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03/05/2014

I think you've seen me before.

image.jpgJ'ai toujours pensé que les plus beaux rendez-vous étaient ceux qui incluaient un temps de latence entre eux, mais Barbara l'a beaucoup mieux écrit que je le fais. J'étais d'ailleurs aux siens, le temps qu'elle m'a laissé le faire. Mais j'étais même au premier que m'a fixé Suzanne avant d'aller la voir elle. Je l'ai écrit, c'était au tout début de décembre 1987, le premier jour de mon permis de conduire. C'était à 150m de là d'où je déménage bientôt, à 6145,47 kilomètres de là où je suis donc allé la retrouver ce soir, ou hier, ou au milieu de la nuit pour ceux qui suivent de France. Le Bell House est une toute petite salle de concert, genre Ninkasi KO et les sièges accentuent la proximité. Je m'assieds au 2ème rang, juste devant son guitariste de génie, sur la droite de Suzanne. Je suis un étranger dans la salle, j'ai dû demander deux fois mon chemin dans le métro, mais je jubile. Après Lyon, deux fois, Vence, c'est à New-York que je retrouve celle que je préfèrerai toujours à toutes les autres folk-singers de l'histoire, quelles qu'elles soient. Je la vois chez elle, me nourrit, une demi-heure avant le concert, au moment où j'écris, des habitudes locales de son public, bière et hamburgers à tous les étages, mais le contact facile, et l'anglais tolérant. J'achète un vinyl que je n'écouterai pas, faute de matériel, mais qui sera ma plus belle marque de séjour, quand je serai rentré. Davantage encore que la tâche invisible que les Américains ont inventée pour qu'on puisse aller et venir sans souci. C'est l'heure qu'elle arrive, il n'y aura pas de chronique en direct cette fois-ci. Pas envie de rater une seconde de ce combo entre le roux (des cheveux) et le bleu (des yeux) qui me rappelle quelque chose, même ici. Permettez, je profite. D'abord de la première partie, chose rare. Hari Est, un homme grand, jeune et beau, que je devrais détester, mais qui installe la soirée New-yorkaise que des bases plus qu'élevées, qui me font comprendre, déjà, des choses que Gérard me dit depuis des années mais que je n'entendais pas: les Américains ne disent pas qu'ils font de la musique, ils la font. Et là, guitare, compo, chant et INTERPRETATION, le gamin s'amuse, mais joue juste, terriblement juste. Son premier album est produit par le guitariste de Suzanne Vega, celui qui l'accompagne, seul, avec un jeu de pédales monstrueux, des boucles à n'en plus finir, toujours avec finesse: une touche anglo-saxonne de l'autre côté de l'Atlantique, à laquelle n'échappe pas la Dame en noir, l'autre, qui arrive. Moi, je reviens, tout à l'heure. À une heure du matin, avec un vinyl signé et ma photo avec Suzanne. Qui m'aura juste fait l'ironie de ne pas jouer Horizon, nouvel hymne de la vie, dont la formule duo, visiblement, ne la satisfait pas. Le même duo qu'elle emmène partout, qui revient, dit-elle, d'une tournée en Asie, complètement décalée, notre deuxième point commun, avec les chansons que nous connaissons par cœur tous les deux, moi en yaourt et elle en New-Yorkaise heureuse d'être à la maison, détendue comme jamais, souriant de petits plantages impromptus de son funambule de guitariste, Gerry Leonard. Le set commence comme le concert à la salle Molière il y a quoi, cinq ans, par Marlene et Caramel, les morceaux du dernier album sont intégrés petit à petit,et la salle qui s'est remplie, bar compris, réagit à l'Americaine, avec un enthousiasme marqué. Suzanne raconte les anecdotes qui ont marqué sa vie, dont la première colonie qu'elle a animée avec un beau moniteur de Liverpool, peintre dadaïste à ses heures, à qui, trente cinq ans plus tard, elle dédie toujours deux chansons, et dont elle a gardé le bandana, même si elle ne le met pas. Elle raconte, rit de bon cœur, en prêt sa bandoulière sur Don t uncork, une chanson qu'elle dit avoir écrite sous l'effet de l'alcool , elle à qui il en faut peu. Elle danse, quand elle ne joue pas, Gerry , lunaire, réussit à foirer l'entrée de Luka, la chanson que tout le monde connait et qu'elle a renoncé à ne pas jouer. Elle offre "Blood makes noise" à Brooklyn, termine par les deux chansons que la salle a demandées, "Liverpool", donc, et Rosemary. Pas par la mienne, tant pis: je me suis fixé depuis longtemps la règle d'or de laisser les artistes faire comme ils veulent. C'était un excellent concert, doublé d'un stand-up so New-Yorker... Un rendez-vous réussi, amoureux. De ces amours qui durent parce qu'on se quitte. Je réussis quand même à lui dire que je viens de loin, à lui donner rendez-vous au Palais du Facteur Cheval. Dans trois mois. Plus le décalage horaire.

07:25 Publié dans Blog | Lien permanent

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