20/02/2013
Inflammable, à souhait.
Enfant, je me suis accroché, en courant, à la branche d’un épineux quelconque : l’éraflure était minime, sur mon avant-bras, en aucun cas je n’ai eu mal. Mais elle est restée, telle une cicatrice de guerre, marque d’un héroïsme dont je réinvente les circonstances à chaque fois, avec jubilation. Il me semble parfois que ma mémoire est ainsi, à composer entre le plus superficiel qui soit et l’essentiel, toujours tapi.
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19/02/2013
L'optimisme.
Mes vers de mirliton ont au moins posé un débat, ailleurs. Est-il utile de reprendre des textes quand ceux-ci ont perduré, est-ce une obligation – et de quelle nature ? – de les moderniser, de proposer une forme qui sorte du classique pour « dépoussiérer », terme imbécile à destination de ceux qui n’ouvrent pas assez leurs grands textes ? Je n’ai pas de réponse et à vrai dire, je ne me suis moi-même jamais posé la question. Quand j’ai écrit « un » Dom Juan, c’est justement parce que le personnage n’appartenait à personne, pas plus à un auteur – même si la présence du Poquelin est un peu écrasante, je le concède – qu’à un metteur en scène. Je voudrais être optimiste sur son adaptation à venir, mais – on me l’a soufflé hier – mes notes sont un peu désabusées, ces derniers temps. Trop de combats perdus d’avance ? On verra. Je sais au moins qu’au début de la semaine prochaine, j’aurai avancé sur un projet dont l’intensité esthétique va être extrême. Et que ça console de tout.
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18/02/2013
L'ami du genre humain n'est point du tout mon fait (épisode 2).
Don Rocío Jerez-Díaz
Mais enfin…
Don Lorenzo Palabras De Nada
Mais enfin, faut-il que je l’écrive ?
Je suis dans cette vie arrivé au zénith
Et reviennent en mémoire d’épineux composites
De ce qui la forgea ; j’en veux savoir la suite
Elle est dans les chemins de mon île de fuite
Don Rocío Jerez-Díaz
Las! J’ai peur tout de même que vous vous berciez
Des douces illusions qui vous ont enchanté
Et qu’une fois là-bas, sur l’Ithaque celtique
Vous ne constatiez que rien n’est féerique
Que le temps n’est là-bas que le même qu’ici
Qu’à l’îlien comme à moi vont les mêmes soucis
Je veux vous prévenir des dangers du voyage
A trop vouloir lutter et remonter les âges
On ne triomphe pas, on s’étiole quand même
C’est un des paradoxes récoltés quand on sème
L’éphémère absolu du retour éternel
Je vous parais peut-être un peu trop paternel
Mais je vous l’aurais dit : elles n’y seront pas
Pas plus que votre ami, pas plus que n’y sera
L’étincelle de vie à laquelle vous rêvez
Don Lorenzo Palabras De Nada
Je vous démasque là, en sophiste éclairé !
Que j’entends en vos mots l’implicite chleuasme
Consistant, mon ami, à souffler le marasme
Pour espérer de qui vous comptez contredire
Que lui vous persuade du fondé de ses dires
Vous ne m’y prendrez pas ; et puis, quant à ces muses
Dont vous taisez le nom de peur qu’elles vous abusent
Elles m’y attendront, mes petites compagnes
Elles auront les silences que l’on a en Bretagne
Ceux que vous n’avez pas, vous le fieffé bavard
Pour qui la passion n’est plus qu’un avatar
Don Rocío Jerez-Díaz
Vous mettez bien du cœur à perdre la raison !
Don Lorenzo Palabras De Nada
J'aimerais que des deux découle l'unisson
Si je devais laisser, en guise d’héritage
Une part de colère, une autre de courage
Don Rocío Jerez-Díaz
Vous y parviendriez tout aussi aisément
De cette rive-là que du port de Ouessant…
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17/02/2013
L'ami du genre humain n'est point du tout mon fait (épisode 1).
Pas grand chose à dire sur "Alceste à bicyclette", la fantaisie que Fabrice Luchini s'est offerte via Philippe Le Gay. Sinon que les meilleures scènes (les seules?) sont celles de répétition, dès qu'on s'est amusé du mimétisme luchinien singeant le Céline de Meudon. Mais un rappel, celui, comme beaucoup, que "le Misanthrope" est un texte qui m'a porté longtemps. Et pour lequel je m'étais amusé, il y a près de dix ans, à la réécriture, déjà, comme je l'ai fait pour Dom Juan, après. Mais pour Dom Juan, j'avais une excuse: celui de Molière est en prose, j'ai donc fait le mien en vers. Pour "l'atrabilaire amoureux" - superbe sous-titre trop vite oublié - Jacques Rampal s'est chargé de poser, en 1992, "Célimène et le Cardinal", une suite en vers qui connut un succès important et mérité. Rien de tel ici, juste le rappel d'une distraction, et l'annonce d'un anniversaire à venir. Mais fi de la prétérition, on va me prendre pour Oronte après...
Don Lorenzo Palabras De Nada
La résolution en est prise, vous dis-je.
Don Rocío Jerez-Díaz
Mais, quel que ce soit ce coup, faut-il qu’il vous oblige… ?
Don Lorenzo Palabras De Nada
Non : j’ai beau y repenser et revoir en images
Les années écoulées, je n’ai d’autres adages
Que ceux que j’exprimai en cet anniversaire
Quand vous vous opposâtes, en ami ou en frère
A ce que j’isolasse de mes humeurs moroses
Et qu’à mes souvenirs cédasse enfin la prose.
J’avais voulu me taire, vous m’avez fait parler
N’espérez un instant me voir continuer ;
Si de tous mes amis vous êtes le phénix
Laissez-moi je vous prie, n’allez jeter au Styx
Le lien que nous tissâmes, vous et moi, contre vents
Et marées délicates, juste comme à Ouessant,
Où j’entends séjourner, quelques soient les conseils
Que vous m’assénerez, la morale en éveil
Mais le cœur en sourdine, les œillères de mise :
Vous n’avez pas changé, voulez-vous que je dise !
Si le temps a passé, qu’il n’ait sur ma mémoire
Pas plus de patine qu’il n’en a sur la gloire
De ceux dont on rappelle les exploits incessants
De sorte qu’à la fin on confond les présents
Et les passés glorieux dans un même respect !
Qu’en fait d’ennemi, le temps prenne l’aspect
De mon plus sûr allié, un Horatio fidèle
Qui saura témoigner, quand en tant que mortel
J’aurai quitté ce monde, de mon juste télos.
Je vois votre visage qui s’éclaire et se gausse
Et c’est bien pour cela que ce ne sera vous
Qui m’assisterez là, si vous me pensez fou.
Laissez-moi, je vous dis, une dernière fois
Cela fait des années, j’en compte déjà trois
Que vous me retenez, sans que je sache bien
Quelles sont les raisons qui meuvent ce dessein :
N’est-ce pas là le fort de ces gens qui prétendent
Empêcher ce qu’eux-mêmes espèrent et attendent ?
Vous seriez un coquin si de notre amitié
Vous n’aviez une image un peu plus avancée.
Je crois bien qu’à mon âge, la connaissance aidant
On voit se profiler un peu mieux qu’à vingt ans
Ce qu’il faut de sa vie faire ou ne pas faire :
Ce que je vous dis là vous étonne, mon cher ?
Eh bien ! Je le maintiens et vous le redis fort :
Personne n’a raison et personne n’a tort.
Don Rocío Jerez-Díaz
Je ne peux sur ce point vous en donner quitus
Vous qui toujours en moi pensez trouver Brutus !
Reste que tout ce temps je n’ai cherché qu’à taire
Ce qui précisément nourrit votre colère :
De vos combats passés vous devez sur le seuil
De votre quarantaine en entamer le deuil
Don Lorenzo Palabras De Nada
Et les laisser gagner, les sbires de l’oubli ?
Si je n’avais à cœur que de rester poli
Je ferais rengorger ces paroles ineptes
Je jure sur Rollon devant Saint-Clair-sur-Epte !
Don Rocío Jerez-Díaz
Vous voilà de nouveau animé par la bile
Je ne vois vraiment pas ce qu’un normand édile
Viendrait faire par là, d’autant, pardonnez-moi
Que l’on se souvient plus, pas de lui, mais du roi
Qui lui donna les terres ; mais enfin je digresse
C’est bien vous que d’aller…
Don Lorenzo Palabras De Nada
Jusqu’à l’Antique Grèce
Solliciter des Dieux l’aide des Bienveillantes
Et pallier avec elles l’écho qui me tourmente
Et me renvoie là-bas, au cœur de l’océan
Retrouver dans la brume du matin de Ouessant
Ce que j’y ai perdu. Ce n’est pas si terrible :
Mon âme est à mon cœur de nouveau disponible
Que je n’y trouve rien n’a pas plus d’importance
Je chercherai là-bas un but à mon errance
Mais il faut que j’y aille car c’est en ce terrain
Que je recouvrerai la foi du genre humain...
16:44 Publié dans Blog | Lien permanent
16/02/2013
Vie privée.com.
Dans une autre vie, j’arrivais dans les différents Salons du Livre au bras d’une professionnelle - du milieu, veux-je dire, ce qui m’attirait les foudres de ceux qui me trouvaient nanti, alors même qu’à chaque fois que je m’y suis retrouvé, je me suis demandé pourquoi aucun d’entre les organisateurs n’avait accepté de m’y recevoir pleinement, en me laissant l’occasion de parler de mon travail. Ce qu’ils prenaient évidemment, si j’avais le malheur de le dire, comme une manifestation d’aigreur, alors même que, dans le même temps, des jurys de lecteurs, des associations comme Lettres-Frontière ou Rencontres du II°titre de Grignan accordaient à mes livres la reconnaissance et le succès d’estime que je n’avais pas demandés, mais que tout travail laisse espérer. Que cette professionnelle m’ait retiré son bras ne change rien au problème : je ne vais plus qu’aux Salons où je suis invité et ils sont rares. Et très extrêmes : je serai à celui de Paris le 23 mars et à la 2ème édition de celui de Cuisery, le village des livres, les 15 & 16 juin.
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15/02/2013
Au-dessus des eaux & des plaines.
Reconnaître que tout est dit est sans doute l’octosyllabe le plus éloquent que j’aie écrit.
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14/02/2013
My bloody Valentine.
Pour refaire sens, il faudrait consacrer ce jour des amoureux qui fait débat non pas aux amours en cours, mais à celles qu’on a vécues et qui se sont terminées - ou qui errent quelque part, entre la mémoire et le regret. Se remémorer pour chacune d’entre elles le souvenir d’une belle chose, y consacrer un temps ému puis, considérant l’histoire que l’on vit, reconnaître qu’on ne l’aurait justement pas vécue sans toutes ces amours-là, qui l’ont précédée. Outre la permanence, ça ramènerait les histoires d’A. à leur fragilité, de celle dont il faut se nourrir, sous peine de se mentir.
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13/02/2013
L'addition.
Les cinq psychanalyses de Freud, la troisième de Lacan et les quatre filles du Dr March, on a fini par les retrouver, les douze salopards!
NB: Je viens de bannir l'IP de la personne qui se permet des commentaires sur mon blog en usant de mon identifiant. Je sais, ça ne rigole pas, mais je n'aime ni le procédé, ni les incidences que de tels usages pourraient prendre.
15:26 Publié dans Blog | Lien permanent