co ont démarré par « la Relève », ironiquement, mais n’en ont pas eu besoin, et ne se sont jamais arrêtés. En nous offrant en plus, à sa demande, le cadeau extraordinaire d’un concert sans l’arbre de Noël des Smartphones (à quelques exceptions près, certains décérébrés s’imaginant toujours que leur propre intérêt prévaut sur celui des autres). Un festival de titres nouveaux et classiques, une approche amusée et respectueuse du public, un zeste de fausse modestie au piano et toujours ce rapport poétique à la conjugaison française, les ingrédients sont là pour le bon concert, les retrouvailles et elles s’avèrent explosives : un enchaînement « Rivière »/ « Donne-moi une seconde », qui peut se permettre ça sans avoir l’air d’y toucher ? Je prends le temps de la respiration quand le groupe joue les standards qu’il faut jouer, mais qui ne m’émeuvent pas plus que ça : « Pas d’ami comme toi », « Déjeuner en paix », pour moi, n’ont pour seule fonction que de me rappeler que, plus jeune, je voulais écrire des romans et écrire des chansons pour un chanteur qui vaudrait le coup, humainement. C’est sans doute pour ça que j’aime Eicher : parce qu’il me rappelle en le voyant régulièrement qu’on a peut-être un peu grossi mais qu’on ne s’est pas menti. Enfin pas tout le temps. Et puis Eicher, depuis 1991, c’est quand même l’interprète de la plus belle chanson du monde, qu’on appréhende même de le voir la chanter, tant elle provoque chez les belles personnes des réactions qu’on ne peut pas contrôler : tant elle renvoie les uns à ce qu’ils ont vécu et perdu, les autres à ce qu’ils continuent de chercher. Tant elle renvoie, aussi, à des conversations nocturnes, des histoires qui ne se sont pas faites, d’autres qui se feront. Peut-être. « Tu ne me dois rien », continue-t-il de chanter, inlassablement. Sans doute, mais de fait, pour ça, on lui doit tout. Surtout quand il l’orchestre comme ça, d’abord en solo, ensuite avec le groupe qui vient la sublimer, si c’était encore possible. Grande soirée, hier, avec un sourire, en plus, pour ceux qui avaient vécu la même la veille et ceux qui la vivront ce soir. Ils ont de la chance : on vit mieux avec Eicher. En Eldorado.
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06/02/2013
Cognitif et Tondu.
Scène d’une rue à chaque jour un petit peu plus violente, à laquelle j’assiste de l’habitacle de ma voiture : un homme bien mis refuse l’aumône à un SDF, ajoute du geste un agacement sans doute plus maladroit qu’autre chose, mais ressenti comme du mépris par l’autre, qui éructe et le poursuit de ses insultes. Je n’entends rien, je devine juste, je vois le visage du malheureux déformé par la colère (une marque d’humanité, déjà !) et surtout, surtout - comme dans le dénouement du « Prisonnier », quand on pense savoir, enfin, qui est le numéro 1 – mon cerveau ne me montre plus de ces deux hommes qu’un seul et même visage.
14:51 Publié dans Blog | Lien permanent
05/02/2013
Ethos.
A la croisée des chemins - nonobstant la nuance entre droit chemin et juste conduite - il vaut mieux désormais avoir sur soi une application Iphone délimitant le champ des possibles qu’une version, fût-elle d’origine, du Discours de la méthode.
17:56 Publié dans Blog | Lien permanent