13/05/2013
Grignan, un an.
On prendra ça pour de la coquetterie, mais je ne goûte guère les récompenses ou les breloques : elles servent plus à séparer qu’à réunir et que la littérature s’y prête l’emmène sur les terrains glissants de la confrontation des égos. Pourtant, s’il y a bien un trophée que je garderai longtemps en mémoire, c’est le prix que le jury des Rencontres du II° titre m’ont décerné il y a tout juste un an. Parce qu’on ne peut, pas définition, qu’obtenir une fois un prix du 2ème roman, parce que la mise en exergue de Dan Simmons (« tout le monde peut écrire un premier roman. C’est le 2ème qui fait de vous un écrivain »), je l’ai prise de plein fouet, comme les jurés ma « partie de cache-cache ». Parce que depuis, il est aussi drôle que triste d’assurer à mes interlocuteurs que j’ai devancé Carole Martinez d’une voix, elle dont « le Domaine des murmures », dit-on, a échoué de peu au Goncourt 2012. Drôle parce qu’on ne peut se défaire d’une cohérence choisie et du refus de l’aigreur. Triste, parce que les retombées d’une telle distinction auront été faibles, et que Grignan, petit à petit, devient un souvenir et rien qu’un souvenir. C’est ainsi que la route avance, mais je rechute souvent à l’idée qu’on m’ait oublié. Pas par narcissisme, je ne pense pas : c’est la voix de mes personnages de papier, de mes camarades de musique, que je voudrais ramener là-bas, dans le beau patio de la librairie Colophon et son atelier de typographie. J’en ai gardé le parfum des acacias, un lien tenu avec l’une des sélectionnées, un quasi bouclier de Brénus et l’envie - oserais-je - qu’on me traite parfois un peu mieux qu’on le fait.
19:08 Publié dans Blog | Lien permanent
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