18/11/2023
Médiathèque Mitterrand -Sète 17.11.2023
Je peux le dire maintenant, c’est un rendez-vous que j’appréhendais, la présentation d’Aurelia Kreit à la Médiathèque Mitterrand de Sète. Parce que nul n’est jamais prophète en son royaume, et que l’émotion ressentie à Lyon était tellement énorme que j’avais un peu peur d’être déçu. Un quart d’heure avant la rencontre, que nous avions prévu de commencer à l’heure, ils étaient trois ou quatre à attendre dans le hall, aussi ai-je (plus que) respiré quand j’ai vu la salle se remplir par grappes de personnes ininterrompues, jusqu’à la remplir, ou presque. Soixante, soixante-dix personnes, ça n’est pas Bercy, mais pour une rencontre littéraire d’un auteur inconnu, c’est déjà beaucoup et sur ce premier point, moi qui craignais une réaction – au sens littéral – d’un certain nombre de personnes, je suis rassuré. Marie, la directrice de la médiathèque, a le bon goût de préciser que si j’ai plusieurs casquettes dans cette ville, c’est au titre d’auteur qu’elles (avec Céline) m’ont invité, et Yves Izard peut commencer l’entretien sous un beau fond d’écran vidéoprojeté signé Jean-Renaud Cuaz. On y voit les deux couvertures du diptyque et, plus tard, le parcours retracé de l’attelage, dans les deux romans. Celui des troupes russes, également. On expose, sur un chevalet, le portrait géant de Nicolas Grosso, qui viendra faire l’interlude musicale. C’est le premier portrait des Figures singulières qu’on expose, il est en tirage limité, numéroté et signé. Yves a préparé l’entretien à sa façon, chronologique, j’ai parfois un peu l’impression qu’il en dit trop sur l’histoire, mais ça me semble fluide, et c’est confortable de répondre à des questions sur les thématiques, sur la guerre, sur l’identité sans avoir à les amener soi-même. La salle est attentive, réactive, on les soulage un quart d’heure avec la prestation de Nico, sublime guitariste, qui offre à ceux qui ne le savaient pas encore trois morceaux, dont un sublime texte sur Freddy, le Elvis Presley de Sète à l’accent pied-noir, qui lui a apporté beaucoup avant de disparaître récemment, d’un accident de voiture. Mais la chanson swingue, c’est son credo, à Nico. Il doit partir à un concert, il a juste le temps d’enchaîner sur un 3e titre dont j’ai écrit les paroles : c’est « C’était mieux demain* » - nostalgique, mais pas passéiste - le titre d’un album qui sortira quand il en aura envie, c’est clair, comme ça. On reprend l’entretien, sur les lieux, sur l’action, l’idée de vouloir retrouver un blessé dans les méandres administratifs de la 1ère guerre mondiale, sur l’exil. Sur l’ukrainité davantage que sur l’Ukraine. Je lâche l’idée d’un 3e volume qui commencerait le 22 février 2022 pour remonter, par analepse, à l’histoire d’Aurelia. Que je ne pourrai jamais lâcher en tant qu’auteur, c’est certain, maintenant. Peut-être n’était-ce pas le meilleur moment pour le faire, mais on lance la couverture des Figures singulières, la mosaïque des 23 visages (sur 25) qui composeront le recueil, dont la sortie a été avancée en janvier. On projette « Au pays d’Agadarago », le portrait de Matthieu Garcia, le jeune et prometteur volleyeur local. Et c’est déjà la fin, puisqu’il faut garder un temps de dédicaces. C’est passé vite, j’ai vu plein de visages que je ne connais que depuis peu, c’est une bonne chose, ça m’ancre un peu plus dans ce pour quoi je suis fait, définitivement. J’ai une pensée, à la fin, pour là où j’étais il y a sept mois, vite chassée par les rendez-vous à venir. Un cercle de lecture à Sète, Mulhouse et Thann, ensuite, pour décembre, un passage à l’ES Factory d’Etienne Schwarz mi-janvier (à définir), la Casa musicale au printemps. Elle est (si) belle, Aurelia, elle trouve ses lecteurs. Je sais qu’elle va me faire plonger dans son univers, et je l’attends, m’écrit-on, à la seconde. Un temps (seulement), je les envie.
*Une version pirate, à l'ancienne : un tout petit aperçu du talent du garçon.
Photo : Daniel Damart
14:34 Publié dans Blog | Lien permanent
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