15/03/2021
292.
En 1999, je mettais les pieds pour la première fois à Bourges, en tant qu'auteur (d'un livre de bibliophilie qui ne se vendra jamais mais qui est référencé et circule toujours dans les salons). Il y a un peu d'orgueil et de testostérone mal placée, et j'ai un peu le sentiment d'arriver en territoire conquis. Les gens, là-bas, me ramèneront vite sur terre - ils la connaissent bien - et heureusement. Les écrits passeront vite au second plan, et la fête va battre son plein dans la maison de Pigny, vendue récemment, ai-je cru comprendre. De cette soirée, je garde deux souvenirs: l'air triste de cette femme qui m'a demandé, la veille, si c'est sur elle que j'avais écrit (je ne la connaissais pas); et celle que j'ai rencontrée ce soir-là et avec qui la discussion a duré très longtemps. Au moins jusqu'à ce que son petit ami vienne la chercher. Le monde moderne me permet de savoir ce qu'elle devient, ce qui n'a aucune espèce d'intérêt, mais aussi de savoir qu'elle dessine, et plutôt bien. Une esquisse a attiré de suite mon attention: il me la faut, dans ma collection personnelle.
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14/03/2021
293.
Il y a bientôt trente ans, Morrissey chantait "We hate it when our friends become successful". Le succès des autres est sans doute mérité, si son essence n'est pas pervertie par la fabrique du succès.
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13/03/2021
294.
Entretien individuel, évolution de carrière, objectifs atteints ou non atteints, je retrouve la conseillère de "Trois-Huit" mais ce coup-ci, je ne rigole plus, et lui dis avec le plus grand sérieux que, me concernant, les réponses sont dans "Hamlet" et dans "le Misanthrope".
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12/03/2021
295.
Ceux qui ont lu "Aurelia Kreit" se demandent ce qu'il va advenir de Medvedenko quand Vladislav l'aura retrouvé. Eh bien moi je le sais depuis hier.
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11/03/2021
296.
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10/03/2021
297.
André Gide est enterré dans le tout petit cimetière de Cuverville-en-Caux.
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09/03/2021
298.
HORS LES MURS / Variations sur une photographie de Jean Frémiot, 2000
Femme-muraille, devant ces murs qui prétendent enfermer jusqu’à ce que tu représentes, ton geste, l’hypnose de tes bras, comme une gitane dont l’esprit se confondrait avec le feu, est une rédemption, il réinvente, ré éclaire l’état dans lequel l’homme s’est condamné à être celui qu’il n’aurait jamais dû être. Les cerbères qui t’entourent, te délimitent, ne sont plus imposants que par ce qu’ils ont enfermé, par les âmes qu’ils ont confisquées, les vies, les phénomènes : à leur pied, tu deviens LA vie, tu rayonnes, tu es à la fois la féminité et ses incidences. A mi-chemin entre l’ombre et la lumière, tu cherches une improbable issue, tu es celle qui part, celle qui redessine les contours que les huis jamais franchis de chacune des pierres qui composent les murs avaient à jamais intégrés et définis. Dans la cambrure de tes reins, le galbe de tes hanches, il y a l’espoir qui se tend, dressé vers un infini plus haut encore, plus lointain dans l’âme que l’obstacle infranchissable. Le geste est authentique, comme le sera l’enjeu, quand derrière l’élément, tu te donneras à celui qui te fera l’amour pour recommencer, redéfinir l’état de nature : alors, l’imposant édifice rendra les énergies, il épousera le rythme de tes mouvements, la pierre retrouvera de sa majesté, elle sera d’un coup un peu moins glacée, elle aura l’écume de tes tempes qui se serrent…
L’équerre des murs qui te font face n’est plus autoritaire, elle est soumise, elle semble maintenant indiquer la direction qu’elle a si longtemps refusée, et la volupté que tu ressens à l’idée de t’y engager n’est rien par rapport à l’immensité du temps que tu libères, que tu recrées, après qu’il fût détruit. Temps réel, temps maîtrisé, aimé et materné, ton hymne est à la femme et à l’amour, il oriente, considère le sens qu’il va donner à la marche et la conscience de son contraire. Toi, Sisyphe sans absurde, tu deviens le cours et sa justification, jusque dans la douleur. Comme une reine, une égérie. La pierre se fissure, libère les interdits, les âmes de ceux qui y vivaient reclus, elle te porte, tu deviens l’immensité de ce que tu as réalisé, cime parmi les sommets. La nudité t’épargne, ton corps est un rempart, il crée une distance attractive, toutes les ondes s’y retrouvent, comme dans un champ magnétique. Tu parviens même à faire de la dissymétrie des murs un équilibre parfait, que l’arête de ton dos fige, que ton vol suspend. L’estampe japonaise qu’on ferait de ton image appellerait un haïku, circonstanciel:
J’entends tes silences / Et devine tes conflits / Je ne dirai rien
mais c’est le chant de la terre, et de ses barrières naturelles que tu entreprends de réécrire, et d’aimer à nouveau, la liberté qui n’est plus qu’elle-même, délivrée de son illusion. Libre, tu concours à la liberté des autres, tu la façonnes, la malaxes comme tu le ferais de l’argile, un argile qui s’insère, gagne du terrain sur le roc, et, paradoxalement, gagne en justice ce qu’il perd en solidité. Nous sommes déjà ensemble, moi derrière le mur, toi qui le franchis et l’annihile ; mais quand nous le serons vraiment , regarde moi à chaque seconde comme si c’était la dernière fois, que nous ne verrons pas venir, puisque nous serons ensemble...
Alors seulement, la pureté de ton geste nous reviendra et nous éprouverons de la mélancolie, celle des nuits d’Espagne, auxquelles renvoie ta danse, la liane de tes bras. Nous pourrons nous dire que nous n’avions pas fini de nous aimer, que les murs qui enferment ne sont que les projections de nos infaisabilités, nous prendrons la mesure de ce qui nous reste à réinventer. Nous serons nous, vraiment, pas ceux que nous aurions dû être. Quoiqu’il nous arrive désormais, tu sais maintenant que pour moi, il est écrit que ceux qui se sont aimés comme ceux qui se sont déchirés, finissent, forcément, par se retrouver.
Le Mur, ainsi, devient liaison, il relie, s’il est entre, c’est pour mieux assembler : c’est pour ça que tu donnes l’impression de l’épouser, de rentrer dedans, comme un spectre pour qui rien n’est infranchissable. Mon champ d’amour pour toi n’est plus paradigmatique, mais syntagmatique : un horizon, un infini.
Voilà. Hors les murs, notre vie existe de nouveau ; ils sont des épreuves plus que des obstacles, ils se passent, comme on le dit en anglais d’un examen pour signifier qu’on l’a réussi. La pierre ne s’envisage plus en hauteur, elle forme des couloirs, sert le labyrinthe dans lequel se perdra et ton corps et le souvenir que je m’en fais, ta nudité et l’effet qu’elle a sur le regard. La confusion est grande, grande est aussi la tentation d’être l’endroit où tu te montres dans la plus absolue de ta prude impudeur : soudain je me métamorphose, mes jambes, mes bras deviennent de pierre, je me fige, je m’emmure et te regarde danser. Je n’ai pas ton altruisme, et désire te garder pour moi, à jamais. Je deviens la sentinelle du temps qui te valide : l’impression d’avoir à reconstruire constamment le peu que nous avons édifié est à la fois excitante et éprouvante, mais si tu me laissais le choix entre partir et t’oublier, je choisirais de t’oublier, parce que ça ne m’engage en rien, puisque ce n’est pas possible...
Toi à la danse, moi à l’édifice, tu m’accompagnes déjà, comme une contrainte libératrice ; car si j’ai enfin le courage et l’envie d’ouvrir cette brèche que je sens nécessaire à mon bonheur, c’est avec toi que j’aimerais l’explorer pas à pas, comme un voyage intérieur. Vers la lumière.
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08/03/2021
299.
Le bonheur d'un roman russe qui vous mène, très précisément, à :
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