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21/06/2015

Hit the road, Jacques!

IMG_4087.JPGC’était bien de mettre un visage sur un auteur, et d’entendre la voix de Jacques Josse, hier, railler doucement la mort en lisant des extraits de « Au bord de la route », le livre que le Réalgar a édité en janvier 2015. Railler la mort en parlant d’elle, sous toutes les formes qu’il lui a imaginées, la décrivant extraire des listes, interminables, de gens célèbres et d’autres anonymes, tous fauchés, puisque tel est le cliché, dans des situations différentes, des accidents, des manques de chance, the wrong place at the wrong moment, puisque, sans y être jamais allé, Josse se revendique de la culture Beat américaine, des grands espaces et des débuts, dans la première version d’ « Actuel », des traductions de Bukowski, Corso ou Snyder.  D’une voix neutre, il énonce des situations, cherche l’équilibre, dans la phrase, entre la gravité du sujet et sa dimension quasi-pérecquienne, dans l’importance qu’il donne au détail : quand Isadora Duncan s’étrangle avec son foulard, enroulé autour du moyeu d’une décapotable, c’est « une Amilcar GS 1924, du mécanicien flambeur Benoît Falchetto ». Et ainsi de suite. Ses situations sont autant de tableaux humanistes, qui restituent la mort en la banalisant, en en décrivant l’action sous sa forme la plus plate (et c’est un compliment). Pas de pathos, pas d’effet, ce p… de grand écrivain, comme l’a nommé son ami Lionel Bourg, qui l’interrogeait, s’est nourri de l’âme des péris en mer de sa Bretagne natale pour ramener à la surface les destins brisés de personnages qui nous ressemblent, et nous préviennent que quand elle viendra nous chercher, la grande Faucheuse n’aura pas forcément les traits qu’une culture millénaire nous a amenés à lui prêter. J’attends avec curiosité son prochain livre, sur Marco Pantani ("Et Pantani a débranché la prise"?), en écho, dans un style différent, au « Tombeau de Luis Ocaña », de Hervé Bougel. Bel endroit, le Réalgar, pour une rencontre, sous les peintures de Scanreigh.

"Au bord de la route", le Réalgar Editions, 8€

05:22 Publié dans Blog | Lien permanent

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