Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/06/2009

High Fidelity?

Cliché 2009-06-25 15-56-15.jpg

Pascale Debruères - la chargée de mission responsable de "l'Usage des mots", la journée du 13 novembre qui présentera les auteurs de la 16ème sélection de Lettres Frontière - ne savait sans doute pas dans quel abîme de perplexité elle me plongerait en me demandant, pour une chronique appelée "il/elle a particulièrement aimé", de me présenter en filigrane par le biais de "quatre, cinq" ouvrages que j'aurais choisis! Moi qui, lui ai-je répondu, passe mon temps, comme dans l'excellent "High Fidelity" de Nick Hornby, à faire toutes les play-lists possibles pour n'importe quel cas de figure improbable, voilà qui m'a précipité plus encore! Et cette fois-ci, c'était pour de l'officiel, pas dans les colonnes de ce blog... Il a donc fallu que je fasse un choix, réfléchi, posé, assumé (d'avance): que j'exclue des auteurs qui y avaient leur place évidente pour laisser un peu plus de lumière à d'autres, qui en ont perdu, ou qui l'ont égarée...

Cette liste, que j'ai commentée alors qu'on ne me le demandait évidemment pas, c'est celle-ci: 

MON CINQ MAJEUR

-      Antoine Bloyé, de Paul Nizan, Grasset, 1933 

Mon auteur de et pour toujours : ce n’est pas encore la Conspiration, le roman le plus abouti de Paul Nizan, mais  c’est justement sa force brute, le portrait qu’il fait de lui à travers ce père qui n’aura jamais accepté son ascension sociale au sein du Chemin de Fer, la trahison de classe qu’il en a silencieusement déduit. A partir de Bloyé, il y aura toujours un traître dans l’œuvre de Nizan : pas toujours celui que l’on croit.)

-      Jules et Jim, de Henri-Pierre Roché, Gallimard, 1953

Un premier "vrai" roman écrit par un jeune homme de 74 ans... Et cette phrase absolue : 
" Avaient-ils jamais rencontré ce sourire ?
 - Jamais
 - Que feraient-ils s'ils le rencontraient un jour ? 
- Ils le suivraient ." Une épure qui se serait imposée à celui que sa démarche esthétique a fini par déterminer.

-      Le livre brisé, de Serge Doubrovsky, Grasset, 1989

« Le livre monstre » et l’odeur du sang. Mais une entrée dans l’autofiction par ce qu’elle a de plus minimal entre l’intime et le manifeste, avec ses petites marques dans les jeux de mots qui ne rient plus. L’objet/sujet, le pacte autobiographique, l’histoire de Ilse, tout me semblait y être, à l’époque.

-      Vie secrète, de Pascal Quignard, Gallimard, 1998

Pour ça : qui échappe au malheur du mot de trop ? Et aussi pour l’anatomie de la passion qu’il propose.

-      Créature, de René Belletto, P.O.L, 2000

J’ai aimé dès le début chez Belletto cette capacité à raconter des histoires et à laisser s’entremêler des  pans de  ce qui l’intéresse lui dans ce qui doit intéresser celui qui le lit ! Dans Créature, roman à codes, les renvois constants à la lutherie et à la HiFi côtoient le surnaturel, sans que ça en soit vraiment. Et puis, ce rapport à la littérature…

LE SIXIEME HOMME EST UNE FEMME PAS COMME LES AUTRES

-      L’empreinte de l’ange, de Nancy Huston, Actes Sud, 1998

Je n’ai jamais osé dire à Nancy Huston, à chaque fois que je l’ai rencontrée, qu’elle écrivait dans la lumière ce que je tentais de faire dans l’anonymat : ses pages , dans ce roman,  où le musicien cherche à tout prix à ramasser sa flûte en plein cœur de la répression, par la police de Papon, de la manifestation des Algériens, en 1961, m’ont renforcé dans l’idée que je me faisais qu’on pouvait traiter de la grande histoire par la petite, sans la pervertir.

 

22:09 Publié dans Blog | Lien permanent

Les commentaires sont fermés.