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31/05/2024

L’homme coupé au Tiki Vinyl Store.

IMG_3973.jpegC’est beau aussi, les lendemains de fête. Quand, moins d’une semaine après le premier show à  la Casa, Stéphane Pétrier & son orchestre viennent présenter l’homme coupé en deux au Tiki Vinyl Store, ce magasin de 33t - comme on les appelait à l’époque - sur les Pentes de la Croix-Rousse, ce quartier qui me vit naitre et que je ne reconnais plus. C’est sans doute pour ça que retrouver des repères est une nécessité et que ce show-man que je suis depuis trente ans, qui plus est accompagné de  références dinosauriques, est une des bonnes raisons de me faire venir, encore. Pour un show-case, un moment censé faire acheter le disque et donner l’envie d’aller au vrai concert. Avec une formation de six musiciens, pas comme hier, où Steph, d’entrée, annonce un homme coupé en trois, pas en deux, comme le titre de l’album l’indique, originellement : pas de trompette, pas de synthé, le groupe est en mode rock’n’roll, ça élimine certains morceaux, dont l’initiatique « la grande vie », mais ça oblige Éric Clapot, à la Strat’ puis à la Gretsch, à occuper un peu plus l’espace, devant une section rythmique interdite aux moins de 1,85m. Deux twin towers - même s’il faudra trois morceaux pour se rendre compte que Steph a muté la caisse claire - et un orfèvre, l’écrin du Tiki Vinyl Store est prêt pour que l’autre iguane entre dans la performance, se frotte le visage et les cheveux, s’agrippe au micro comme à une liane, pousse, comme un coureur de 100m désireux d’en découdre. C’est un vrai spectacle, toujours renouvelé, de le voir s’emparer de ses titres apocalyptiques, faits de fin du monde, de guerre en Ukraine, de réchauffement climatique, de vieillissement et d’en faire des historiettes qu’il va chantonner de sa voix douce, à peine contredite par la puissance du spectre musical. C’est Houdini (part I) qui ouvre le court concert, avec son anaphore finale « Que toi qui pénètres jusque là » (X4) pour un « Que toi qui pénètres jusqu’à moi » au cours duquel le chanteur a annihilé la distance - déjà symbolique - avec le public. C’est toujours très impressionnant, surtout du premier rang, après le dernier samedi. Il nous parle de ses névroses et de ses décalages, dans « je ne dors jamais » et « à l’autre bout du monde », quand il s’absente de moments où tout semble presque bien se passer.  Entonne les Beaux restes, qu’il faut monter puisque les cuivres ne sont pas là, ni le gimmick entêtant au synthé. Il sait bien, le bougre, que celui à qui il s’adresse n’est plus là pour apprécier, encore, d’être en vie et de, simplement, faire des choses.  « La fille au cœur percé » permet aux quinquagénaires (large) de se souvenir de ce qui aurait pu se jouer, un jour, si le sort s’était inversé. C’est ainsi que la fiction permet de réécrire la vie. En cela, « besoin de personne » est plus une antiphrase qu’une (réelle) reprise, parce qu’on sait - et il le dit - le garçon sensible sur la réception de ce qu’il fait, comme tous les saltimbanques. C’est toujours un bel endroit, le Tiki Vinyl Store, on y est reçus comme des rois, et c’était la 3e session du mythique Simplex Records, après Danilo et Factory. Je retrouve après le concert - 12 ans après La partie de cache-cache - la sublime Marion et sa fille, qui a 30 ans ou presque, c’est dire si des années ont passé, et que sans l’action - vaine et essentielle - d’artistes comme cet homme-là, coupé en deux et qui se met en quatre, on pourrait croire qu’elles sont passées pour rien. Eh bien non. Il y a eu un after, du hard-rock, Jo qui croise son fils sur les pentes en repartant, quelques pâtes englouties en rentrant et le besoin viscéral de rendre compte, au plus vite.

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