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15/04/2012

Autun, pas hautain!

IMG_0725.JPGJe devrais peut-être attendre de me remettre de ce voyage retour à entendre hurler un bébé le siège à l’arrière de moi, dans le TGV. Ou me sécher, avant d’écrire, des dix minutes de Vélov’ sous le crachin lyonnais. Ou encore, par prudence, éviter les bilans trop immédiats, qui ne sont guère positifs, généralement. Mais je rentre à l’instant du Salon du Livre d’Autun, dont on m’avait dit le plus grand bien et je n’ai pas été déçu : une organisation irréprochable dans la prise en charge des auteurs, dans le déroulement et dans la sympathie dégagée par toute l’équipe de bénévoles. Je retiendrai aussi, j’y reviendrai, des rencontres fort intéressantes avec des personnalités du « monde » des livres auquel j’ai toujours un peu de mal à penser que j’appartiens. Tout en pensant l’inverse quand lui ne me reconnaît pas suffisamment à mon goût. Parce qu’il y a une concession partielle (un mais quoi) à ce premier constat : j’ai l’impression désagréable, en rentrant, d’avoir un peu perdu mon temps. Passons sur la dizaine de livres vendus, puisque les Salons sont aléatoires et que – même si j’ai bien fonctionné sur les premiers que j’ai faits – personne ne m’attend. Mais à Autun, j’ai eu le sentiment de ne pas être au bon endroit, en face d’une population nombreuse mais très, voire exclusivement, attirée par le Morvan, en bande dessinée, en récits de campagne ou de vie, en souvenirs d’enfance etc. Les Morvandiaux et les Morvandelles sont venus en masse trouver tout ce qui pouvait concourir à la gloire de leur identité. Au point que, pour éviter de trop penser à Brassens et du bonheur qu’éprouvent ceux qui sont nés quelque part, j’ai pensé, un temps, rebaptiser mes œuvres que personne ne regardait : Tébessa dans le Morvan, La partie de cache-cache à Autun, le PAL du Mont Beuvray. J’aurais fait un tabac au vu de la littérature qui s’est écoulée là-bas, de proximité, de terroir, dont j’ai quand même le droit, sans qu’on me traite de prétentieux (Un lyonnais, pensez-donc !) de dire qu’elle ne me plait pas, ni dans l’écriture, ni dans l’édition (ces grands livres carré aux allures de Manuel Belin). Et que ni le circuit ni l’emplacement n’ont aidé à ce que je puisse, comme à l’habitude, défendre mes livres comme je suis prêt à le faire. La question se pose donc de la présence de l’auteur, puisque j’ai vu Zoé Valdes voire Philippe Grimbert passer de longs moments de solitude également, au contraire des figures populaires comme Nelson Monfort vantant Jean Ferrat (coup double, Well done, Nelson !) ou Françoise Laborde comme vue à la télé. Pourtant, un auteur que j’ai rencontré et qui m’a marqué pour sa sympathie, Wilfried N’Sondé, a vendu l’intégralité des livres qu’il était venu présenter, ce qui démontre qu’il n’y a pas besoin d’être très connu pour trouver un public : bien sûr, en auteur Actes Sud, Patricia Martin l’a reçu sur le stand, entre le fils de Marcel Pagnol et un chansonnier. Je me suis interdit toute aigreur dans mon aventure éditoriale, mais je regrette qu’on m’ait – c’était gentil – placé dans les auteurs « à suivre » et qu’on ne m’ait pas permis de parler un minimum de mon travail. Ce que je vais faire prochainement, à Grignan, à Annecy et partout où l’on m’invitera, puisque des lecteurs le valident ou l’ont validé, déjà. Sans doute faut-il que je m’épargne ces petites humiliations qui font parfois les grands désespoirs et que je me recentre sur ces invitations, qui sont toujours gratifiantes. Je ne plaide pas pro domo, je demande juste à ce qu’on me permette de dire ce que j’écris, sans passer tout de suite à autre chose. Je tiendrai, pour autant, la parole que j’ai donnée à Alma Brami dans la navette du retour, tout à l’heure : je deviendrai meilleur défenseur de mon œuvre que je le suis et j’enverrai le Dom Juan, jusque ici retenu, à des metteurs en scène pour qu’il soit joué. « Camille » à des éditeurs nationaux pour qu’il soit publié. « Aurelia », en 2015, à Grasset, Actes Sud ou Gallimard, si Claude, mon éditeur, accepte de rester mon premier lecteur et correcteur. S’occuper de soi : pour un métier qui n’en est pas un et dont tout le monde pense qu’il est égocentré, ce n’est paradoxalement pas le plus facile. Mais j’y songe et, au bout du compte, d’avoir dit ça dès le retour me permet de passer à autre chose. En remerciant, par contre, une fois encore, les organisateurs du Salon pour leur gentillesse, la conservatrice de la bibliothèque pour la visite guidée du fonds ancien, palimpseste de Pline l’ancien en cerise sur le gâteau. De chèvre, avec du sel, m’a dit Nouara. Qui aura perdu son pari : j’avais dit que vendre un Dom Juan à Autun m’obligerait à aller à Lourdes. Je m’arrêterai à Orthez, alors, en octobre, où je gage que je serai aussi bien reçu qu’à Autun, mais en plus attendu.

PS : pardon pour hier. Je déteste rater un jour de notre rendez-vous quotidien. Mais Wilfried, à base d’un délicieux Haute-Côte de Beaune 1999, a entrepris de convaincre une tablée entière d’hommes et femmes de Lettres du déterminisme du lapinzé enidblytonien dans la littérature contemporaine. Merci à Anne d’avoir patienté pour me raccompagner, à Thierry d’être passé et de me l’avoir laissée. 

20:54 Publié dans Blog | Lien permanent

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