29/02/2012
Ce qu'on ne sait pas des chansons qu'on a subies.
Lionel ne se doutait pas qu'en changeant de sexe - ce qui n'était, il faut l'avouer, guère courant au début des années 70's - sa soeur se vengerait de l'affront familial en hurlant à tue-tête au repas de Noël: "Tata Yoyo". Ni même qu'elle l'enregistrerait dans la foulée. Bof.
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28/02/2012
Les tempêtes de l'inéluctable.
Cet homme-là avait fui les dates toute sa vie,refusé les anniversaires, s'était séparé de celles qu'il avait aimées avant que leur histoires s'altèrent, avait évidemment refusé toute descendance, descellé les miroirs pour éviter toute marque de temporalité; il avait même déposé une demande à l'état civil pour changer de nom dans l'espoir que son patronyme ne vieillisse pas non plus. Tous les soirs, comme dans les veillées mortuaires d'un ancien temps qu'il ne voulait surtout pas mesurer, il prenait le temps de calfeutrer toutes les issues de chez lui afin qu'Elle n'entre pas par surprise. Quand il vit le sourire de la jeune femme, à la boulangerie, il se sentit animé d'une flamme nouvelle. Mais quand elle dit en lui tenant la porte "ça va aller, Monsieur?" d'un ton bienveillant, il prit la dernière décision d'un aller sans retour pour les falaises d'Etretat (récurrence).
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27/02/2012
Marty Mc Fly, encore.
Tous les jours je passe en voiture – l’Ouest lyonnais est scandaleusement fermé aux transports en commun rapides - devant l’entrée de l’Université Lyon II, sur les quais, je vois ce perron de l’UER de Lettres, jette un coup d’œil, espérant y voir passer Laurence (et sentir mon cœur se serrer), sa jolie amie Corse Dominique, qui d’autre, Sergueï, Pilu, Evelyne ? Hervé, Martine, Christine? Je ralentis le pas chaque jour, je regarde, mais non : Devaquet a démissionné, Monory n’est plus Ministre de l’Education. Et ce connard, derrière, qui klaxonne à ma jeunesse perdue…
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26/02/2012
L'Annonce.
C’est brutal, mais on me fait comprendre que je dois me remettre sur le marché. Remonter en selle de séduction et de rencontre. Pas une mince affaire. Si je me penche sur mon passé récent, sans tomber dans le doubrovskysme, je ne peux pas me plaindre et si le bord de la tombe approchait sans prévenir, si elle me laissait le temps de regarder en arrière, je pourrais dire, moi aussi, que j’ai aimé. Mal, trop, je ne sais pas, mais j’ai aimé. J’ai écrit un Dom Juan pour en refuser l’étiquette, me suis vu, trop vite, reconstruire ma vie, personnellement et professionnellement. Les deux Anglaises & le continent… C’était une chimère, écrivais-je déjà dans « Ma nue à l’infini », en 1999… Je pourrais, comme tout le monde, m’inscrire sur des sites de rencontre par affinités et réfléchir aux critères qui pourraient inspirer une âme en quête, également. Qu’elle sache, déjà, que j’appréhende la liberté qui pourrait empiéter sur la mienne. Le passé qui s’inscrit dans les choses qu’on redécouvre. La reproduction. Les faux-serments, les centaines de mails en six mois pour du silence à suivre. Mais bon, on n’a rien sans rien, hein, donc, si vous êtes une femme libre (j’insiste), si vous aimez la littérature, la musique, les échanges, les petits déjeuners tardifs, si vous pensez qu’on est en droit de réinventer quelque chose de beau à la moitié du temps donné, alors envoyez-moi un message à l’adresse en bannière. C’est gonflé, mais ça me sortira des non-dits et de l’hypocrisie. Si on se plaît, il n’y aura que de belles choses à vivre. Sinon, je pourrai toujours vous réserver, en mode autofictionnel, une place dans mes écrits : j’ai encore des milliers de femmes à tuer virtuellement, avec plus ou moins de romantisme.
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25/02/2012
And the winner is.
Coincé chez moi pour contingences, j’ai regardé la Cérémonie des César, hier, comme on retombe accidentellement sur un film qu’on a aimé il y a vingt ans et dont on se dit que c’est pas qu’il a mal vieilli mais bon… Les César, donc, en fond sonore, avec quand même la question qui me tient à cœur de la reconnaissance des professionnels davantage, on l’a dit mille fois, que celle du box office : quand le maître de cérémonie se moque gentiment du cinéma de Desplechin en l’imaginant en 3D, je ne peux que penser que Desplechin est, pour moi, le cinéaste français le plus signifiant de ces vingt dernières années et que je déteste le virage technologique que le cinéma a pris. Et aussi que Intouchables & Co, ça reste de la comédie assez moyenne à la papa et que rien, dans le jeu, ne justifie un tel engouement. Mais là n’est pas la question d’aujourd’hui : en regardant les César, j’ai repensé au Coup de cœur de Lettres Frontière en 2009, à celui de Grignan à venir. Jamais là où j’ai concouru, je n’ai imaginé pouvoir « gagner ». Pas par complexe ni coquetterie, mais non. Et gagner quoi, au final, puisque le mérite est déjà là, dans la reconnaissance des pairs ? Je n’ai imaginé pouvoir gagner sauf dans les dernières secondes, au moment où le remettant ouvre l’enveloppe, d’une main fébrile. A Genève, c'est Delphine Bertholon qui s'est fendue de quelques mots. C’est à cet instant, hier, déjà accablé par les contingences sus-dites, que je me suis dit qu’il faudrait que mon discours de Grignan soit le plus muet possible.
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24/02/2012
Ce sont toujours les philosophes les plus mal chaussés.
A partir de quand sait-on qu’on a fait une erreur et quand cette erreur-là devient-elle rédhibitoire ? Je ne parle pas de faute mais d’erreur, la nuance est grande : il n’y a rien à envisager d’un point de vue moral, rien de coupable, mais un constat, grandissant, en même temps que les silences, multiples. Comme jour, comme nuit. La maxime de Machado sur les lâches, que je porte à bout de bras depuis mes vingt ans, finit par peser de tout son poids. Je n’ai pas trouvé le sens, encore. Pioche.
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23/02/2012
Vie et mort d'une polémique pourrie.
Le billet d'hier, pourtant destiné - principalement - à l'auteure du livre chroniqué, a fait des siennes et la polémique a continué, jusqu'à ce que, visiblement, la personne concernée close son compte pour éviter les débordements. Car débordements il y eut: une vaine oppisition Anciens/Modernes, la littérature de maintenant et de demain contre la vieille école. Evidemment, on ne peut s'empêcher de penser à une certaine forme de jalousie, quand la question des refus (de maisons d'édition) revient si régulièrement. On ne peut s'empêcher, non plus, de se dire qu'il est (trop) facile de revendiquer le titre d'auteur ou d'écrivain quand la question de la sélection ne s'est pas posée comme elle se l'est posée pour nous. Pas pour des questions de qualité, mais surtout pour les questions liées au coût de production d'un livre, à l'équilibre qu'il faut viser pour un éditeur. Je vois depuis quelques temps, à l'image de la société, un milieu un peu sclérosé, avec des composantes qui se regardent en biais. Mais qui continue vaille que vaille à exister physiquement. Commander ses livres sur Internet, par exemple, c'est un confort, mais c'est un risque à faire courir au(x) libraires, qui, de fait, s'épuisent un peu dans leur action et vont rechercher la sécurité, au risque, ce coup-ci, de ne plus faire leur travail de découvertes, d'appuis, de rencontres etc. Un cercle vicieux, évidemment. Puisque quand il n'y aura plus, comme je l'ai entendu que des blockbusters du livre dans les librairies, plus person ne de sensé n'ira. Ce n'est pas moi qui vais résoudre le problème: petit auteur d'un petit éditeur, j'ai eu et j'ai encore la chance de faire de grandes rencontres autour de grands lecteurs qui, semble-t-il, aiment mes livres et tentent de les faire connaître un peu plus. Je ne doute pas qu'un e-book puisse connaître le même parcours, mais je doute pour le coup que ces lecteurs-là éprouvent le même plaisir à se le faire passer. Disant ça, je sais que je me tire une balle dans le pied parce qu'à chaque livre que l'on se prête, c'est un peu moins (encore) dans l'escarcelle du pauvre auteur et de son éditeur. Mais c'est un sentiment qui n'a pas de prix quand on sait que ça se pratique. Alors, publiquement, je m'excuse auprès de Thomas Dreneau, qui dirige les Editions numériques EP-LA Arès, très mal tombé hier, après un énième festival de mauvaise foi et d'agressivité en d'autres lieux. Qu'il ne me semble pas avoir mérité puisque j'ai consacré du temps de lecture et d'analyse au livre d'Audrey Betsch, qui m'a par ailleurs remercié de ça. Pour autant, qu'il sache que je reste sur ma position: on ne peut pas tout dématérialiser, et surtout pas le temps de travail et d'écriture. Les chroniqueurs de "Livre & Lire" ou de "Lyon Capitale" qui ont écrit sur mes livres, je suppose qu'ils ont été rémunérés, même mal, pour le faire. J'ai encore l'espoir qu'on me reconnaisse cette compétence-là, aussi, et que ça puisse m'aider à vivre moins mal pour écrire mieux. Fin du sujet pour moi.
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22/02/2012
La place (de la pile) du Pont.
Après un début de polémique aussi imbécile que facebookien – ce qui doit revenir au même - je dois à Audrey Betsch non seulement de m’avoir fait lire mon premier roman numérique mais en plus de ça, faute de logiciel adapté, de me l’avoir fait lire intégralement sur mon téléphone ! C’est dire si j’ai été pris, par la curiosité au début, par le récit ensuite. Un récit sec, aride, aux phrases lapidaires et à l’anaphore récurrente, une autofiction assumée qui m’a mis mal à l’aise dans un premier temps, tant le rapport à la mère, le renvoi au passé en italiques, l’impossibilité de survivre à de tels héritages se rapprochaient, stylistiquement, du « Rien ne s’oppose à la nuit » de Delphine de Vigan, dont j’ai parlé récemment. Dans « la Pile du pont », Audrey a beau prévenir que « toute ressemblance avec des personnages blah blah.. », elle est en plein Cloé, cette infirmière de nuit qui élève seule sa fille chérie, jongle avec ses décalages et le désir profond que sa douleur intime cesse définitivement. Contre la pile du pont de Baziege, qu’elle emprunte, à toute berzingue, pour aller au travail ou s’évader, à une heure et demie de là où elle vit, sur la plage ventée de Narbonne. Rien qui ne m’aurait intéressé a priori, si la part autobiographique n’était compensée par un type d’écriture rigoureux et une exploration juste des capitales de la douleur que sont les services d’hématologie et plus largement les hôpitaux. Le soin, le cancer, la chute, la mort, des malades qui ne doivent pas devenir « ses » malades sous peine qu’elle le devienne elle-même, l’équilibre impossible entre une vie normale – qu’elle abhorrerait, de toute manière et cette vie perchée entre espoirs et renoncements. Les séances d’analyse qui vont avec, la bande originale de sa vie, aussi. C’est un roman qui se tient, qui n’évite pas quelques écueils (name dropping, effets un peu répétés, 41 chapitres( !)) mais dont l’écriture, une fois encore, est juste et précise. Mon éditeur lui aurait dit que, pour un roman, les révélations (que je ne dévoilerai pas ici) et les rebondissements sont un poil trop nombreux, mais au final, ce roman-là, qui raconte la même chose et presque de la même façon, je l’ai lu à la suite du De Vigan et je l’ai aimé aussi. Continuant de croire qu’il n’y a pas un type moderne d’édition et un autre dépassé, comme le clament un peu trop fort certains éditeurs numériques. J’ai dit à Audrey Betsch qu’il n’y avait que des bons ou des mauvais livres, en pdf comme reliés. Je le pense encore, mais qu’elle se rassure, si besoin était : « la pile du pont » est du bon côté de l’abîme.
PS: moi, les quinze préfaces, dédicaces, mises en exergue ou autres citations, je suis comme tout le monde, j'ai rêvé d'en mettre, mais l'éditeur me les a toujours retoquées. Et comme neuf fois sur dix, il avait raison. Je crois qu'elles sont le dernier rempart avant l'abandon du texte au lecteur. Un combat perdu d'avance, donc.
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