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22/09/2019

Le roman d'Aurelia (89-19 9/15)

IMG_5344.jpgQue je prévienne de suite, avant la mise en demeure : j’ai piqué et replacé une phrase entière de René Belletto dans Aurelia Kreit. Mais avant qu’on m’incrimine, comme le premier PPDA ou Moix venu, il convient de recontextualiser : je n’ai fait que lui rendre la pareille. De quel droit, en effet, place-t-il la vieille Madame Cachard au-dessus de l’appartement du personnage principal de Régis Mille l’éventreur, hein ? De quel droit me laisse-t-il penser, le roman se déroulant à Lyon– comme beaucoup de ceux de ce superbe écrivain – qu’il pût s’agir de ma grand-mère paternelle, née en 1899 et ayant vécu suffisamment longtemps, avec une personnalité telle, pour qu'il ait pu choisir son patronyme et nommer ainsi un personnage ? C’est évidemment une anecdote insignifiante, au sens oulipien du terme : une ligne sur les 14000 que contient ce roman ne va pas prêter à interprétation, et ça n’est d’ailleurs pas le seul signe que je fais – le lecteur avisé repérera quelques petites références animales, inessentielles. Mais là, quand il m’est venu le besoin de nommer la voisine du dessus, quand les Russkoffs arrivent à Lyon, en 1914, je n’ai pas hésité longtemps : j’ai retrouvé le livre et j’ai replacé la phrase, en inversant nos noms. C’est donc la vieille Madame Belletto – et sa petite-fille Marie, de l’âge d’Aurelia – qui voit débarquer le drôle d’attelage au 17, Montée Saint-Sébastien, dans le triste quartier ouvrier de la Croix-Rousse. Cette expression non plus, je ne l’ai pas inventée : on la trouve, déjà, dans Tébessa, retranscrite exactement comme on la trouvait dans un faire-part de décès en 1956… L’équipage se retrouve à Lyon parce qu’on y a envoyé Anton dans le cadre de la préparation des Cités du textile, qui ne verront le jour, finalement, qu’après la guerre : c’est encore là le privilège de l’écrivain, qui peut exploiter un domaine qui n’a pas encore existé, mais dont on sait ce qu’il en est advenu. A l’époque du premier manuscrit, mon éditeur historique* m’a renvoyé dans mes vingt-deux en opposant le pointillisme de la partie lyonnaise à l’approximatif inacceptable de la partie ukrainienne, pour les raisons que j’ai évoquées, déjà. Il avait absolument raison, et me reviennent, à quelques heures de la sortie du roman, les centaines d’heures consacrées à la refonte et la réécriture complète et rigoureuse de son ukrainité. Jusqu’au sous-titre, qui rappelle aussi ce premier ouvrage dont on me parle encore comme si je n’en avais écrit qu’un. 

* qui m’aurait bien cantonné, sans que ce fût péjoratif, à ce rôle-là, écrivain de ma ville. Que j’aime, mais j’ai quittée pour une île singulière, décrite ICI, après m’être baladé, à l’écrit, du côté du Berry, du Béarn, de l’Espagne de Somosierra et Algeciras, entre autres.

 

Ces chroniques racontent la genèse et l’édition du roman « Aurelia Kreit », paru aux Editions Le Réalgar.

Présentation du roman le 28 septembre à 14h30 à la librairie du Tramway et à 20h à la MJC Ô Totem de Rilllieux, pour la reformation sur scène du groupe (couplée aux 30 ans du Voyage de Noz).

07:15 Publié dans Blog | Lien permanent

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