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02/05/2014

Over troubled Water.

image.jpgGrande traversée de Broadway, pour cette deuxième journée, avec la descente sur The Greenwitch Village, et Soho, histoire d'aller vérifier, de bon matin, que cette ville a l'âme qu'on lui donne. Une belle diagonale jusqu'au bout de l'Avenue des Amériques, à travers celle qui laisse celle des autres travailler le matin, dans toutes les langues possibles, les trappes ouvertes sur les caves des bars et restaurants, dans des conditions assez surréalistes pour le Nouveau Monde. On traverse les quartiers résidentiels, aux belles façades bigarrées, on voit plus de chiens qu'on en trouvera partout ailleurs, à New-York. De ceux qu'on promène, parfois collectivement, puisque ce métier existe, ici. Le petit déjeuner se prend en plein Soho, dans une petite tarterie très chic, Once Upon A Tart, au bon goût français puisqu'il s'avère que le patron en est un. Pas sa femme, très jolie, qui garnit la banque de cookies, de scones et autres tartes maison, loin de la junk-food habituelle. Ça ne l'empêchera pas de servir le thé dans un gobelet plastique, mais c'est ainsi: ici, plus que partout ailleurs où la mode a suivi, on marche dans la rue d'un pas allègre en tirant nerveusement sur la paille de son café glacé, de son thé ou de son soda. Le téléphone dans l'autre main, au cas où. C'est drôle parce que risible, triste pour la même raison. On descend, toujours, on arrive sur les lieux de l'événement de l'histoire récente des États-Unis, celle qui lui a fait comprendre qu'il y en avait une autre, et que le monde n'était pas perçu unilatéralement. Une forme d'obligation, un passage rituel, avec un cérémonial et des méthodes d'attente qui m'ont rappelé le tour du Vatican pour la Chapelle Sixtine, sans le résultat au bout: l'émotion ne se commande pas, je me souviens juste, comme tout le monde, de ce que je faisais ce jour-là, de la sortie du dernier Noir Désir, du "Grand incendie" prémonitoire, des premières personnes que j'ai appelées, pour leur dire. Sur place, j'ai le regard d'Anton, mon personnage d'Aurélia Kreit, qui souffre d'inhibition chronique et m'intéresse au mouvement hydraulique du bassin des victimes, pas ma faute. Le temps que les filles magazinent, c'est le Pont de Brooklyn qui s'offre, beau de loin, décevant dessus. Loin des images, encore, même si la Skyline et, plus loin, Lady Liberty rappellent qu'on y est. Il faudra que je me perde dans le métro et que mon cerveau ajoute un cent à la 31th rue recherchée pour que je me retrouve en plein Harlem, côté Amérique des Autres, justement. C'est terrifiant, mais ça vaut le détour. Qu'on se rappelle qu'on y est aussi. Dans deux heures, je repars, pour mon rendez-vous avec Suzanne, dans cette ville qui ne dort jamais (et moi non plus).

23:31 Publié dans Blog | Lien permanent

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