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30/01/2015

Eléor, mon amour.

Il y a des moments qui marquent, dans une vie, et celui-ci en est un. À Vannes, là où je ne serais jamais allé si je ne laissais pas, depuis peu, parler des instincts me disant d’aller là où je ne serais jamais allé. Si je n’avais pas eu l’envie de rencontrer Franck Gervaise et son travail. A Vannes, donc, je découvris en même temps que lui le premier morceau du prochain album de Dominique A. Pour Franck comme pour moi, Dominique A. était une très vieille connaissance, de ses débuts, de « la Fossette », cet album minimaliste qui a ébranlé la ville de Nantes, puis la France toute entière. Une connaissance que j’avais un peu perdue de vue, même si « l’Horizon » m’avait ramené, en concert, un artiste plus simple et plus abordable qu’il l’était devenu. Eleor, donc, ses premières notes, et cette voix limpide, mature, qui nous enjoint de le rejoindre là-bas, « avant de gagner l’autre bord », soit. C’est toujours avec volupté qu’on répond à l’appel d’un vieil ami. Le morceau lui-même est sublime, son crescendo discret, les modulations du chant, Eleor, en tant que lieu, gardera ses secrets jusqu’à ce que des exégètes les dévoilent, mais c’est quelque part, pile, entre Lyon et Vannes, alors. Dans ma mémoire et son travail permanent d’appropriation. J’en étais là, jusqu’à ce deuxième morceau, au titre immensément naïf, comme ses ponts de violons et violoncelles, qui surprend de prime abord, jusqu’à ce qu’on y jette un œil plus critique que celui qui mêle, dans le clip officiel, la balade du chanteur et la danse aérienne, sublime et suspendue, de Odile Gheysens et de Violaine Garros. Et qu’on y trouve les thématiques des hommes de notre âge, ces instants-là, les autres, qui ne sont inscrits dans rien, juste dans une fugacité, un instant, une projection. Qui fait qu’on regarde quelqu’un dans la rue et qu’on s’imagine le suivre, puisque cette thématique est éternelle. Un autre jour, une autre année… Cette chanson qui interroge le fait d’aimer – « peut-être mon amour mieux vaut ne pas s’aimer qu’un jour ne plus s’aimer » - en moins de trois minutes, et relance de dix (Ané ?) l’illusion de l’éternel et l’infini, suppléés, le temps d'une chanson, par l’instant et le possible, le sel de toute vie destinée à s’arrêter. Et puisque, en tout cas, celle de ce site reprend, je vous dirai demain comment Delphine Bertholon, bien des années après Jacques Higelin, peut vous faire, en un roman, tomber amoureux d’une rousse, instantanément.

PS : je remercie les belles âmes qui m’ont dit que mes chroniques leur manquaient. Quant à toi, crétin, avant d’emprunter l’identité de Christian Chavassieux, dis-toi que lui ne mettrait pas de –s à un impératif d’un verbe du premier groupe.

13:09 Publié dans Blog | Lien permanent

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