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03/05/2011

"Trop pas!" - Chroniques - 1

Image 2.png« Trop pas ! » existe, je l’ai rencontrée. Près d’un an et demi après la fin des dernières maquettes, c’est à la Casa Musicale qu’elle verra le jour, pour la fin du mois de juillet. Hier, ce devait être une journée consacrée à l’installation de la batterie, mais les aléas du monde musical ont changé la donne, de façon très heureuse. A la place de mon copain d’enfance, retenu ailleurs, c’est Jean-Marie Elvira, celui de Fred Dubois, qui s’est installé derrière les futs. Jean-Marie, musicien professionnel, habitué des scènes niçoise, parisienne et lyonnaise, connaît les sonorités sud-américaines, joue avec des Brésiliens, des Cubains, transforme « la cancion de Esteban » en rumba cubana, timbal, guiro et conga à l’appui, puis s’empare d’une basse pour donner au morceau la tonalité qui va faire se trémousser quelques hanches. Décidément la bonne pioche du projet, courtesy of Fred D. Fred Dubois, c’est l’homme qu’Eric Hostettler et moi avons choisi pour diriger l’enregistrement, les vingt jours de studio que nous allons passer ensemble : auto-proclamé GIGN-D, il a une exigence liée à son métier qui rassurerait le plus anxieux des hypocondriaques. Une décision à prendre, une orientation musicale, un talent prometteur, il discerne tout de son œil perçant et n’en a jamais terminé. L’alchimie se sent déjà, par cercles concentriques : Fred & Xavier (Despras), le talentueux et flegmatique ingé-son, Fred & Jean-Marie, inespérée session rythmique, ces paires auxquelles Eric s’est lié naturellement. Les batteries s’enchaînent à une vitesse impressionnante, avec une facilité déconcertante : Jean-Marie s’amuse, propose, prend les choses en main en fin de journée. On parle de tempo, en 144 (celui de « la Marseillaise »), de coda, de pèche (grosse caisse-cymbale), de ride ou de crash, de fla et de Charley ouvert, de 16ème de temps devant, on fait les allers-retours entre la salle d’enregistrement à l’étage et le matériel de Xav’, en bas. La Casa, c’est une ambiance un peu surannée, celle des vieilles salles de cinéma un peu poussiéreuses mis qui restituent les âmes des films qu’on y a projetés. J’y ai assisté à la prise de « Je connais mes limites » pour « Deuce Sex Machina », aux concerts des mêmes Deuce et de Valeria Pacella. Pour « Trop pas ! », l’ambiance y sera différente, plus resserrée : pas besoin, pour les musiciens, d’attendre leur tour, puisque les postes sont quasiment doublés : c’est Fred qui jouera la basse aujourd’hui – il a déjà entré « le Café des Ecoles », sa préférée – et Jean-Marie qui mettra demain les percussions aux rumbas de « l’Ecole Buissonnière » & consœurs. Eric et Gérard (Védèche), autre histoire d’amitié, joueront les guitares plus tard, une fois la base rythmique en boîte. S’ajouteront à ça, demain, les claviers d’Olivier Castan, puis les additionnels, dans deux semaines. On prévoit du lourd là-aussi. J’entends dire, mais c’est encore un secret, que des cuivres viendraient de chez…Non ? Difficile d’y croire, mais pourquoi pas, après tout. Aujourd’hui, Pauline est venue faire connaissance avec les lieux et l’esprit des lieux. C’est Marjo qui a pris corps, un peu. Et moi, de mon fauteuil rouge, je regarde ce Tout continuer de prendre forme. Trop bien !

21:01 Publié dans Blog | Lien permanent

02/05/2011

Regreso

IMG_1194.jpgL’Andalousie est un des révélateurs qui me donnent la conscience de la vie que je mène. Quand je m’y retrouve, ce qui nécessite un voyage quasi-initiatique par sa longueur, je me souviens des fois où j’y suis allé. Je me rends compte que la Mesquita est toujours là, que le Guadalquivir véhicule toujours les histoires qu’il a portées, et que moi je suis à la fois le même que celui que j’ai été et quelqu’un d’autre. Cette mécanique-là, que j’explore depuis, allez, trois décennies conscientes, m’apporte de la sérénité et de l’angoisse : je ne quitte pas ma bivalence. Je suis heureux que d’ici quelques semaines maintenant, si tout va bien, mon « Poignet d’Alain Larrouquis » rende à l’Espagne tout ce qu’elle a apporté à ma vie d’homme : une permanence dans le chaos, un rapport à l’Histoire qui se joue et le lien jamais défait entre la littérature et le peuple, que la France a perdu. Cordoba s’est un peu refusée, cette fois-ci, mais ce qui est désolant à quinze ans, je l’ai constaté, l’est moins à quarante et quelques : ce sont Marjo & Esteban* qui doivent passer le fleuve en plein soleil, je peux, maintenant, me contenter de la pluie. Je les ai appréciés pleinement, ces instants de duende, dans le partage du fino comme dans la solitude essentielle des bains de mer. Je ne sais pas quand j'y retournerai, voire si j'y retournerai un jour, mais ça importe peu, au bout du compte: mes marqueurs seront toujours là et quand j'aurai disparu, il se trouvera bien quelqu'un qui se souviendra de moi et qui se souviendra aussi que c'est là-bas que j'apprenais à ne pas me croire immortel.

* chroniques d'un enregistrement, qui commence aujourd'hui, à retrouver dès demain.

10:46 Publié dans Blog | Lien permanent