Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/12/2009

Saison Lettres-Frontière, ouverture!

J'entame demain ma saison Lettres-Frontière, cette rencontre avec les différents cercles de lecture qui en composent le jury. Pour l'instant, je suis invité à neuf endroits différents de Savoie, Haute-Savoie et de Suisse Romande: j'irai avec plaisir à la rencontre de ces personnes qui ont oeuvré pour que la sélection se fasse et qui, de fait, m'ont élu. Je pars demain encore plus enchanté de partager la rencontre avec Thomas Sandoz, avec qui nos échanges épistomailières (j'ai bien entendu parler aujourd'hui pour la première fois de webographie!) ont été très cordiaux.

Alors, oui, j'apprends: je sais que la prochaine fois, je dirai qu'il m'est difficile de faire un aller-retour de 700 km en moins de 12h, mais non, vraiment, rien ne m'empêchera de goûter mon plaisir. Compte-rendu dans ces colonnes, évidemment.

Thomas Sandoz & Laurent Cachard à Sierre demain

J'ai malencontreusement effacé la note du 16 décembre, relatant la rencontre de la veille. Je la reproduis ici:

Hier à Sierre

Première rencontre, hier soir, avec les lecteurs de Lettres-Frontière, à la Bibliothèque de Sierre, en Vallais. J’ai cru un temps qu’on ne m’identifierait jamais que comme écrivain berrichon, me voilà mi-suisse mi-savoyard pour les six mois à venir… J’ai dû, pour honorer cette invitation, jongler avec les horaires et les transports, prendre ma voiture et rouler jusqu’à ce qui m’aurait amené à Marseille si j’avais pris une autre autoroute. Mais quand ils aiment, les lecteurs, on ne compte pas et j’étais enchanté à l’idée de retrouver Thomas Sandoz pour une « affiche » partagée. Le temps de penser à Christian Chavassieux en découvrant la température caniculaire de la chambre d’hôtel, et mes hôtes venaient me chercher, pour nous amener, Thomas et moi, à la rencontre de Jean-Pierre Michellod, le maître d’œuvre des rencontres avec les auteurs, l’animateur au sens étymologique. Jean-Pierre Michellod, qui applique à ses préparations la même discipline qu’il a dû appliquer à celles de ses cours de Lettres, nous reçoit avec beaucoup de chaleur, l’impression d’être un écrivain me saisit de nouveau, un mois après « l’Usage des mots », à Genève. Il prend le pouls, JPM, s’inquiète en son for d’une éventuelle rivalité entre auteurs qui rendrait l’échange difficile, se rassure d’entendre que Thomas et moi avons déjà très cordialement communiqué sur nos écrits respectifs et qu’il n’y aura rien que lui ou la salle ne pourra nous demander. L’assemblée est assez conséquente, il y a une trentaine de personnes qui nous attendent dans la salle du haut de la belle Bibliothèque de Sierre, au dessus de ces auteurs endormis que Thomas et moi apprécions de fréquenter à ces heures inhabituelles. Jean-Pierre Michellod entame la rencontre en nous faisant parler de la nécessité de l’écriture, dans nos vies respectives ; la parole se répartit bien, j’aime entendre Thomas dire de lui qu’il n’est pas un écrivain romantique, que ce besoin ne lui est pas vital, mais prégnant quand même. Je me surprends à dire de moi ce que je ne n’ai jamais vraiment dit publiquement, à parler de cet équilibre que je dois trouver entre mes deux activités, mais aussi avec les contingences familiales, sociales, personnelles : ces renoncements qui fondent une aspiration.

sierre.jpg

Les spectateurs, comme souvent, sont respectueux, mais réactifs, quand on parle de « la Fanée », de cette écriture coup-de-poing qui ne laisse pas d’espérance. J’adorerais, par moments, me mettre à la place de Jean-Pierre Michelod pour questionner Thomas, par moments, je le fais, je me fais même l’avocat du père, dont l’auteur lui-même dit qu’il n’aime pas sa fille. Thomas, à qui on demande si les mots qu’il trouve pour parler de cette jeune fille ne l’auraient pas sauvée, qui répond que même les plus généreux, les plus altruistes des êtres humains peuvent avoir leur moment de faiblesse et de (petite) lâcheté et que c’est hélas à ce moment précis que la Fanée les a rencontrés. « Tébessa » est plus consensuel, évidemment, mais les Suisses ne me questionnent pas sur l’Histoire, davantage sur la petite. Jean-Pierre Michellod nous demande, à Thomas et à moi, si dans ce que nous écrivons d’une époque donnée, il n’y a pas une critique sous-jacente de la contemporanéité : dans les confrontations des religions, dans les damnations adolescentes etc. A ce moment, je comprends qu’un livre ne fait sens que quand on peut l’assimiler à d’autres qui ont déjà été écrits. On parle d’identité, de territoires perdus ou à défendre, des constructions inversées de nos structures romanesques : de la fin au recommencement pour Gérard, de la fin à…la fin pour la Fanée. JPM revient à nos écritures resserrées, Thomas avoue que pour se défaire du poids d’un roman aussi oppressant, il écrit un livre « de divertissement », avec dialogues, bagarres etc. Je réplique que pour me sortir de cette épure, j’ai écrit ce Dom Juan en alexandrins, dont certains sont à reprendre.

Il s’est dit beaucoup de choses, en deux heures de temps que nous n’avons pas vu passer. Toutes les petites fiches cartonnées et polycopiées du maître de cérémonie n’ont pas servi, mais l’échange a été réel, pas didactique. Durant le repas qui suit, après les signatures d’usage et, donc, les réceptions directes du roman, j’entends parler des auteurs qui m’ont succédé aux mêmes tables, de débat et de repas ; on parle de Pascal Garnier, Sorj Chalondon, rien, dans l’extrême courtoisie de mes hôtes, ne me laisse penser que je suis un auteur mineur en comparaison : c’est aimable. On s’inquiète même de savoir si mon deuxième métier devenu premier me permettra encore d’écrire ce que j’ai confessé être, à mon tour, chacune des composantes de mon tableau de fin, celui qui me déterminera comme l’individu que j’aurai essayé d’être. Nous rentrons à l’hôtel, Thomas et moi, sans oser regarder nos montres ; nous décrétons que nos routes se recroiseront et qu’on prendra un peu plus de temps encore pour nous connaître autrement que par les œuvres. Je me couche épuisé et cette fois, officiellement malade (quoique ça devra attendre les vacances…). Ça valait un réveil (très) matinal, l’impression étrange d’aller travailler à 350km de là où je me suis levé. Ça lance surtout magnifiquement ma saison. Prochaine étape à Bloye, dont j’ai vu sur le site de la ville que la commune qui lui était géographiquement la plus éloignée était… Ouessant ! Quand tout fait sens, vous dis-je.

 

19:45 Publié dans Blog | Lien permanent

Les commentaires sont fermés.