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27/10/2010

Nouvelle esquisse d'une théorie des émotions en vingt-sept pages.

(Extrait)

I- Abordage & dévoilement

CI.jpgC’est une idée qui grandit, qu’on veut chasser parce qu’on en connaît les limites ; on sollicite à peu près tout, la raison, la morale, les impossibilités : on se rassure, on se rappelle, mais tout de suite après vient le « on se racole » de « Happe » et là, d’un coup, tout s’écroule de nouveau. On sait pourtant bien comment elle fonctionne, la cristallisation : il suffit, ponctuellement, de retourner sur les lieux où elle a frappé pour que le souvenir revienne, avec une exactitude provocatrice : tu pensais que tu aurais pu m’oublier, sourit-elle en ramenant tout à la surface. Alors, en amont, quand on pense encore contrôler, on évite, on élude, on s’empêche, littéralement, d’aller chercher dans les yeux de celle-ci ce qu’on a déjà trouvé, ou cru trouver chez d’autres. Un mécanisme, après tout, ça s’explique, ça peut aussi s’anticiper : il suffit de prendre l’élan contraire pour que le mouvement s’annihile. Mais si l’on savait faire ça, isoler le génome de l’émotion, on vivrait plus calmement, sans doute, mais moins, de fait. Alors on s’abandonne, on se dit que l’instant est fait pour ça, que c’est sa fugacité qui se rappellera à nous, qui règlera l’impact et l’incidence de ce qui surgit. On sait également que le premier obstacle, le langage, va tout ramener au premier plan : on ne peut pas laisser les regards parler d’eux-mêmes plus longtemps, il va falloir entamer la conversation. Celle qui va nous situer bien en deçà de là où on s’est imaginé, déjà. Rien n’est plus anodin que ce qui est dit entre deux êtres quand ils ne décident pas, d’eux-mêmes, de se dire tout dès le premier instant. Ce qui n’arrive jamais. On cherchera donc le métalangage, l’état du dessus, celui qui signifie. Il y a bien des codes de lecture des situations, les corps qui expriment, les gestes qui trahissent, mais le silence entre les mots est souvent le plus éloquent : tu me dis ça, j’entends ce que tu ne me dis pas, on risque le malentendu, à chaque instant. Les 27 pages qui s’imposeront derrière. Mais l’émotion est là, parfois porteuse d’évidence, ce qui n’est jamais bon non plus : y a-t-il moins évident qu’une évidence portée par l’émotion, le rationnel répondra non, mais le temps qu’il démontre, la passion aura passé son chemin, se sera emparée d’une autre histoire. Eprise de quelqu’un d’autre. Tiens, éprise, mot central d’une autre confidence, une de celles qui, au contraire de celle-ci, ne s’est pas étalée : je la rappelle, ici, parce que des années après, elle est toujours source de stupéfaction chez celui qui l’a créée. L’aphorisme était régulé, il n’avait que vingt secondes pour exister et faire sens :
« Il faut que je te fasse un aveu : à aucun moment, je ne me suis senti aussi proche de quelqu’un que je me sens proche de toi en ce moment ; nos vies se rapprochent, c’est limpide : on peut lutter, c’est sûr, mais ça ne servirait à rien. Je suis tellement épris de toi.

* Confidences Indistinctes (Cachard/Frémiot)

12:51 Publié dans Blog | Lien permanent

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