17/02/2013
L'ami du genre humain n'est point du tout mon fait (épisode 1).
Pas grand chose à dire sur "Alceste à bicyclette", la fantaisie que Fabrice Luchini s'est offerte via Philippe Le Gay. Sinon que les meilleures scènes (les seules?) sont celles de répétition, dès qu'on s'est amusé du mimétisme luchinien singeant le Céline de Meudon. Mais un rappel, celui, comme beaucoup, que "le Misanthrope" est un texte qui m'a porté longtemps. Et pour lequel je m'étais amusé, il y a près de dix ans, à la réécriture, déjà, comme je l'ai fait pour Dom Juan, après. Mais pour Dom Juan, j'avais une excuse: celui de Molière est en prose, j'ai donc fait le mien en vers. Pour "l'atrabilaire amoureux" - superbe sous-titre trop vite oublié - Jacques Rampal s'est chargé de poser, en 1992, "Célimène et le Cardinal", une suite en vers qui connut un succès important et mérité. Rien de tel ici, juste le rappel d'une distraction, et l'annonce d'un anniversaire à venir. Mais fi de la prétérition, on va me prendre pour Oronte après...
Don Lorenzo Palabras De Nada
La résolution en est prise, vous dis-je.
Don Rocío Jerez-Díaz
Mais, quel que ce soit ce coup, faut-il qu’il vous oblige… ?
Don Lorenzo Palabras De Nada
Non : j’ai beau y repenser et revoir en images
Les années écoulées, je n’ai d’autres adages
Que ceux que j’exprimai en cet anniversaire
Quand vous vous opposâtes, en ami ou en frère
A ce que j’isolasse de mes humeurs moroses
Et qu’à mes souvenirs cédasse enfin la prose.
J’avais voulu me taire, vous m’avez fait parler
N’espérez un instant me voir continuer ;
Si de tous mes amis vous êtes le phénix
Laissez-moi je vous prie, n’allez jeter au Styx
Le lien que nous tissâmes, vous et moi, contre vents
Et marées délicates, juste comme à Ouessant,
Où j’entends séjourner, quelques soient les conseils
Que vous m’assénerez, la morale en éveil
Mais le cœur en sourdine, les œillères de mise :
Vous n’avez pas changé, voulez-vous que je dise !
Si le temps a passé, qu’il n’ait sur ma mémoire
Pas plus de patine qu’il n’en a sur la gloire
De ceux dont on rappelle les exploits incessants
De sorte qu’à la fin on confond les présents
Et les passés glorieux dans un même respect !
Qu’en fait d’ennemi, le temps prenne l’aspect
De mon plus sûr allié, un Horatio fidèle
Qui saura témoigner, quand en tant que mortel
J’aurai quitté ce monde, de mon juste télos.
Je vois votre visage qui s’éclaire et se gausse
Et c’est bien pour cela que ce ne sera vous
Qui m’assisterez là, si vous me pensez fou.
Laissez-moi, je vous dis, une dernière fois
Cela fait des années, j’en compte déjà trois
Que vous me retenez, sans que je sache bien
Quelles sont les raisons qui meuvent ce dessein :
N’est-ce pas là le fort de ces gens qui prétendent
Empêcher ce qu’eux-mêmes espèrent et attendent ?
Vous seriez un coquin si de notre amitié
Vous n’aviez une image un peu plus avancée.
Je crois bien qu’à mon âge, la connaissance aidant
On voit se profiler un peu mieux qu’à vingt ans
Ce qu’il faut de sa vie faire ou ne pas faire :
Ce que je vous dis là vous étonne, mon cher ?
Eh bien ! Je le maintiens et vous le redis fort :
Personne n’a raison et personne n’a tort.
Don Rocío Jerez-Díaz
Je ne peux sur ce point vous en donner quitus
Vous qui toujours en moi pensez trouver Brutus !
Reste que tout ce temps je n’ai cherché qu’à taire
Ce qui précisément nourrit votre colère :
De vos combats passés vous devez sur le seuil
De votre quarantaine en entamer le deuil
Don Lorenzo Palabras De Nada
Et les laisser gagner, les sbires de l’oubli ?
Si je n’avais à cœur que de rester poli
Je ferais rengorger ces paroles ineptes
Je jure sur Rollon devant Saint-Clair-sur-Epte !
Don Rocío Jerez-Díaz
Vous voilà de nouveau animé par la bile
Je ne vois vraiment pas ce qu’un normand édile
Viendrait faire par là, d’autant, pardonnez-moi
Que l’on se souvient plus, pas de lui, mais du roi
Qui lui donna les terres ; mais enfin je digresse
C’est bien vous que d’aller…
Don Lorenzo Palabras De Nada
Jusqu’à l’Antique Grèce
Solliciter des Dieux l’aide des Bienveillantes
Et pallier avec elles l’écho qui me tourmente
Et me renvoie là-bas, au cœur de l’océan
Retrouver dans la brume du matin de Ouessant
Ce que j’y ai perdu. Ce n’est pas si terrible :
Mon âme est à mon cœur de nouveau disponible
Que je n’y trouve rien n’a pas plus d’importance
Je chercherai là-bas un but à mon errance
Mais il faut que j’y aille car c’est en ce terrain
Que je recouvrerai la foi du genre humain...
16:44 Publié dans Blog | Lien permanent
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