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07/04/2020

Chienne de vie.

On en est tous à faire comme si on allait bien. Comme si l’invité surprise, dehors, n’avait pas frappé ou ne frappait pas, actuellement, un proche, une connaissance, quelqu’un dont on apprend, incidemment, qu’il a contracté la maladie et qu’il n’a pas tenu. Dans ces temps de bilan, forcément, on la remonte, la route, ses mutations brusques – Virilio n’aura jamais été si actuel – ses accidents. Ses phénomènes. Tout ce en quoi j’ai toujours cru, par ailleurs, sans même pouvoir me targuer d’avoir eu raison : les liens que j’ai tenus longtemps se distendent, les fils doubrovskiens sont unilatéraux. Au cœur de la nuit, un visage connu d’ici raconte, la voix harassée et la respiration assistée, comment il s’est vu partir, fut rattrapé in extremis. Il dit sa joie ultime d’être revenu et d’être entouré, c’est poignant. Et là, deux visages qui ont changé ramènent un moment d’insouciance à la surface, le temps d’une chanson. On trouvera toujours que, ou alors que, mais c’est vraiment la chanson qui compte, cette fausse bluette écrite il y a plus de dix ans, quand on y croyait tous. La difficulté provocatrice, à cette époque, se résumait à savoir qui, de l’auteur ou du compositeur-interprète, mourrait le premier : ça changeait tout, parce que si l’auteur pouvait partir en beauté, sous l’interprétation de ses textes, il n’en était pas de même pour l'autre… Cette chanson-là fait partie de mon patrimoine de cinq, celles qu'on interprétera à mon enterrement, avec quatre autres qu’il me faudra choisir. Pas facile, mais toujours plus que de hiérarchiser les cinq personnes qui, à l’heure actuelle, sont autorisées à voir partir leur proches. 

09:43 Publié dans Blog | Lien permanent

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