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17/12/2011

Le cyanure, c'est pas du Doliprane, t'en prends qu'une fois par jour!

tagueule-3.jpgJ’avais déjà chroniqué le one-man-show de Palandri, il y a quelques mois : difficile exercice de style que de reconnaître le talent sans apprécier le support. Gentiment invité par ses soins à voir la énième représentation de ce grand succès de café-théâtre qu’est « Ta Gueule ! », le duo qu’il forme avec Jacques Chambon, j’y suis allé hier, sans angoisse : après tout, ne suis-je pas celui qui écrivait, il y a quelques années, après qu’un ami m’a traîné voir « Arrête de pleurer, Pénélope ! » que si ces comédiennes faisaient carrière, je voulais bien être pendu… En fait, non, je n’ai pas dit ça, c’est Georges Pérec, sortant d’un des premiers concerts, en vedette américaine de Raymond Devos, de Johnny Halliday. Mais j'ai pensé la même chose.  C’était pour dire qu’on pouvait se tromper, d’une part, et qu’il n’est pas de raison suffisante à juger le goût des autres inférieur au sien. Je l’éprouve tous les jours, ce théorème, quand on me dit d’un air gêné que telle partie de tel livre est inférieure à telle autre (quand d’autres me disent l’inverse), voire que tel livre lui-même est meilleur ou moins bon qu’un autre. J’en souris, quand la critique est sincère, je m’en agace quand elle touche à des éléments plus aléatoires : la voix d’Eric, qu’on n’aimerait pas quand on s’émeut de voix qui m’indiffèrent, par exemple. Comme quoi tout est relatif, t’sais ! Palandri, donc, dans cette pièce de Chambon, auteur comique réputé, de la famille du Kaameloot de la télé, ce qui doit en émoustiller encore. L’argument est rebattu : l’opposition de style et de nature, dans un centre de repos, un prof dépressif et cocu côtoie un voyou venu se mettre à l’abri. A partir de là, on est dans la veine comique des oppositions de style (démarche, langage, cultures) et là-dessus, rien à dire. Sinon qu’à mon avis, le jeu physique prime sur le texte et qu’à partir de là, j’y ai vu plus de mimétisme et de burlesque que de création : impossible, dans les quiproquos et dans la diction (les « oh la la, la boulette ! ») de ne pas y voir le Villeret du « Dîner de cons », voire, quelquefois, du De Funès mâtiné de Clavier, ce qui n’est pas un compliment. Dommage, parce que le texte, encore une fois, peut faire mouche quand il s’agit des profs, de la psychanalyse, de la mixité sociale plus largement. Sans doute ne faut-il pas réfléchir quand on va voir des pièces comme celles-ci, les rires de la salle en témoigneront largement : Palandri me dirait qu’à force, je vais saigner des oreilles. N’empêche : quand je vois des comédiens comme ça, j’ai toujours envie de leur faire jouer autre chose, qu’ils n’auraient pas à surjouer par le corps. C’est ainsi, ce n’est (toujours) pas ma faute. Je leur souhaite de bénéficier de mon manque de perspicacité critique pour le genre et d’avoir le même succès que ceux que j’ai cités plus haut. Palandri, par contre, je le verrais bien en Sganarelle dans mon Dom Juan. C’est à creuser.

NB:je me rends compte en relisant l'article sur le précédent spectacle que le coup de Pérec et de Pénélope, je l'avais déjà fait: ce qui témoigne, plus que de mon inanité littéraire, d'une réelle volonté que cet avis ne soit pas mal pris.

16:38 Publié dans Blog | Lien permanent

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