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17/01/2014

Obsessionnel.

Anton avait éludé la question. Tant qu’il ne serait pas là-bas, il voulait garder tous ses sens en éveil et ne céder ni à l’espoir ni à la déception. Les scènes de Kiev, le fait qu’il  ait voulu, deux fois, que Dachkovytch fût là et qu’il le fut, l’en avaient convaincu : on ne se construit que par les actes dont on mesure, quand on le peut, les incidences et les incidences qu’aurait eu l’inverse du choix. Lui ne se projetterait pas, mais l’image mentale qu’il s’accordait, c’était Aurélia, devenue grande, seize, dix sept ans, posant droite devant une table fleurie, un livre ouvert devant elle, cheveux longs jusqu’aux coudes, robe côtelée noire et chemise à fleurs fines, fixant l’objectif de ses grands yeux sombres, esquissant un drôle de sourire, à la Mona Lisa. Cette image, Anton devait la tenir d’un portrait - rare -  de sa mère enfant, mais dans son esprit, quand il s’abandonnait, c’est Aurélia qu’il voyait comme ça. Où cela se situerait-il ? Les fleurs sur la table, le confort d’un mobilier bourgeois, tout cela, si la vision s’avérait prémonitoire, prouvait qu’ils auraient réussi, puisque Aurélia était à la fois le risque majeur qu’ils prenaient et le gage de l’obligation qu’ils avaient de réussir. Cette vision rassurait Anton, puisque sa fille était en vie et souriait, mais la question de Nicolaï appuyait un peu plus les doutes qu’elle ravivait : que serait-il advenu d’eux, durant ce laps de temps ? Feraient-ils encore partie du tableau, en arrière-plan, ou le sourire d’Aurélia ne serait-il qu’éphémère, le temps du cliché ?

18:43 Publié dans Blog | Lien permanent

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