22/12/2019
La règle des trois.
Je m’étais fait la réflexion, en construisant Aurelia en trois parties, comme on fait une dissertation. Avec le sourire, qui plus est, parce que, généralement, les plans que je fais de mes romans, je les perds ou ne les respecte pas. Et puis dans le beau retour* que m’a fait cette nuit le Président de Filomer, à Sète, auteur, libraire et gros lecteur - il se réjouissait d’interviewer Hubert Haddad en octobre, ayant lu toute son œuvre et a fini par… le remplacer, pour que la rencontre ait lieu, suite à la défection de l’auteur – cette remarque m’a fait m’interroger sur le thème du trio, récurrent sans que je m’en rendisse compte, au préalable. Dans « la partie de cache-cache », il est évident, et fonctionne sur la base tragique de l’aimée, de l’amant et de son rival, fussent-ils, tous, âgés de 11 ans ; dans « le Poignet d’Alain Larrouquis », le velléitaire Paul Herfray fait face aux deux héroïnes rohmériennes, Margaux et Solène ; dans « Dom Juan », il est nécessaire à la dramaturgie et la scène finale ne peut que comprendre le personnage central, la femme dont il veut se faire pardonner et le Commandeur dont il veut se venger… Dans « Aurelia », outre la construction, le récit s’est construit sans que j’en fisse une priorité, mais ce sont les lecteurs qui font cette remarque. Et l’influence de « Jules & Jim », celle de « la Conspiration », tout cela remonte, en sus des questions qu’on se pose toujours sur soi, celui qu’on est, celui qu’on voudrait devenir et celui que l’on devrait être.
* "Je me doutais depuis le début qu'Aurelia elle-même serait toujours présente en filigrane dans le livre pour n'apparaître en pleine lumière qu'à la fin et en effet elle annonce une belle suite... Car cette infirmière ne peut pas s'arrêter là (...).. Je reste subjugué par la maîtrise de tes personnages de bout en bout... Ils se surpassent, comme toi... Je connaissais à peu près bien une partie de ton oeuvre mais là c'est une autre histoire... Tout y est, y compris les faits historiques, les détails techniques ou scientifiques et même au niveau de la psychanalyse c'est vachement bien traité... Toujours en souplesse avec une belle dextérité. On retrouve même un peu de la problématique de la gémellité... (…) Je te trouve très habile dans tes articulations et tes ellipses, et je suis ébahi par ton rythme, une vraie musique que l'on entend de bout en bout sans jamais faiblir, c'est ça la grande force de ton roman... A la fin, on en attend encore, comme si tu en avais gardé sous la plume... Autre chose: bien aimé ta manière de gérer les trios de personnages, c'est presque systématique et chaque scène pourrait ainsi être théâtralisée... J'ai vu ce que tu avais lu (biblio) et c'est effectivement lisible: on sent bien que chaque sujet même s'il fait 3 pages a été soigneusement peaufiné et enrichi auparavant... (…) Bien aimé ton traitement de la judéité, sans insister, mais c'est le fil du roman avec l'âme slave en toile de fond...Bref, triste de quitter Aurelia à qui je souhaite longue vie... Il va rejoindre les autres Cachard entre Butor et Calaferte...Après c'est Camus et Carco..."
NB - en photo (©Muriel Jacobi), les trois pans de l'histoire d'Aurelia Kreit : le violon, sa marque de fabrique, le disque qui a mis trente ans à sortir et le roman, qui la raconte.
11:46 Publié dans Blog | Lien permanent
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