06/02/2016
Présentation d'une ville (5)
Curieux, également, de vivre dans une ville qu’on pense dominée par la mer mais qui ne fait, au final, qu’obéir au vent. Il cloue les pêcheurs au port, chasse les nuages quand il le veut, fait plier les carcasses, des hommes et des bateaux. Fait tournoyer le sable, le projette dans les vagues, défie l’estivant jusqu’à ce qu’il aille voir ailleurs, puis s’arrête, sur le champ, une fois qu’il est parti. Tour à tour sec, virulent, glacial et chaleureux. L’Autan (le vent noir), le Zéphyr, l’Aquilon, le marin côtoient les deux mythes locaux, le Mistral – qui, dit-on, apprend à se rester fidèle, à bien s’enraciner – et la Tramontane, perce-muraille des reliefs et des cultures. Tous ne soufflent pas dans la même direction, suivant ce qu’ils comptent faire subir aux fétus de paille que redeviennent les hommes, à cet instant. Quitte à rendre fou le météorologue du secteur, qui devra changer ses prédictions deux ou trois fois dans une même journée et finira, comme les autres, par demander sa mutation plus au Nord. A Montpellier. Sans savoir que, quoi qu’il arrive, le vent n’a qu’une seule fonction réelle, celle de nous souffler la réponse, mon ami.
12:38 Publié dans Blog | Lien permanent
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