02/10/2019
Retours d'Aurelia.
Christian Chavassieux qui chronique "Aurelia", c'est sur le fil de son extrême bienveillance et des quelques travers qu'il lui trouve. Sur lesquels nous n'avons pas toujours été d'accord, qui plus est. Lui, certainement, aurait ajouté une année de plus à ce projet, serait allé chercher le roman tel qu'il le devinait, à l'intérieur; son travail, celui d'autres, aussi, dans les phases de découragement, m'ont permis de trouver le mien tel qu'il a été livré, puisque c'est le mot. Réjouissons-nous, il n'a pas eu - a priori - envie d'éclater Aurelia à grands coups de pelle comme il menaçait de le faire pour Clara (Ville). Ouf.
Ce sont ses mots, ICI, sur kronix-de-chez-blog-d'en-face.
La photo est prise dans le Jardin de papier, la papeterie que vient d'ouvrir sa douce, à Roanne. Si vous n'êtes pas loin, passez-y : l'endroit donne envie.
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01/10/2019
Lost in the mists of time (2/2).
Le morceau que le groupe répétait à cet instant des balances, c’était The Eternal wave, il fallait y voir une allégorie, sans doute, mais le plus marquant fut d’abord la tenue des artistes, en mode détente, puis l’impression immédiate que rien n’avait changé, ni la mèche de Didier, les coupes de cheveux des filles, ni les lunettes de JJ. La casquette chinoise de Tito a disparu au profit d’un chapeau rond, le même qu’il porte pour jouer de la basse dans Nellie Olson. Basse qu’il a transmise à Jérôme, guitariste du groupe de la peste, appelé en renfort dans le AK2019 pour que le chanteur se concentre exclusivement sur l’interprétation. Jérôme, dont j’ai dit à quel point le projet global lui devait, pris d’un trac d’adolescent et d’un complexe de légitimité imbécile avant le concert, heureux comme un gosse après. J’aurai, samedi, entendu deux morceaux avant tous les autres, j’aurai été un peu seul dans une salle avec Aurelia Kreit sur scène. Quand ils ont fini de faire le son, je les rencontre tous, un par un, peut-être ceux qui ne me connaissaient pas ont-ils reconnu le jeune homme qui est encore en moi, je ne sais pas, mais je suis reçu avec joie, et curiosité. Je les laisse entrer dans leur bulle, je n’abuserai pas de mon pass pour aller dans les loges, je ne me collerai pas au premier rang non plus. J’envisage le côté, puis je me rabats vers le petit groupe de ceux qui sauront pourquoi, avoir vainement lutté, je pleure à chaudes larmes dès le pont musical de « Night by night », le deuxième morceau : je l’ai fait sampler pour « Trop Pas ! » dans une autre vie. Il y a celui avec qui j’allais les voir en concert, je sais qu’il vit la même chose que moi. Ils sont revenus comme si c’était naturel, Tito ne veut pas s’encombrer de trop de remerciements, il est métamorphosé, dans sa pantomime new-wave, entremêle les baguettes d’une batterie électronique à laquelle il est affecté, de temps à autre. Ça tourne du feu de Dieu, j’imagine qu’il en est pour se demander d’où sortent ces types aux morceaux extraordinaires et à l’expérience avérée, mais ça n’est pas pour eux que jouent les Kreit. C’est pour les fans massés à droite de la scène qu’on regarde, qui chantent, sautent et sortent des briquets numériques, seul concession au temps qui a passé. On a oublié que Tito, dès le début, a demandé l’indulgence, rappelé la longue absence. Raphaëlle est lunaire à l’arrière, ponctue ses chœurs de cris et d’onomatopées pop, JJ est son compagnon d’infortune dans un brouillard trop épais de fumigènes. Didier est stoïque, derrière sa Gretsch, la tête tournée, toujours, vers la droite, vers les solistes en voix et violon. Muriel a troqué sa salopette de balance pour une tenue très élégante, elle illumine la scène, rayonnante : elle qui a d’abord refusé de revenir, prétextant n’avoir jamais été une rock star, dira à qui voudra l’entendre, après le concert, qu’elle en était devenue une, ce soir-là, et qu’elle ne lâcherait pas. C’est sans doute à ses filles qu’elle a envoyé des multitudes de baisers à la fin du « Cœur en croix » - reprise instrumentale comprise - ce morceau que tout le monde attendait et qui m’a littéralement achevé, pour tout un tas de raisons. Elle le sait, Muriel, qu’elles incarnent un temps qui n’est pas passé pour rien. L’après-concert ne sera qu’une succession d’embrassades, de verres partagés, de larmes qu’on essuie. Denis Simon me dit « Allez les Verts ! » à chaque fois qu’il me croise, c’est dire à quel point la faille est immense. Ils me le pardonneront, mais je n’aurai vu le concert des Noz que par bribes : ils ont suffisamment de suiveurs pour se permettre d’en perdre un, qui reviendra vite. J’ai entendu Opéra, Que la fête commence, d’autres, et surtout « Anassaï », qui incarne pour moi le premier concert que j’ai vu d’eux, au Vaisseau Public, en 87. Quand ils s’apprêtaient à faire mieux que les autres groupes de l’époque : un album sur compact-disc, inusable, irrayable, avec plus d’une heure de lecture. Bonheur de revoir Emmanuel Perrin, Moustaki électrique, Clapot à la basse et Tollon aux claviers, Aldo l'Inoxydable. J’aurai raté Mumu, le jeune pianiste, la pendaison finale, mais mon ami Saïd – 200 concerts latino par an, deux rock, le même soir, samedi – me demandera à la fin qui est ce showman extraordinaire et pourquoi il n’a pas fait carrière. Sans savoir qu’elle commence à peine : le Mur de Berlin vient juste de tomber, tous les espoirs sont permis.
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