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12/02/2016

Achab.

Ces souvenirs auxquels on tient
Ne sont-ils pas de nos passages
Les indices les plus incertains
Des histoires le lambrissage ?
Allez, mon vécu, je te quitte,
Je marcherai vers d’autres lieux
De l’enthymème je m’acquitte
Séméion de maux fallacieux
Je fixe là-bas l’horizon
D’une vie qui reste à écrire :
J’en réitère l’ambition
Le doux espoir d’un avenir.
J’aimerai encore, je le jure,
Autant que j’ai jadis aimé
Je perpétuerai l’aventure,
Lien d’un homme et de son passé.

©LC "Etretat", 2013

17:03 Publié dans Blog | Lien permanent

11/02/2016

Argan.

Son hypocondrie n’ayant d’égale que sa mégalomanie, il se résolut à mourir, certainement, d’une maladie si rare que la médecine ne l’avait pas encore référencée. Qui porterait son nom, avec un peu de chance.

18:59 Publié dans Blog | Lien permanent

10/02/2016

Brève de cantine.

Si je m’interroge sur l’idée que l’infini puisse avoir une fin, je dois d’abord me demander de quelle fin je parle : est-ce la finitude, signifiant que quelque chose s’arrête et ne continue plus, ou est-ce la fin, l’objectif, dont on dit dans le langage courant qu’elle justifie les moyens ? Ainsi, une fois cette double acception tranchée, j’en saurai un petit peu plus, même si la première définition ne m’offre guère le choix : si les choses s’arrêtent, je ne serai pas là pour en témoigner. Mais si je considère la fin de l’infini comme étant un repère possible à quelque chose de maximal – dont je ne peux envisager, au moment où je le prononce, qu’il puisse s’épuiser de lui-même – alors je peux tendre vers cet objectif en toute tranquillité : pour atteindre un objectif, il faut viser plus loin et mesurer le chemin parcouru tant qu’il en est encore temps.

14:50 Publié dans Blog | Lien permanent

09/02/2016

Bardamutisme.

Tout homme se félicite de sa singularité jusqu’à ce qu’il se confronte à la singularité d’un autre et ainsi de suite : c’est ainsi qu’on juge de l’importance collective.

18:57 Publié dans Blog | Lien permanent

08/02/2016

Caillou.

On vit toujours dans l’espoir d’une vie réussie : plus jeune, on veut être surhomme, homme et demi, parce qu’être ne nous suffit pas. Passé l’outrage des caresses et du temps, la finalité n’est plus la même et l’on se contente largement d’avoir vécu.

13:11 Publié dans Blog | Lien permanent

07/02/2016

La fille de Montargis.

Dans la ville, une voiture roule au ralenti, deux de ses occupants, à l’arrière, prennent films et photo par les vitres entr’ouvertes. Curieuse manie de faire des images plutôt que de s’arrêter pour regarder. Le véhicule prend le même chemin que moi, mettra moins de temps mais n’aura pas les mêmes plaisirs. Sans doute n’a-t-il pas le loisir que j’ai non plus : sur la plaque d’immatriculation, je vois que le véhicule vient de Montargis. La Venise du Gâtinais. Celle dont parlent les enfants de l’école dans « la Partie de cache-cache ». Je vérifie, ce soir, il y a 666,6 km entre Montargis, et l’autre Venise, la petite, celle du Languedoc, ça ne s’invente pas. Cette jeune fille, derrière, les a-t-elle faits dans la journée ou s’apprête-t-elle, avec sa famille, à rentrer chez elle ? Je ne le saurai pas, et ça n'est pas le sujet : elle a réinventé ma damnation, mais aujourd’hui je m’en fous.

19:55 Publié dans Blog | Lien permanent

06/02/2016

Présentation d'une ville (5)

Curieux, également, de vivre dans une ville qu’on pense dominée par la mer mais qui ne fait, au final, qu’obéir au vent. Il cloue les pêcheurs au port, chasse les nuages quand il le veut, fait plier les carcasses, des hommes et des bateaux. Fait tournoyer le sable, le projette dans les vagues, défie l’estivant jusqu’à ce qu’il aille voir ailleurs, puis s’arrête, sur le champ, une fois qu’il est parti. Tour à tour sec, virulent, glacial et chaleureux. L’Autan (le vent noir), le Zéphyr, l’Aquilon, le marin côtoient les deux mythes locaux, le Mistral – qui, dit-on, apprend à se rester fidèle, à bien s’enraciner – et la Tramontane, perce-muraille des reliefs et des cultures. Tous ne soufflent pas dans la même direction, suivant ce qu’ils comptent faire subir aux fétus de paille que redeviennent les hommes, à cet instant. Quitte à rendre fou le météorologue du secteur, qui devra changer ses prédictions deux ou trois fois dans une même journée et finira, comme les autres, par demander sa mutation plus au Nord. A Montpellier. Sans savoir que, quoi qu’il arrive, le vent n’a qu’une seule fonction réelle, celle de nous souffler la réponse, mon ami.

12:38 Publié dans Blog | Lien permanent

05/02/2016

Présentation d'une ville (4)

Une ville construite sur et autour d’une colline respecte habituellement des normes d’élévation sociale autant que spirituelle : plus on approche du sommet, plus les places sont chères. Dans cette ville que j’observe, les rôles se sont inversés : ceux qui l’ont fondée se sont installés au plus près de leur activité, et ceux qui l’ont développée ont investi, au départ, les quartiers-hauts, premier centre-ville avant qu’une bourgeoisie se déplace vers la basse ville et qu’on laisse les pentes, ardues, à la plèbe et aux artistes. Comme dans d’autres villes lumières nées sur des dunes. Quoi qu’il arrive, il reste la protection divine, tout en haut, le calvaire visible de loin, rassurant quand on est en mer, atteint, à pied, après toutes les étapes de l’élévation, une de mes marottes : l’apathie, l’ataraxie et l’époké. Ça marche sur les corps comme sur les esprits, c’est pratique. Même les scolaires sont obligés de grimper pour apprendre, dans le cœur de la ville. De quoi regretter son passé un peu voyou, « l’immoralité de son peuple » - écrivait-on au XVIII°s. Pas longtemps : il y a quelque chose d’attirant chez la canaille, quand son jeu consiste à détourner la loi, l’autorité et la puissance. Fais pas chier le marin, sinon tu vas boëter les casiers.

16:06 Publié dans Blog | Lien permanent