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06/10/2009

Pour l'Inoxydable

D'abord pour lui dire que deux Deuce à la présentation de Dom Juan, c'était super sympa. Que Kent revient très fort, à mon sens, avec ce morceau-là, Panorama, que j'ai entendu dans la voiture sur Inter en m'enthousiasmant. Le concept des reprises des meilleurs morceaux, même réarrangés, me plaît moins. Je veux juste lui glisser qu'outre Suzanne Vega, Dominique A s'est glissé là-dedans, ce qui en soi est une très bonne nouvelle. Et c'est pour enregistrer "Je suis un kilomètre" qu'il est venu... Peut-être faut-il tendre à s'éloigner des choses pour comprendre...

 

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panorama en écoute ici:

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04/10/2009

Reprise.

On a beaucoup parlé du dernier Mauvignier. En des termes élogieux qui allaient de soi, tant cet auteur-là s’impose, roman après roman, comme l’un des plus grands écrivains de son époque, doublé d’un être discret – ce qui, en ces temps sordides de beigbédérisme A, n’est absolument pas à négliger. De Des hommes, son septième roman, on a commencé par dire qu’il avait pour cadre une époque et des « événements » que la société française avait jusqu’ici éludés, respectant à la lettre le constat édicté par Benjamin Stora selon lequel on n’a jamais écrit sur la Guerre d’Algérie et que, de toute manière, il faut cinquante ans pour parler d’une guerre. Sans doute, d’ici 2012, respectant la tradition locale de commémoration, les ouvrages fleuriront et la fiction reprendra un peu de ce qu’elle a jusque là laissé aux historiens. On aura d’ici là oublié les excellents romans de Arno Bertina(1) et de Bertrand Leclair(2), sans compter… non rien. Mauvignier n’y sera pour rien, évidemment, pas plus qu’il n’est pour quelque chose dans l’enthousiasme des critiques qui trouvent formidable qu’un auteur d’une quarantaine d’années s’intéresse à ce pan de l’Histoire. Dans des Hommes, Mauvignier situe, comme ces autres avant lui, l’Histoire dans l’histoire et par analepse, remonte la vie de ces hommes qui en sont revenus à partir d’un scandale local et quasi insignifiant. On remonte l’existence de Feu-de-Bois, ivrogne et paria d’un village de campagne comme il doit en exister mille, du type de celui qui a un jour accueilli Pierre Jourde(3)  avec pierres et fourches. Feu-de-Bois, ce surnom en trompe-l’œil (on craint d’office la référence à la corvée du même nom) qui fut un jour Bernard, jeune appelé qui sort de la boue pour découvrir la pierraille ; Bernard, dont le parcours nous est, dans le roman, reconstitué pointilleusement par Rabut, par Février, par un narrateur dont on se demande s’il n’est pas omniscient au regard d’une histoire humaine aux horreurs soigneusement partagées entre ses différents camps. Mauvignier n’élude rien, dans son roman découpé en tranches de temps (« après-midi », « soir », « nuit » et « matin ») qui semblent tout dire également de ce qu’est un homme dont sa propre nuit se rappelle à lui. Parce que la filiation qu’on ne manque jamais de faire avec un roman qui veut dire la guerre est assumée, jusque dans quelques expressions dont on ne me fera pas croire qu’elles ne sont pas voulues : la guerre, pour les personnages de Mauvignier, c’était aussi tout ce qu’on ne comprenait pas(4)

 

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Et la guerre, à Verdun comme en Algérie, c’est d’abord une hébétude, puis un silence obligé. Par l’indicible, par les autres qui ne veulent ni entendre ni écouter. Feu-de-Bois, qui dégoûtera le lecteur dès le début sans que celui-ci se rende compte qu’il participe, ce faisant, de la même curée que celle qu’il aurait de lui-même jugée amorale. C’est la construction du roman, par strates, par ellipses, qui fait que le tableau se remplit et que les circonstances atténuantes se créent, sans pour autant qu’elles excusent. Parce que c’est bel et bien un réquisitoire contre l’Humanité elle-même auquel se livre Mauvignier, comme il l’avait fait au préalable en se servant du pire match de football que le XX° siècle ait connu(5). Tout ce qui fait le pire de la période est convoqué ici, sommé de combler tous ces blancs qui ne font que des hommes de soixante deux ans, à quatre heures du matin(6), reprennent de vieilles photos et essaient d’y retrouver la vie que d’autres vies que la leur ont laissée là-bas. On trouve ce qui a fait le superbe film de Philippe Faucon, « la trahison »(7), que les amateurs du site ont vu au CIFA St Denis : le dilemme des harkis, la porte qu’ils ouvrent dans leur conscience avant de la laisser ouverte aux sourires kabyles des fellaghas ; l’aveuglement, la rage puis le désespoir des colons qu’on a laissés là-bas en revenant sur la promesse qu’on avait faite ; l’impossible retour des appelés, qui ne sont plus puceaux de l’horreur mais à qui on ne reconnaît toujours pas l’héroïsme de leurs grands-pères. Ceux qui ont fait Verdun.

Ce que Mauvignier dit de mieux, c’est sans doute les chutes individuelles de toutes ces existences qui ont péri. Toutes, en comptant celles qui ont survécu. Le personnage de Mireille est à lui seul l’histoire de la période : d’abord bien née, puis damnée. L’existence qu’elle vivra auprès d’un Bernard qu’elle a aimé là-bas sera un sommet de tristesse dont elle le rendra responsable (« Et elle en voudrait à Bernard, elle en ferait son coupable, puisqu’il en faudra un »(8))

Des hommes est un roman majeur, sans qu’il soit besoin qu’on le dise. Quelques particularités stylistiques très Minuit, qui ne m’ont pas dérangé dans ses romans précédents, m’ont parfois paru ici un tout petit peu précieuses. Rien de grave, un ou deux suspens marqués dans la typographie et dans l’espace, une déstructuration de la syntaxe, un ou deux signes qui n’apportent rien, à mon sens. Peut-être, simplement, la pudeur d’un romancier avec lequel j’aimerais échanger quelques mots, quand j’irai le rencontrer. Pour savoir ce qu’il va faire lui, maintenant, de cette partie de l’Histoire. Pour lui donner le roman d’un de ses soldats dont Mauvignier, via Rabut, s’effraie qu’on puisse un jour ne plus rien savoir de ce qu’ils ont été.

(1) « Le Dehors ou la migration des truites », Actes Sud, 2000

(2) Une guerre sans fin, Libella Maren Sell, 2008

(3) voir la polémique et le procès liés à « Pays perdu »

(4) Louis-Ferdinand Céline, « Voyage au bout de la nuit »

(5) Dans la foule, Minuit, 2006

(6) p°259

(7) 2005, d’après le roman autobiographique de Richard Sales

(8) P°277

 

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17/06/2009

High Fidelity?

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Pascale Debruères - la chargée de mission responsable de "l'Usage des mots", la journée du 13 novembre qui présentera les auteurs de la 16ème sélection de Lettres Frontière - ne savait sans doute pas dans quel abîme de perplexité elle me plongerait en me demandant, pour une chronique appelée "il/elle a particulièrement aimé", de me présenter en filigrane par le biais de "quatre, cinq" ouvrages que j'aurais choisis! Moi qui, lui ai-je répondu, passe mon temps, comme dans l'excellent "High Fidelity" de Nick Hornby, à faire toutes les play-lists possibles pour n'importe quel cas de figure improbable, voilà qui m'a précipité plus encore! Et cette fois-ci, c'était pour de l'officiel, pas dans les colonnes de ce blog... Il a donc fallu que je fasse un choix, réfléchi, posé, assumé (d'avance): que j'exclue des auteurs qui y avaient leur place évidente pour laisser un peu plus de lumière à d'autres, qui en ont perdu, ou qui l'ont égarée...

Cette liste, que j'ai commentée alors qu'on ne me le demandait évidemment pas, c'est celle-ci: 

MON CINQ MAJEUR

-      Antoine Bloyé, de Paul Nizan, Grasset, 1933 

Mon auteur de et pour toujours : ce n’est pas encore la Conspiration, le roman le plus abouti de Paul Nizan, mais  c’est justement sa force brute, le portrait qu’il fait de lui à travers ce père qui n’aura jamais accepté son ascension sociale au sein du Chemin de Fer, la trahison de classe qu’il en a silencieusement déduit. A partir de Bloyé, il y aura toujours un traître dans l’œuvre de Nizan : pas toujours celui que l’on croit.)

-      Jules et Jim, de Henri-Pierre Roché, Gallimard, 1953

Un premier "vrai" roman écrit par un jeune homme de 74 ans... Et cette phrase absolue : 
" Avaient-ils jamais rencontré ce sourire ?
 - Jamais
 - Que feraient-ils s'ils le rencontraient un jour ? 
- Ils le suivraient ." Une épure qui se serait imposée à celui que sa démarche esthétique a fini par déterminer.

-      Le livre brisé, de Serge Doubrovsky, Grasset, 1989

« Le livre monstre » et l’odeur du sang. Mais une entrée dans l’autofiction par ce qu’elle a de plus minimal entre l’intime et le manifeste, avec ses petites marques dans les jeux de mots qui ne rient plus. L’objet/sujet, le pacte autobiographique, l’histoire de Ilse, tout me semblait y être, à l’époque.

-      Vie secrète, de Pascal Quignard, Gallimard, 1998

Pour ça : qui échappe au malheur du mot de trop ? Et aussi pour l’anatomie de la passion qu’il propose.

-      Créature, de René Belletto, P.O.L, 2000

J’ai aimé dès le début chez Belletto cette capacité à raconter des histoires et à laisser s’entremêler des  pans de  ce qui l’intéresse lui dans ce qui doit intéresser celui qui le lit ! Dans Créature, roman à codes, les renvois constants à la lutherie et à la HiFi côtoient le surnaturel, sans que ça en soit vraiment. Et puis, ce rapport à la littérature…

LE SIXIEME HOMME EST UNE FEMME PAS COMME LES AUTRES

-      L’empreinte de l’ange, de Nancy Huston, Actes Sud, 1998

Je n’ai jamais osé dire à Nancy Huston, à chaque fois que je l’ai rencontrée, qu’elle écrivait dans la lumière ce que je tentais de faire dans l’anonymat : ses pages , dans ce roman,  où le musicien cherche à tout prix à ramasser sa flûte en plein cœur de la répression, par la police de Papon, de la manifestation des Algériens, en 1961, m’ont renforcé dans l’idée que je me faisais qu’on pouvait traiter de la grande histoire par la petite, sans la pervertir.

 

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14/06/2009

CANTHOLOGIQUE!

 

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J’avais délibérément choisi de ne rien savoir sur « Looking for Eric » de Ken Loach avant d’aller le voir, le seul fait que ce film existe et que Ken Loach l’ait réalisé suffisant presque pour que je retarde le moment au risque de m’y prendre trop tard, vous suivez ? Il y a des films comme ça pour lesquels la sympathie est telle que ce n’est parfois même pas la peine d’aller les voir ! Bon, là, quand même, j’y suis allé. Conscient de ce que Loach a apporté à ma vie et conscient que la madeleine, parfois, peut porter un maillot rouge a col relevé. Pour user d’une hyperbole, je dirai que je n’ai pas vu de meilleur film que celui-ci, cette année ! Que ce cinéaste est aussi génial que son sujet est excellent, dans une hagiographie inversée : ce n’est pas Cantona dont on parle, mais d’Eric, le postier ; et ce n’est pas sa vie qui compte le plus, c’est l’unité dont font preuve les United, même si le rapport au club qu’ils n’arrivent plus – financièrement – à supporter n’est que prétexte à lien social dans une Angleterre loachienne, c’est-à-dire prolétaire.

Il y a des scènes d’anthologie dans ce film, pas forcément celles dont on a parlé. Celle qui génère le nœud de l’histoire, quand les postiers entrent en méditation et essaient de se voir par le regard d’une personnalité qu’ils aiment, quand cinq inconnus deviennent, dans un salon usé, Sammy Davis Jr, Nelson Mandela, Eric Cantona, Gandhi et Mister Blue eyes Frank Sinatra, quand, dans l’hypnose simulée, Mandela se lève pour « retrouver Winnie », c’est tout une salle qui explose de rire avant même qu’Eric lui-même entre en scène. On retrouve ce qui fait que les films de Loach sont drôles dans leur misère extrême : l’amitié, réelle, le partage, les valeurs que le club qu’ils regardent à la télévision a perdues. Pour aller aux matchs de MU, nous dit Loach, il faut être riche ou connaître des personnes influentes, fussent-elles peu vertueuses. Ce qui s’offre à Eric le postier, c’est de faire partie du rêve, d’en devenir l’historien et le garant du mythe que l’objet même du culte démythifie ! Quand Canto explique qu’il ne se souvient de rien de ce que Eric n’a pas oublié, c’est le rapport à soi que Loach explore ; quand il lui dit – et que Loach montre, au ralenti – que sa plus belle action fut une passe, qu’elle signifie que c’est la confiance que tu voues à l’autre et le risque que tu prends qui te rendent meilleur – quand chacune de ces leçons se double d’une auto-dérision permanente, on ne peut qu’être touché par cette histoire-là. Il n’y a que chez Loach qu’on peut parfois justifier une larme qui vient par le rire d’avant. Tout est touchant dans ce film, cet amour vécu in absentia et retrouvé quand plus rien n’est possible sauf ce qui reste à réinventer, cette issue cabotine à l’impasse dans laquelle la famille se trouve, les enfants qui retrouvent de l’estime et de l’amour pour un père qu’ils pensaient perdu, tout.

« Je me suis pas encore remis de tes p…. de mouettes ! », dit Eric à Eric. Moi non plus. Et je ne suis pas prêt de me remettre de ce p… de film dont on sort rasséréné, avec une volonté irrépressible de remonter le col de sa chemise et de marcher d’un port altier.

 

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11/06/2009

La sélection Lettres Frontière 2009

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10/06/2009

Tébessa dans le top 10!

Les habitués du lieu auront eu la nouvelle, déjà, tant, depuis ce matin, je me retiens de faire l'hélicoptère. La faute d'un mail qui m'est parvenu, m'annonçant que Tébessa, sans que j'en sache rien par ailleurs, avait franchi les multiples étapes que le jury de Lettres Frontière - une association franco suisse dont le projet est de promouvoir les écrivains et les éditeurs ayant un lien avec Rhône-Alpes ou la Suisse Romande - s'est imposées tout au long de l'année. Plus de 250 romans proposés, lus, défendus, critiqués pour, au final, 10 oeuvres, 5 suisses et 5 françaises. Au vu des "noms" (auteurs et éditeurs) en présence, c'est une belle et heureuse surprise pour moi, sachant que la présentation des auteurs sélectionnés se fera à Genève le 13 novembre 2009 et que différents événements frontaliers auront lieu dans l'année 2009-2010. Une occasion pour "Raison & Passions" de se faire connaître et pour moi de continuer mon bonhomme de chemin avec une plus grande vision. Claude Raisky m'ayant demandé de ne pas "prendre la grosse tête", je ne le ferai pas: qu'il sache cependant qu'il va falloir me suivre, maintenant, parce que ni moi ni Emilie, la petite héroïne de "la partie de cache-cache" ne le lâcherons!

 

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Un lien pour connaître l'association et mes illustres prédécesseurs:

c'est ici!

 

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21/05/2009

Va falloir trimer...

 

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13/05/2009

Les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponibles...

On ne choisit vraiment jamais les chansons qui nous portent pendant toute une vie. "Richard", de Léo Ferré, je ne l'ai connue que tardivement, bien après tous ses classiques que j'ai appris à aimer à dix-sept ans tout en faisant semblant de les avoir connus depuis toujours. Mais depuis, c'est un morceau qui me porte et m'intrigue, comme d'autres chansons auxquelles on a donné des prénoms ("Pierre" il faut qu'il rentre du bois, car il commence à faire froid, ici, tadadam tadadam tadadadadadam...). Je n'avais jusque là entendu que Murat la reprendre, puis Cali la reprendre après Murat. C'est aujourd'hui une version audio en bonus du DVD de "Lavilliers chante Ferré". Evidemment, je n'ai pas le droit de vous la mettre en lien ici. Mais je peux vous renvoyer ici, et vous l'entendrez.

NB: aimable façon de passer le temps et de ne pas laisser ce blog sombrer dans l'oubli, mais je travaille, beaucoup. Je travaille pour gagner ma vie et je travaille aussi à la réaliser. Après le gentil lien que l'Inoxydable a transmis aux amis de Deuce, nul doute que des millions de personnes savent désormais qu'après Dom Juan, dont j'espère la parution imminente, je me suis lancé dans des aventures lycéennes que mon ami Hostettler transforme en ce moment au-delà de mes espérances... Mais chut!

Allez, Léo!

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