04/02/2015
Métempsychique.
On appelle ça la sagesse pour se rassurer, mais c'est bel et bien la conscience aiguë qu'on ne revivra pas les belles choses qu'on a vécues qui progresse avec l'âge. Puis celle qu'on n'aura pas forcément le temps de profiter de celles qu'on se créé, encore, avec un peu moins d'énergie à chaque fois. A moins que l'Après-vivre ne soit qu'une vaste bibliothèque à l'ancienne, avec ses longues tables de chêne, je ne vois pas de raison valable d'attendre le lendemain.
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03/02/2015
Où le vent vagabond se repose.
Il y des personnes qui, par goût, par prudence ou par calcul, arrivent à échapper à l’irréversible mouvement de la Toile. Des gens simples, qui n’aspirent qu’à la tranquillité et recréent, par leur discrétion, la finalité de toute société civilisée, fût-elle virtuelle : qu’elle nous apporte la paix, voire qu’elle nous la fiche. Pas de création référencée, sur les multiples plateformes dédiées, pas d’ambition d’écriture, d’analyse, pas d’aspiration à la popularité, un nom plutôt commun et c’est fait : on n’existe pas, autrement que par ce qu’on est. Le Googleisme n’est pas un humanisme, on s’en doutait. Mais quand la recherche nous tente, une fois encore, quand on s’attend, depuis tant d’années, à la même absence de résultats, sans possibilité de savoir, simplement, si celui ou celle à qui l’on pense est encore vivant(e), qu’on écrit le nom juste pour se convaincre qu’il a existé et qu’une photo apparaît, inédite, récente, montrant la personne sous un jour différent, la Toile annonce une image mentale qui changera, elle aussi, les quelques fois, encore, où l’on se demandera ce qu’elle est en train de faire, où, avec qui et comment. Toute cette énonciation visuelle soudain métamorphosée par une action qu’elle n’a sans doute ni souhaitée, ni validée.
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02/02/2015
Politiques urbaines.
Je reverrai mes priorités quand les vôtres iront dans le sens inversement proportionnel à celui qu’elles font peser sur les miennes, s’excusa le Président du PNDPA. Le Parti National des propos alambiqués.
17:55 Publié dans Blog | Lien permanent
01/02/2015
Les ateliers Divonne (1).
L’ambiance était proche de "Shining", quand l’écrivain que je suis a fini en stop le dernier tronçon qui va de Jex à Divonne-les-Bains, vendredi soir, après plus de deux heures et demie (au lieu d’une) dans un car qui a fini par faire demi-tour. Deux heures et demie pendant lesquelles, néanmoins, j’ai conversé avec une compagne d’infortune déjà rencontrée au cours d’un « Littérature & Musique », deux ans (déjà) avant. Littérature, psychanalyse, choix de vie, les moments sont beaux quand ils s’imposent d’eux-mêmes, et je n’aurais presque pas râlé si je n’avais, au final, mis cinq heures pour rallier, de Lyon, la petite ville thermale complètement couverte de neige, dans un paysage lunaire. Je me demandai, en intégrant ma chambre d’hôtel ("Shining", je vous dis), si les candidats aux ateliers d’écriture que Nicolas Couchepin et moi-même animons conjointement pour Lettres-Frontière allaient venir, mais les montagnards ne sont pas les Lyonnais, et rien ne les arrête. Nous avons donc ouvert ce premier (et double) atelier commun avec tous les participants, qui se saisissent vite de la disposition des lieux (une table en U, un paperboard au centre) pour raviver des souvenirs scolaires un tantinet attentistes. Heureusement, ni Nicolas ni moi ne souhaitons donner dans le magistral, et le premier exercice, puisque le thème est « Ecrire son identité », des deux côtés d'une frontière commune, consistera à interviewer un binôme choisi parce qu’on ne le connaît pas, puis rédiger un plaidoyer pour que le groupe l’accepte. Passer dans les groupes qui travaillent permet de deviner quelles en sont les personnalités, de ceux qui s’excusent (d’être là, d’être étranger etc.) à ceux qui s’amusent (de la langue, de la consigne), puis les écouter plaider permet de relever, déjà, les choix d’énonciation, les procédés qui rassurent, ceux qui identifient, également, via les parcours, les habitudes, ce que l’activité professionnelle regroupe sous le terme de déformation. Sans démagogie (pas le genre de la maison), je suis frappé par la richesse d’un tel groupe, son potentiel. Des qualités d’écriture, de l’humanité, des parcours impressionnants. Le silence et la concentration dans lesquels il travaille. Quand nous commençons, en début d’après-midi, à discuter de ce que pourrait être l’esquisse d’un récit, via des anecdotes que chacun relie à son histoire avec la frontière, quand tel récit en entraîne un autre, je voudrais, je leur dis, qu’ils retrouvent le sérieux qu’on mettait dans les jeux d’enfance (c’est pas moi, c’est Nietzsche) pour se dire : « on dirait que je serais ci et que toi tu serais ça ». La situation, elle viendra plus tard, mais déjà, des formules tombent, magnifiques : « le grand silence des villages valaisans », « le miel frontalier » (qui fait l’unanimité), des Italiens, des Espagnols, des Allemands nous rappellent que cette notion de frontière est bien peu de choses, surtout quand on la compare, dans l’inquiétude et le cœur qui s’arrête, au passage de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, raconte une participante. Moi, je suis aux anges, je valide le mot « provocative », la licence poétique n’est pas faite pour les chiens ! Si l’atelier se finit un peu plus tôt, compte-tenu des conditions météorologiques, il aura été formidablement prometteur : je dois me retenir d’écrire moi-même tous ces récits qui s’esquissent, mais mettrai toute mon énergie à ce qu’ils le fassent eux-mêmes. Sans douter une seule seconde que le résultat devrait être à la hauteur.
09:58 Publié dans Blog | Lien permanent