Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/06/2010

Outrance, Outrage, Outreau.

le-pendu.jpgCe blog n'a pas de vocation politique, du moins pas autrement que par l'esthétique. Mais je me dois de vous raconter une histoire comme il s'en passe beaucoup, en ce moment, dans un Etat pour qui force doit rester à la loi (à dire avec un accent méditerranéen très prononcé, souvenir de Malek Oussekine et de Human Bomb réunis). Ce n'est ni de Stéphane Guillon, ni de Didier Porte qu'il s'agit là, mais d'un caricaturiste local, qui participe à l'édition papier et numérique d'un fanzine d'une ville de province que je ne nommerai pas, sauf pour dire qu'elle a accueilli la première maison de la Culture - inaugurée par Malraux, celui qui a fait entrer Jean Moulin là où il ne faut surtout pas mettre Albert Camus - et accessoirement moi-même, dans sa médiathèque, pour y présenter Tébessa. Je ne nommerai pas non plus la revue subversive, je ne dirai pas qu'elle détourne dans son titre celui du seul journal régional existant, en tirant un peu vers la ballade de Villon. Notez que je n'ai rien dit, hein? Non, parce que ça devient compliqué: quatre mois après qu'elle est passée inaperçue dans l'édition en ligne, le Directeur de la Police Préfectorale porte plainte pour injure à représentant de la République. Ignorant sans doute que la Res Publica confère une image, publique par essence, que l'usage laisse à la merci des humoristes et des caricaturistes, dont la fonction est de durcir le trait, par définition. Et voilà que le Directeur de la publication, ainsi que son président, se voient convoqués au commissariat, devant des fonctionnaires gênés, qui ne comprennent pas que le fond de l'article - sur les 400 expulsions de sans-papiers menées à train d'enfer dans cette petite ville - n'ait posé aucun problème et que seul le dessin soit visé. On aura tout dit en ajoutant que ce haut fonctionnaire - à qui il reste quinze ans pour s'acheter une Rollex (s'il ne l'a déjà) et qui a déjà réussi largement sa vie si tant est qu'une mission détermine une existence - participait la semaine d'avant à une exposition titrée "Savoir Désobéir", et sous-titrée "des préfets iniques sous Pétain", en l'honneur de policiers insoumis, élevés au rang de Justes parmi les Justes... Et que son zèle lui permettra sans doute d'obtenir le poste qu'il brigue auprès de son Autorité. Une histoire parmi tant d'autres, vous disais-je. Sans doute contre-productive, pour autant: à mépriser toute forme de liberté, on fabrique des insurgés.

21:04 Publié dans Blog | Lien permanent

Les commentaires sont fermés.