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15/10/2012

La mémoire poupée russe.

IMG_1247.JPGHier soir à Amou, c’était le dernier moment de la tournée « Littérature et musique », entamée vendredi, à Fonsegrives. Un « Kitchen Tour » chez Guillo, avec Nicolas Vitas comme invité, accompagné de Gérard Védèche, l’arrangeur-guitariste-showman et occasionnellement roi du coussin péteur. La petite vingtaine de convives a pu profiter du talent des deux garçons, des chansons de Vitas, petits bijoux ciselés, de la présence scénique du duo. Je rentrais à peine, exténué, déjà, du Salon du Livre où, en fin de matinée, j’ai reçu le Prix spécial du Jury pour « le Poignet d’Alain Larrouquis ». Une remise des prix à laquelle, à l’appel de mon nom, je me suis présenté, ainsi que d’autres récipiendaires, avant qu’une élue ne s’étonne de ma présence, manquant presque de me faire évacuer avant de comprendre que j’étais bel et bien l’auteur dudit roman. Me gratifiant, gênée, d’un « jeune homme » flatteur, quoique vain. Ce que je ne savais pas, c’est que c’est Axel Kahn qui était chargé de remettre les prix après avoir reçu le sien. Axel Kahn que je m’étais permis d’importuner dès le matin, pour tenter d’obtenir de lui une intervention sur la bioéthique en face de jeunes pas aussi calés en la matière que ceux qu’il a eu, dans sa carrière, l’habitude de voir. Axel Kahn, à qui j’ai offert et dédicacé un exemplaire de « Tébessa, 1956 » qui l’a intrigué,  la mémoire familiale, m’a-t-il confié, le ramenant à proximité.  Un Axel Kahn à qui je n’allais pas manquer de rappeler que le petit philosophe que je suis n’a rien oublié du champ éléctique de la question éthique et de son application à Koh-Lanta, usant d’une paronomase qui eut le bon goût de rassembler les deux publics. Celui venu parce qu’il pensait que j’avais écrit les mémoires d’Alain Larrouquis, voire qu’il avait écrit le livre lui-même ; celui pour qui un livre sur le basket ne pouvait avoir d’intérêt que pour ceux qui y jouaient. Quand j’ai évoqué, dans mon discours, le transfert psychanalytique du narrateur, son parcours dans le Col de Somosierra, j’ai vu le regard de M.Kahn s’illuminer plus encore, si tant est que son regard et son esprit aient les capacités de se mettre en veille, fût-ce pour dormir. Et l’accolade qu’il m’a accordée, les compliments francs et curieux qu’il m’a faits, je les ai pris comme un supplément de rêve apporté à ce week-end magique. Et l’invitation publique que je lui ai faite en retour a des chances, maintenant, de ne pas rester muette. C’était déjà beaucoup pour moi, en plus de la soirée de la veille passée avec mes frères de cœur et Alain Larrouquis lui-même. Juste après qu’on se soit parlé tous les deux, pour faire connaissance, se sentir après s’être devinés, au cours de nos conversations téléphoniques. J’écrirai demain, en filigrane, sur cet homme, sans rien dire de ce qui ne regarde que nous. Il est venu le dimanche ; avec Freddy Hufnagel, Pierre Seillant, trois des figures les plus marquantes de l’Elan Béarnais, celui de la Moutète, celui sur lequel, deux jours durant, chacun est venu me raconter une petite histoire. Eric er Gérard ont joué dans les gradins, aménagés pour les conférences. Réinterprété les quatre morceaux du set, dont cette « Embuscade » poignante et « Au-dessus des eaux et des plaines » flamboyante. On a encore passé un moment ensemble,  Alain, Freddy, Eric et moi, avant de quitter le Salon, de remercier les organisateurs, les anarchistes, Christophe   et Stéphanie de « l’Expresso », Francis le technicien… Dans ces moments-là, on se sent vidé, la fatigue nous saisit, on rend les armes, même si ce n’est pas dans l’esprit béarnais. Eh bien hier, une fois l’estocade portée, je ne pensais pas qu’il pût y avoir une étape supplémentaire ! A la fin du concert de Vitas, j’ai été invité à rejoindre Guillo sur scène, pour dire la chanson que Vitas lui a écrite et qu’il a composée, dont j’ai déjà parlé ici et qui est pour moi une des plus belleschansons du monde. Moi qui n’ai jamais chanté, j’ai profité de la bienveillance de l’assemblée, j’ai dit la première strophe, - comme Djian le fait de « Tu ne me dois rien », quand il la chante avec Eicher. Peut-être est-ce parce que j’ai fondu, littéralement, en entendant Guillo, à dix centimètres de mon oreille, chanter le deuxième couplet ? Parce que je ne me gêne pas de le faire dans ma voiture, quasi-quotidiennement ? En tout cas, quand ce fut mon tour d’y revenir, après m’être éloigné du micro qu’on partageait, le temps de ne pas savoir quoi faire de ma grande carcasse, le temps aussi de regarder Gérard, Vitas et Guillo me faire ce cadeau, de deviner Eric rire de voir l’arroseur arrosé, quand ce fut mon tour disais-je, eh bien j’ai chanté : je n’ai pas récité, j’ai chanté la première phrase et m’apercevant de mon erreur, j’ai choisi de poursuivre plutôt que de casser le rythme. Guillo m’a suivi et nous avons eu trente secondes de vrai duo. Avec un vrai chanteur et un qui chante faux, mais qui a mis tout son estomac dans le ressenti. J’ai même trouvé quelqu’un de gentil pour me dire que c’était bien. Pour moi, ce fut magique, inoubliable, je ne l'échangerais pas contre la même chose avec Springsteen et "The River". Je ne me pose pas la question de savoir ce qu’il en restera.

18:35 Publié dans Blog | Lien permanent

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